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Ce que Kobaitchi raconte
25 avril 2015

Le monstre du lac - Ou balade dans mon inconscient [Rêve]

On m'introduisit dans la petite maison et je pris place sur l'un des fauteuils élimés disposés face au canapé dans le minuscule salon.
La fillette entra à son tour, repoussa le plaid posé sur le canapé et s'y assît en tailleur. Face à face, chacune les mains posées sur nos genoux, nous nous observions.
C'était une jolie petite fille, cheveux blonds ondulés et longs, grands yeux verts intelligents, habillée d'une robe à fleurs peut-être un peu trop vieillotte. Elle devait avoir sept ou peut-être huit ans mais son visage sérieux la faisait paraitre plus mure.
Je fus celle qui rompit le silence.
- Alors tu l'à vu?
- Oui.
- Tu n'as aucun doute, c'était bien lui? Elle acquiesça d'un signe de tête.
Je sondais ses yeux clairs mais elle ne cilla pas et ce fut finalement moi qui détournai le regard en soupirant après seulement quelques secondes.
- Plusieurs fois? Nouveau signe affirmatif.
A ce moment la mère entra dans la pièce et s’accouda au divan, derrière sa fille. Elles étaient identiques. Bon, bien sur 20 ans les séparaient mais malgré cela leur ressemblance était troublante.
Un tique nerveux agita mon œil, me sortant de ma contemplation et je glissai la main dans la poche intérieure de ma veste, y récupérai un carré de papier et l'en sortit. Avant de le tendre à la mère j'y jetai brièvement un œil bien que ce soit inutile, je connaissais ce cliché par cœur.
- C'est vous n'est-ce pas?
La femme pris la photo et acquiesça à son tour. L'image qu'elle tenait entre ses mains représentait une petite fille d'environ le même age que la sienne et semblable à elle en tout point, elle avait été prise par mon grand-père bien des années auparavant, alors qu'il cherchait probablement la même chose que moi.
- Vous l'avez vu, vous aussi?
Nouveau hochement de la tête de la part de la mère. Semblable en tout points vous dis-je. Sauf que celle ci gardait les yeux baissés en me répondant.

Revenant à l'enfant je lui demandais si elle pouvait me le présenter. Elle sembla hésiter, se retourna vers sa mère mais revint vers moi avant d'avoir pu capter son regard et me répondit affirmativement.
Nous sortîmes donc de la maisonnette, juste l'enfant et moi, et, alors que je me dirigeai déjà vers le loch elle m’arrêta.
- Pas par là. Il se nourrit dans la forêt.
C'était la première fois que j'entendais ça. J'aurais pourtant juré qu'il ne pouvait sortir de l'eau. Mais si je voulais avancer dans mon enquête j'étais bien obligée de suivre et croire ma jeune guide.

Dans la clairière que nous traversâmes nous croisâmes de nombreux promeneurs. Un petit groupe allant dans la même direction que nous nous les rejoignirent. La forêt était dense et ç'aurait été bête de nous y perdre.
En regardant la fillette je remarquai pourtant que j'étais la seule à m’inquiéter de cela, elle, s’égaillait dans les hautes herbes, sautant et courant parmi les fleurs et les feuilles voletant dans l'air. Elle resplendissait et semblait bien plus en adéquation avec son age que la jeune fille avec qui j'avais discuté dans la maison.

A mesure que nous avancions dans la forêt de plus en plus épaisse j’eus plusieurs fois l'impression que nous étions suivi, des bruits derrière nous, parfois très bruyant me firent me retourner quelques fois. Et ce n'est qu'au bout de plusieurs dizaines de minutes que je remarquai enfin ce qui faisait tant de tapage. Dans notre dos les arbres étaient nus, morts même pour la plupart, et ce que nous entendions, ce qui ne semblait inquiéter que moi, c'était tantôt leurs branches qui tombaient, tantôt leur tronc qui s’affaissaient. Et pourtant, devant nous ils étaient en fleurs et le passage de Blondie semblait les rendre encore plus beaux.
Je l'interpelai alors et lui demandai si elle avait un don. Elle ne sembla pas comprendre ce que je racontais alors je lui montrai les arbres derrière nous. Une expression de surprise se peignit sur son visage et elle couru jusqu'à un gros arbre à quelques pas de nous. Là elle posa ses petites mains dessus et le feuillage du robuste chêne sembla verdir plus que de raison. Elle s'éloigna alors de lui et recommença la manœuvre avec l'arbre suivant, puis le suivant et encore le suivant... Maintenant elle accordait quelques secondes à chaque arbre tout en continuant à courir entre eux et à mener notre petite troupe. Ainsi, bientôt nous marchâmes entre de superbes arbres en pleine forme et même en me retournant je ne voyais plus le spectacle désolant des grandes carcasses noircies.

