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Ce que Kobaitchi raconte
28 mai 2014

Et sinon, tu fais quoi dans la vie à part faire pousser des patates dans le métro? Ou l'histoire d'un défi à la con 4

La salle de bain, comme l'avait qualifiée l'homme, se composait de huit cabines de douche, cinq toilettes séparées par des cloisons et autant de lavabos. Des casiers couraient sur le mur face aux cabines alors que trois bancs à la peinture écaillée les séparaient de ces dernières.
La "salle de bain" n'était autre qu'un ancien vestiaire.

Casey tourna le verrou et se déshabilla en prenant soin de ne pas trop élancer ses muscles endoloris. 
En passant ainsi, nue, devant un miroir en pied collé au mur elle y jeta un œil et fut interpellée par ce qu'elle y découvrit. Elle qui se trouvait naguère un peu trop potelée n'était maintenant plus qu'une silhouette décharnée et osseuse. Pas réellement squelettique car pas mal musclée par les nombreux exercices qui composaient maintenant sa vie mais bien plus mince qu'elle ne l'avait jamais été. Ses seins avaient pratiquement disparus et ses hanches ressemblaient à celles d'un homme, droites et sèches, absolument pas féminines. Elle remarqua aussi à quel point elle se tenait voutée, elle voulu se redresser mais son dos l'élança brutalement si bien qu'elle n'insista pas.
Néanmoins tout cela n'aurait pas encore été trop grave mais, bien qu'elle ai passé l'avant midi à panser ses blessures, elle s'étonna de n'avoir pas remarqué à quel point son corps en était désormais couvert. Des coups, des égratignures, des cicatrices, elle n'en aurait pas eu plus si elle avait été boxeuse professionnelle. Elle passa ses mains sur ce corps décharné, caressant ses meurtrissures comme si elle les découvrait pour la première fois et se demanda depuis quand elle avait commencé à ressembler à ça. Henry l'avait-il vue dans cet état? Avait-il  vu son corps se transformer en moins que l'ombre de ce qu'elle avait été? Cela faisait-il partie des choses qu'il n'avait pas supporté ne pouvoir changer?

Avant de laisser son esprit s’engouffrer dans cet interstice où elle n'avait nulle envie de mettre les pieds elle se détourna et poussa la porte de la première cabine.

 

Alors que l'eau chaude de la douche coulait sur sa peau nue, emportant avec elle le plus gros des crasses qui la maculait, Casey, les yeux fermés, se sentait tiraillée entre les différents sentiments qui l'habitait. Elle ne voulait plus penser à ce qu'elle avait vu dans le miroir. Ni à Henry. Elle se concentra donc sur l'instant présent, installant entre elle et son passé un voile mental devant lui boucher la vue. Elle aurait aimé s'octroyer quelques instants pour profiter du bien-être que lui procurait ce luxe qu'elle n'avait plus connu depuis près d'une décennie mais elle ne se sentait pas à l'aise et elle ne faisait pas non plus confiance à cet étranger rencontré plus tôt dans les galeries. Elle ne pouvait s’empêcher de le mépriser aussi, garder un tel dédale pour lui seul alors que dehors les habitants lutaient pour leur survie la mettait hors d'elle.

Elle passa finalement très peu de temps sous l'eau, juste le temps de se décrasser, puis elle se sécha avec une serviette propre trouvée dans un des cassier et renfila ses vielles fripes, s'autorisant tout de même à rester pieds nus plutôt que de les rebander dans les restes de t-shirts.

Quand elle sortit du vestiaire elle trouva l'homme aux fourneaux. Il avait fait cuire les pommes de terre et une délicieuse odeur de sauce aux champignons tentait d’éclipser celle du bois brulé. Quand il l’aperçu il désigna vaguement le milieu de la pièce de sa cuillère en bois maculée de sauce.
- Je vous ai laissé des vêtements propres sur la table, si vous voulez.
- Inutile, rétorqua t-elle sans même un regard vers la dite table, les miens me conviennent très bien.
Il n'insista pas, se contentant d'un reniflement pour seule réponse.

Peu de temps après ils passèrent à table, et malgré la résolution de Casey d’à peine toucher au plat pour bien montrer à l'homme à quel point elle les méprisait lui et son égoïsme, elle se jeta sur son assiette et dévora le tout. Ça faisait des années qu'elle n'avait plus mangé de légumes frais, et encore moins agrémentés de sauce.