Nous marchions depuis ce qui me semblait être plusieurs heures sur un sentier descendant quand la petite blonde s’arrêta nettement et revint sur ses pas en courant. Elle se planta devant moi et, tout en tendant le bras vers une rangée d'arbres sombres en surplomb à sa droite elle affirma :
- C'est pas pas ici, c'est par là.
Nous fîmes donc demi tour sur quelques centaines de mètres, perdant ainsi la plus grosse partie de notre escorte, et nous engageâmes sur le sentier escarpé et bordé des grands arbres sombres qui semblait monter vers le ciel.
A cet endroit, au cœur de la forêt, les feuillages étaient épais et les rayons du soleil ne nous arrivaient plus qu'épisodiquement par l'une ou l'autre micro trouée. Le sentier se faisait de plus en plus abrupte et les grosses racines le traversant, rendant la progression presque impossible, avaient eu raison du reste de nos compagnons de route, tous avaient rebroussés chemin. Ne restait qu'elle et moi. Elle, dansant entre les troncs, avançant plus vite qu'un cheval au galop, et moi, en sueur, presque à quatre pattes, incapable de suivre son rythme effréné.
La fièvre me gagnait, elle ne pouvait pas avancer aussi vite, je ne pouvais pas la voir se déplacer en bondissant tel un animal sauvage. Quand elle se retourna après que je l'ai appelée pour qu'elle rebrousse chemin, pour qu'elle me rejoigne et que nous rentrions à la maison, ou au moins pour que nous fassions une pause, j'aurais juré avoir vu un éclat rouge dans ses yeux. Ses cheveux noirs et raides plaqués contre son dos ne voletaient plus au vent et son visage fin et joyeux s'était métamorphosé en un museau d’où pointait des dents acérées. Elle se retourna et de ses griffes s’agrippa aux arbres tellement rapprochés qu'ils formaient désormais un mur autour du sentier. En quelques bonds elle fut près de moi et je compris que ce n'était pas la fièvre qui me faisait divaguer, à l'exception de ma respiration saccadée, due autant à la montée diabolique qu'à la vision d'horreur qui s'offrait à moi, je me sentais bien.
Ses yeux rouges m’auscultaient et, avant qu'elle ne le fasse, je lui sautais dessus en premier.
- Résiste !  lui hurlais-je. Ce n'est pas toi, ça ! Reviens !
D'un coup de patte arrière elle me repoussa, me faisant heurter rudement la haie d'arbres aux pieds de laquelle je me retrouvais acculée.
Quand elle sauta sur moi, gueule béante, je tendis les bras pour la repousser et je criai.
- NON ! Reviens ! Sois forte !
Mais déjà tout était fini.

La bête se reput autant que cela se pouvait puis elle retourna à la petite maison. Elle choisit de se baigner d'abord dans le loch pour effacer toute trace de sang et aussi en attendant d'avoir reprit son apparence de petite fille. Elle fut peut-être même aperçue par des promeneurs ou des curieux, mais cela n'avait aucune importance car sa faim s'était tarie. Elle n'avait plus besoin de chasser. Au moins jusqu'à ce que les os de sa dernière victime ne puissent se distinguer des racines du cœur de la forêt.



Je crois que le nombre de podcasts que j'ai regardé concernant le monstre du Loch Ness ces derniers jours a un peu travaillé mon inconscient cette nuit... Par contre d'où vient cette version hybride du loup garou du Loch Ness, ça...

Crédit : 30 jours de nuit

 

 

 

 

 

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1 octobre 2014

Ce qui se cache dans les couloirs ou l'histoire d'un défi à la con 5

Vous ne l’espériez plus mais voilà enfin la suite de l'histoire de Casey.
Comme je vous l'ai dit je connais la fin, j'ai les réponses aux questions, je ne sais juste pas quand elles arriveront, ce sera à Casey de ne me faire signe quand le thème imposé l'inspirera.
En attendant on est censé enchainer avec le nouveau thème mais comme, encore une fois, il n'apparait pas je vais attendre le prochain chapitre pour vous le dévoiler. Cette survivante a tellement plus à raconter que je ne me l'étais imaginé.

Si vous le souhaitez vous pouvez vous rafraichir la mémoire :
par ici pour le premier chapitre
par ici pour le second
par ici pour le troisième
et par là pour le quatrième


Au petit matin, ou du moins ce que Casey pensait être le petit matin, la rescapée ouvrit les yeux sur un plafond qui n'était pas celui de son container. La seconde d’après elle était debout, les genoux fléchis, prête à bondir au loin tel un animal traqué quand elle se rappela où elle était et ce qu'elle y faisait. Le soir précédant, après le repas, le vieux médecin lui avait proposé de passer la nuit dans le hall surplombant son loft, lui aussi desservit en électricité. Elle avait donc pris les escalators et, aidée par l'homme qui lui ouvrait le chemin, avait déplacé un panneau de bois obstruant la grande entrée. Et là c'est le souffle coupé qu'elle avait découvert une pièce remplie de lits, d’hôpitaux pour la plupart, plus facile à transporter d'après son hôte, grâce à leurs roulettes.
Elle lui avait posé des questions bien sur, sur la raison qui l'avait poussé à réunir un tel nombre de lits, mais il était resté très vague dans sa réponse, lui avait répondu qu'il espérait, à l'époque, que d'autres survivants pourraient venir habiter le métro avec lui et qu'ensemble ils auraient pu recréer une sorte de civilisation. Il semblait plutôt honnête mais elle ne pouvait s’empêcher de lui trouver un air pas totalement clair et de penser qu'il lui cachait quelque chose.

Quelques ampoules étaient restées allumées toute la nuit ce qui lui avait permis de ne pas reconnaitre le plafond mais qui lui permettait aussi à présent de rejoindre la grande porte sans se cogner au mobilier. Arrivée au sommet de l'escalator la survivante actionna l’interrupteur que lui avait indiqué l'homme la veille et, une à une, regarda les lumières s'évanouir dans le large hall. Ignorant si le médecin dormait encore ou non elle ne toucha pas au panneau de bois et descendit immédiatement les escalators stoppés dans leur course probablement pour toujours. Tout en descendant aussi silencieusement qu'elle le pouvait elle observa une fois encore l'habitation du vieil homme. Seules quelques ampoules étaient encore allumées de ci de là, on était très loin de l'espace exagérément lumineux du jour précédant mais, même ainsi, le luxe dans lequel il vivait sautait aux yeux, tout ces livres, et cette bouffe en surabondance disposée près du chaudron. Il ne pouvait pas tout consommer tout seul, c'était impossible, alors que faisait-il de ce qui ne lui servait pas? Il ne les laissait quand même pas moisir? Ou pire, il ne les brulait pas, hein?
Arrivée au bas de l'escalator elle scruta la fond de la pièce en direction du lit mais la lumière étant absente de ce coté elle ne pu dire si elle était la première levée ou non. Elle hésita à aller directement voir s'il dormait encore et dans ce cas à le réveiller pour lui demander de la raccompagner à la sortie mais, n'ayant aucune idée de l'heure qu'il était, elle préféra s'abstenir et se dirigea plutôt vers la bibliothèque. Dans la semi obscurité elle s'échina à deviner plus qu'à lire les titres des ouvrages mais, à son plus grand désappointement, la majorité d'entre eux parlaient de médecine ou de science. Pas qu'elle soit plus bête qu'une autre ou allergique à l'idée d'apprendre de nouvelles choses mais là tout de suite elle aurait préféré un comics quelconque ou n'importe quelle histoire qui lui aurait permis de s'évader un tant soit peu.
S'étant trop éloignée de la dernière source de lumière elle ne parvint rapidement plus à discerner une couverture d'une autre et les titres lui étant devenu illisibles elle s'en alla rebrousser chemin les mains vides et ce n'est que parvenue à hauteur de la porte de la salle de bain qu'elle aperçut la pile de vêtements que l’homme avait laissé là pour elle la veille. N'ayant toujours pas confiance en lui elle n'y aurait pas prêté attention si deux choses ne s'étaient ajoutée à cette pile depuis lors, une paire de bottines taille 39 et un livre de Kenneth Cook.
Casey se mordit la lèvre telle une enfant en proie à une indicible décision, bonbon au caramel ou à la fraise? Sauf qu'ici la l'indécision était bien plus complexe, fallait-il accepter ou non les présents d'un homme aussi égoïste qui se cachait dans des tunnels depuis des années? Elle passa les doigts sur le cuir des chaussures, sur la couverture du livre, elle fit vibrer ses pages du bout de son index et, soudain, le froid du sol, celui de toutes ces nuits passées au dessus de la ville, la rudesse des coups qu'elle avait pris tout comme celle de son cœur meurtrit depuis tant de temps se rappelèrent à son bon souvenir et c'est d'un geste agacé qu'elle effaca sur sa joue la preuve de ses blessures, de sa faiblesse.
L'instant d’après elle retirait une paire de chaussettes bleu nuit de la pile de vêtements, les enfilait, les recouvrait aussitôt des bottines qu'elle laça avec délectation, enfilait un pull brun trop grand pour elle par dessus son t-shirt usé et se laissait tomber dans un fauteuil situé juste sous une des lampes en activité avec son nouvel ami qu'elle ouvrit à la page 1.