Au bout d'un moment l'homme brisa le silence qui s'était installé entre eux.
- Je vois que ma façon de vivre vous déplait. Elle haussa les épaules. Mais ne soyez pas si prompte à me juger. J'ai trouvé un petit coin délaissé de tous, je m'y suis installé et le maintiens en état, il n'y a rien de mal à cela.
- Vous gardez tout pour vous! s'emporta t-elle. Vous cultivez des légumes, avez l'eau courante, l’électricité! Dehors les gens n'ont rien!
- Et je fais cela tout seul. Et en sous sol, ce qui demande bien plus d'effort qu'à la surf-
- Sortez alors! Faites ça dehors! Pour tous au lieu de juste pour vot' pomme. L'homme la toisa sévèrement.
- J'ai essayé! J'ai défriché la terre, j'y ai planté des graines, j'ai entretenu ce petit jardin. Mais quand les autres survivants l'ont découvert ils ont tout pilé, tout saccagé... Des semaines de travail. il secoua la tête.
- Vous n'aviez qu'à partager!
Il abattit alors son poing sur la table.
- J'en avais l'intention!
Casey, était prête à riposter mais, curieuse, le laissa terminer.
- Je faisais un test. Je pensais étendre la culture s'il réussissait. Mais tes chers compatriotes ne m'en ont pas laissé l’occasion. C'est leur bêtise et leur égoïsme qui les a mené là où ils en sont aujourd'hui.
- Vous êtes entrain de dire que si on crève de faim à l’extérieur c'est de notre faute?
- Tout à fait.
- Vous vous foutez de moi?!
- Les rôdeurs, comme vous les appelez, ne s'en prenne pas aux cultures. Ni aux bâtiments, ni même aux animaux. Si le monde est en ruine aujourd'hui c'est parce que les survivants n'ont pas jugé nécessaire de se mettre à l'agriculture ou à l’élevage. Si tant de bâtiments sont en ruine c'est bien que quelqu'un a œuvré dans ce sens non? Si vous en êtes réduit à piler les plus faibles c'est parce que certains aiment ça, tout simplement.
L'homme jeta un œil sur la jeune femme enfin muette et dégoutée de devoir digérer cette douloureuse vérité, et ses yeux se plissèrent, teintés d'une sorte de regret .
- Malgré tout je ne pense pas que tu fasses partie de ceux là. Tout les survivants ne sont pas des monstres. Elle releva les yeux sur lui, confuse.
- Quoi?
- Tes bras sont couvert de bleus. Et ta démarche est celle de quelqu'un de meurtrit. Ensuite tu es arrivée seule, ces prédateurs ne se promènent jamais seuls, surtout pas dans un endroit réputé mortel.
Elle cligna des yeux plusieurs fois puis, d'un coup brusque, repoussa sa chaise et se redressa. Il lui présenta ses paumes en signe de non agression mais Casey restait sur ses gardes, prête à détaller si le besoin s'en faisait sentir.
- Je ne te veux aucun mal, je te fais juste part de ce que j'ai remarqué. Puis, sur le ton de la surprise il ajouta, Je t'ai tutoyée, j’espère que tu ne m'en veux pas. Tu me rappelle mon fils. Les nerfs à fleurs de peau, toujours prés à s'emporter pour un rien. Mais cette naïveté, cette gentillesse dans le regard, si tu es comme lui tu n'as jamais du prendre part à une agression, un vol, même dans cet ersatz de civilisation.

Casey ne comprenait pas où l'homme voulait en venir. Il n'était peut-être pas aussi mauvais qu'elle l'avait cru et ce qu'il disait n'était pas entièrement faux, beaucoup de survivants n'étaient que des petites frappes, elle en avait encore eu la preuve la veille.
Bien que toujours sur ses gardes elle se rassit alors et ils terminèrent leur repas en silence.

Avant d'aller se coucher l'homme lui expliqua être médecin, bien que n'ayant plus aucun document le prouvant, et lui proposa d'ausculter ses blessures. Aide qu'elle s'empressa bien sur de refuser. Preuve ou non elle ne faisait toujours pas plus confiance à l'homme en cet instant qu'un peu avant quand ils étaient attablés.
Il lui fournit néanmoins une mixture de sa composition qu'il lui conseilla d'appliquer généreusement sur ses contusions.


Je n'aime pas du tout cette partie de l'histoire et en plus je commence à sérieusement me lasser de tout ça. Néanmoins, comme je sais où je veux qu'elle aille je vais la finir, sans la bâcler parce que j'en suis incapable et, j’espère, en maximum trois épisodes, peut-être quatre. Mais ça dépendra fortement des thèmes donné par Sieu K. Celui d'aujourd'hui par exemple... N'est pas encore là! Je ne voyais pas comment rendre cette partie plus courte, résultat je n'ai pas su arriver au lendemain et au nouveau thème.
Enfin, au moins celui de la dernière fois est enfin abordé! C'était médecin, vous en l'aviez pas vu venir hein...

Quand au thème du jour de Sieu K (il en a plusieurs d'avance sur moi...) se sera : Cinq personnes qui auraient pu travailler au cirque Barnum. Bizarrement ça l'a inspiré pas mal.

Barnum by Vittaya C

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Commentaires
P
hii, merci pour la suite de l'histoire! <br /> <br /> j'adore le ton de ton écriture, c'est captivant et distrayant, on s'attache très vite!<br /> <br /> merci beaucoup! <br /> <br /> et désolé de t'obliger à faire la suite, mais j'avoue que j'adore!!<br /> <br /> bisous, priscilia
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