Quand elle fut interrompue par le médecin Casey eu l'impression qu'elle n'avait commencé sa lecture que depuis quelques minutes à peine mais le nombre de pages tournées l'obligea à se rendre à l'évidence, elle était sur ce bouquin depuis ou moins une heure, peut-être même plus longtemps.
- Bien dormi?
- Le soleil est levé?
- Depuis deux heures environ. Elle se remit sur ses pieds d'un coup brusque et rapide.
- Vous m'aidez à sortir d'ici?
- Comme je te l'ai promis. Tu ne veux pas manger avant? Elle loucha du coté de la marmite, son corps tout entier criait oui mais elle secoua la tête en signe de négation. Comme tu veux. L'homme haussa les épaules et s'éloigna en direction du couloir par lequel ils étaient arrivés quelques 12h auparavant. Casey regarda le livre qu'elle tenait dans les mains , triste de l'abandonner avant de l'avoir fini mais le reposa sur l'assise du fauteuil.
- Reviens le terminer plus tard si tu veux. Elle lui lança un regard noir.
- Comme si je n'avais que ça à faire. C'est l'apocalypse dehors même si vous ne voulez pas en entendre parler.

Pas vraiment surpris par ce changement de comportement l'homme de broncha pas, ne se retourna même pas, mais regretta un peu de ne pas lavoir laissée continuer à lire, elle avait eu l'air si paisible à cet instant contrairement à maintenant, contrairement à n'importe quel autre moment passé en sa compagnie.
Quand, quelques minutes plus tard, ils furent en route pour l’extérieur, Casey se mit, si pas à avoir des remords, au moins à se sentir un peu nulle. Quoi que l'homme ait fait seul dans ces galeries ces dernières années il avait tout de même partagé son repas avec elle sans hésiter, il lui avait fourni de nouveaux vêtements, des chaussures, il avait aussi réunit tout ces lits bien que dans un but encore obscur pour elle et, surtout, il était responsable de sa première heure d'évasion, de sa première heure de tranquillité, depuis que tout ça avait commencé. Elle voulait le remercier mais un simple "merci", surtout après l'avoir rembarré, semblerait un peu forcé, mieux valait encore ne rien dire. Pendant encore un moment ils marchèrent donc en silence, lui, ouvrant la marche avec son flambeau et elle, marchant derrière lui, l'esprit encombré de pensées dont elle se serait bien passée. Qui s'emmerdait encore à être reconnaissant en de pareils temps?
Quand soudain elle su comment le remercier.
- Il y a des ours dehors. C'était sortit tout seul. Vu qu'il vivait sous terre il ne devait pas savoir ce qui se passait à la surface et elle ne lui avait pas dit pourquoi elle était entrée dans le métro, il ignorait forcément cette donnée, elle même l'ignorait encore 48H plus tôt.
- Quoi? Il se retourna l'air perplexe.
- Il y a des ours, plein d'ours je veux dire, pas deux ou trois comme avant. Hier j'ai été traquée par un groupe d'une quarantaine d'individus, j'en avais jamais vu autant.
-Des ours? Des ours comment? Et ou? Il semblait sur le point de perde son sang froid tout d'un coup et se rapprocha d'elle en un pas, la faisant se heurter au mur derrière elle quand elle tenta de lui échapper.
La surprise passée Casey le repoussa et s'écarta de lui, feignant l'indifférence.
- J'en sais rien moi, des ours bruns. Peut-être des grizzlis pour ce que j'en sais.
- De grizzlis? En pleine ville?
- Mais ça veut dire quoi en pleine ville maintenant? S'emporta t-elle quand il fit mine de l'approcher à nouveau. Elle n'avait pas tort, la ville était redevenue sauvage peu à peu après l'attentat, ainsi était-il vraiment étonnant que les animaux sauvages et potentiellement dangereux aient petit à petit reprit leurs droits? Néanmoins, 40 ours d'un coup ça fleurait le pas super naturel. L'homme fit quelques aller retour rapide sur les pavés, voulu parler une fois mais se tut, s'éloigna, revint, s'éloigna à nouveau, Casey ne savait qu'en penser, pourquoi se mettait-il dans tout ses états pour des ours, lui qui ne sortait jamais?  Quand il revint et enfin parla.
- Je sais que je t'ai dis que je t’emmènerais dehors mais avant peux tu m'aider? Juste une fois, juste cette fois. J'ai une chose importante à faire, ensuite je condamnerais toutes les entrées du métro, l'hiver vient et les ours ça hiberne.
Casey n'avait pas pensé à ça et si, effectivement, l'entrée par où elle était passée ne leur permettait pas de la suivre il n'en allait surement pas de même pour toutes les autres et quand ils chercheraient un endroit ou se reposer jusqu'au printemps le métro ferait probablement une cachette d'enfer.
Néanmoins elle n'était pas sur d'avoir envie d'aider l'homme. Si elle s'était effectivement sentie redevable pour les fringues et la bouffe elle estimait en revanche que l'info sur les ours était un paiement suffisant. Mais qu'en était-il pour l'heure d'évasion? L'heure de tranquillité? Pire, l'heure de rire? Cette info était-elle un paiement suffisant? Pas sur.
A contre cœur elle accepta de lui rendre service et c'est à reculons qu'elle le suivit dans un autre couloir.

Plusieurs fois ils descendirent de nombreuses volées d’escaliers, alternant couloirs noirs comme la mort et d'autres éclairés de toutes parts quand, enfin, l'homme lui annonça qu'ils étaient arrivés. Ils étaient dans la portion la plus basse, la plus enterrée du métro. Sur sa droite Casey aperçu des palettes disposées de façon à permettre une descente, et une remontée, vers les rails. Elle s’apprêtait à s'en approcher quand le médecin l’appela dans l'autre direction. A regret elle s'éloigna donc et retrouva l'homme dans un coin mieux éclairé ou reposait bien alignées des caisses et des caisses de légumes en tout genre.
La jeune femme ravala un hoquet de surprise ainsi qu'une volée d'injures. Du moins jusqu’à ce que l'homme ne reprenne la parole.
- Tourne toi.
- Quoi? Pourquoi? Qu'est-ce-que vous voulez faire?
L'homme roula des yeux vers le ciel, visiblement excédé d'être encore ralentit dans son entreprise.
- Je ne sais pas à quoi ressemble ton chez toi mais moi j'ai des kilomètres de galeries à inspecter. Seul. Et je risque de me retrouver nez à nez avec un ou plusieurs ours fous de rage lors de cette petite promenade. Mais malgré tout j'ai une chose encore plus importante à faire, une chose qui va retarder mon inspections de plusieurs heures, ce qui va donc laissé plusieurs heures de plus aux ours pour entrer chez moi, alors, excuse moi, mais ton joli cul est la dernière des choses dont j'ai quelque chose à foutre  là tout de suite! Tout ce que je veux c'est accrocher ce foutu panier sur ton dos pour que tu m'aides à transporter la bouffe.
- Quoi? Vous rigolez là? Je vous annonce qu'il y a des putains d'ours partout en ville et la première chose qui vous viens à l'esprit c'est de planquer votre bouffe ailleurs? Merde mais vous-
- La ferme! L'homme avait crié, visiblement à bout de nerfs et de patience. Je ne vais pas mettre cette bouffe en sécurité pour moi petite écervelée. Si tu pouvais juste obéir pendant une heure sans poser de questions peut-être qu'on pourrait avancer.

Si Casey avait eu l'intention de l'aider à un moment ce désir l'avait complètement quittée. Elle empoigna le gigantesque panier que tenait l'homme devant lui et le lui balança en travers de l'estomac. Heureusement pour lui au vu du poids de l'engin bien plein et au fait que la jeune femme ne l'avait empoigné que d'une seule main il ne fut pas projeté avec beaucoup de force, si bien qu'il ne lui coupa même pas le souffle. Pas même juste un peu.
- Ou vas-tu? Lui cria t-il alors qu'elle rebroussait chemin d'un pas pressé. Tu ne connais pas ces galeries, tu vas encore te perdre.
Elle savait qu'il avait raison mais elle ne voulait pas avoir à rester avec lui une minute de plus si bien qu'elle ne se retourna même pas et qu'elle s'engouffra dans l'escalier qui remontait si pas à la surface tout au moins un étage plus haut.
Elle marcha seule pendant cinq bonnes minutes à ruminer l’insolence et la désagréabilité de l'homme, le maudissant de son comportement mais se maudissant encore plus elle même d'être partie ainsi, car elle savait qu'elle ne tarderait pas à être à nouveau perdue. D'ailleurs ne l'était-elle pas déjà? Avant ce couloir venaient-ils de la droite ou de la gauche? Elle n'en était plus certaine.
Elle était là, à peser le pour et le contre de chaque direction quand un bruit retentit au fond du couloir de gauche. Le bruit de quelque chose qui tombe, d'une autre chose qui roule sur le sol. Et le bruit d'une respiration.
Tout son corps se raidit. Elle écouta les bruits se répercuter sur les murs du couloir. Elle écoutait la respiration très -trop- forte. Elle regrettait. De s'être énervée, d'être partie, de ne pas avoir prévenu l'homme plus tôt au sujet des ours. Mais le moment était particulièrement mal choisi pour se repentir et, avant même que son cerveau ne donne l'ordre à ses membres de décamper, ses jambes s'étaient déjà mises en marche. Courant à perdre haleine vers l'homme, pour qu'il lui dise quoi faire, pour qu'il la protège, pour qu'il les sauve tout deux de cette situation, elle maudissait l'animal dans le couloir, elle se maudissait encore, elle maudissait le monde d'être devenu ce qu'il était devenu. Mais elle courait, encore et toujours elle courait pour sa vie.

Elle n'était absolument pas en état d'y réfléchir bien sur mais un observateur extérieur aurait été impressionné de voir cette fille qui avait perdu tellement au cours des quelques dernières années courir toujours avec autant d'entrain quand il s'agissait de sauver ses miches. Elle avait eu beau voir son monde se décomposer, voir les gens auxquels elle tenait mourir, parfois sous ses yeux, elle avait beau n'avoir plus rien de ce qui, conventionnellement, maintient les gens en vie, la flamme qui la poussait chaque jours à se lever et à mettre un pied devant l'autre, bien qu'elle ait souvent vacillé, jamais ne s'était éteinte, alors que ce n'était pas les occasions qui lui avait manqué.

 

Quand à Sieu K son thème était les punks. Et il en a fait trois.

punk2

Et tant qu'à faire cet article compte pour le P52 du 21 au 27 août : En retard

24 juin 2014

L'homme-ombre [Rêve]

Je n'abandonne pas l'histoire de Casey mais cette nuit j'ai fais un rêve que j'avais vraiment envie de vous raconter. Cette fois, plus que les autres encore, j'ai brodé autour parce que c'était vraiment très flou, mais malgré tout ça me semblait suffisamment intéressant pour être raconté. Par contre il n'y aura jamais de suite, parce qu'au fond ce n'était jamais qu'un rêve hein.


 

Depuis plusieurs semaines du bétail et des serviteurs disparaissent chaque nuit. Personne ne voit rien, n'entend rien, aucun indice n'est laissé, aucune trace de sang, aucune poignée de cheveux arrachée dans aucune bagarre, aucun bruit, aucun chien qui aboie. Il n'y a que moi, moi qui ressent une présence hostile, comme si je traversais un nuage de fumée glacée, presque chaque nuit. Je sens qu'il vient pour moi, je l'entends qui m'appelle et qui m'invite à le suivre dans la nuit noire, dans la forêt sombre. Je ne l'ai jamais vu, personne ne l'a jamais vu, mais je le sais grand, maigre, habillé d'une cape ou d'un long manteau noir. Ses yeux sont perçants, son nez aquilin, il peut tuer sans suer, il possède un pouvoir jamais vu. Il me fait peur, me terrifie.
Toutes les nuits je me réveille en nage, je sais qu'il me cherche, qu'il arpente les rues, les écuries, le quartier des serviteurs en me cherchant. Il n'est encore jamais entré au château, j'en suis sure, mais la nuit dernière je l'ai senti se tenir devant la porte. C'était une nuit froide et il formait de petits nuages en respirant. Des petits nuages qui se sont heurtés à la lourde porte de bois derrière laquelle les gardes jouaient aux cartes. Son souffle a pénétré le bois et en est ressorti de l'autre coté. Il a senti ma présence comme j'ai senti la sienne et aujourd'hui il entrera et beaucoup de gens périront en tentant de l'en empêcher. A moins que personne ne s'en aperçoive et qu'il me trouve sans rencontrer la moindre resistance.
Et qu'il m'emporte avec lui.

Dans mon dos mes poils se hérissent, il ne m'aura pas, je le trouverais avant qu'il me trouve et je le tuerais. Je remonte la capuche de ma cape sur ma tête, enfouissant mon visage dans l'ombre et me mets à courir le long des bâtisses où dorment les serviteurs du roi, les serviteurs de mon géniteur.
Leur quartier est si sale en comparaison du palais mais du sol s’élève l'odeur de la pluie et elle est si forte qu'elle couvre toutes les autres. Je lui en suis reconnaissante. Je cours un peu puis m'arrête dans l'ombre d'un bâtiment, j'observe la rue vide et ne me remet en marche qu'une fois certaine qu'elle ne recèle aucun danger. J'avance ainsi plusieurs minutes durant sans croiser âme qui vive, les récentes disparitions terrifient les villageois qui se calfeutrent désormais chez eux à la nuit tombée. Mais malgré cela et les rondes effectuées par les gardes il manque quelqu'un à l'appel chaque matin, comme si ces gens et animaux s'était dissous au contact même de l'air.

Alors que je passe en trottinant devant l'enclos des cochons-loups j’aperçois six jeunes et leur mère allongés dehors. Ça m'énerve, pourquoi ne sont-ils pas rentrés? Ils constituent des proies de choix pour l'homme-ombre à rester là comme ça. Alors je m’efforce de faire du bruit, j"agite les bras, je grogne, je tache d’inquiéter la mère pour qu'elle rentre ses petits, mais tout ce que j'obtiens c'est de l'agiter. Elle s’approche de moi et me grogne dessus à travers la clôture. Elle saute d'un coté puis de l'autre, elle remue et me conseille clairement de rester à distance de sa progéniture, mais elle même s'en occupe à peine. Quand enfin, après de longues minutes, elle se calme et prend un des chiots dans sa gueule pour le rentrer j'ai l'impression que nous avons fait assez de bruit pour réveiller tout le village, en supposant que les villageois terrorisés soient encore en mesure de s'endormir, pourtant il n'y a toujours personne dans les environs. Je voudrais rester et m'assurer qu'elle les rentre tous mais je n'ai déjà que trop trainé et j'ai peur de voir débarquer les gardes. Je me faufile donc jusqu'aux écuries et attends. Un bruit, une impression, n'importe quoi.
Mais c'est le calme plat et au lever du jour il ne s'est rien passé, pas de bruit, pas de cris, pas de murmure ni même le moindre froissement d'air. Et surtout, pas de réveil en sursaut.
Je me faufile jusqu'au château sans me faire repérer. C'est plus simple que je ne l'avais crains. En passant devant la chambre de mes parents j'entends qu'elle est la scène d'une animation inhabituelle et, en tendant l'oreille, je comprends que mon oncle et ma tante ont résolut l'énigme gravée sur le coffre en bois que des serviteurs ont sortit des douves le matin de la première disparition et qu'ils pressent ma mère de l'ouvrir grâce à leur fantastique découverte. Mais il ne contient rien ce coffre, j'ai résolu l’énigme il y a 15 jours déjà et j'ai pu m'en rendre compte par moi même quand je l'ai ouvert, à l'abri des regards indiscrets. Rien, ni poussière ni eau, alors qu'il était encore immergé quelques heures avant. Pas même une inscription. Rien. Ils vont être bien déçu en s'en apercevant.

Plus tard dans la journée j'apprendrais que pour la première fois depuis deux semaines aucune disparition n'était à déplorer mais, fait étrange, qu'un jeune cochon-loup avait été retrouvé seul dans un box au matin, dans l'écurie où j'avais passé la nuit.


 

Et pour illustrer ça un défi de Sieu K sur le thème Supers Héros inutiles.
Personnellement je me ferais bien un poster de Supersil!

Procrastinator - Hésitatorman - Supersil par Vittaya C.

 

28 mai 2014

Et sinon, tu fais quoi dans la vie à part faire pousser des patates dans le métro? Ou l'histoire d'un défi à la con 4

La salle de bain, comme l'avait qualifiée l'homme, se composait de huit cabines de douche, cinq toilettes séparées par des cloisons et autant de lavabos. Des casiers couraient sur le mur face aux cabines alors que trois bancs à la peinture écaillée les séparaient de ces dernières.
La "salle de bain" n'était autre qu'un ancien vestiaire.

Casey tourna le verrou et se déshabilla en prenant soin de ne pas trop élancer ses muscles endoloris. 
En passant ainsi, nue, devant un miroir en pied collé au mur elle y jeta un œil et fut interpellée par ce qu'elle y découvrit. Elle qui se trouvait naguère un peu trop potelée n'était maintenant plus qu'une silhouette décharnée et osseuse. Pas réellement squelettique car pas mal musclée par les nombreux exercices qui composaient maintenant sa vie mais bien plus mince qu'elle ne l'avait jamais été. Ses seins avaient pratiquement disparus et ses hanches ressemblaient à celles d'un homme, droites et sèches, absolument pas féminines. Elle remarqua aussi à quel point elle se tenait voutée, elle voulu se redresser mais son dos l'élança brutalement si bien qu'elle n'insista pas.
Néanmoins tout cela n'aurait pas encore été trop grave mais, bien qu'elle ai passé l'avant midi à panser ses blessures, elle s'étonna de n'avoir pas remarqué à quel point son corps en était désormais couvert. Des coups, des égratignures, des cicatrices, elle n'en aurait pas eu plus si elle avait été boxeuse professionnelle. Elle passa ses mains sur ce corps décharné, caressant ses meurtrissures comme si elle les découvrait pour la première fois et se demanda depuis quand elle avait commencé à ressembler à ça. Henry l'avait-il vue dans cet état? Avait-il  vu son corps se transformer en moins que l'ombre de ce qu'elle avait été? Cela faisait-il partie des choses qu'il n'avait pas supporté ne pouvoir changer?

Avant de laisser son esprit s’engouffrer dans cet interstice où elle n'avait nulle envie de mettre les pieds elle se détourna et poussa la porte de la première cabine.

 

Alors que l'eau chaude de la douche coulait sur sa peau nue, emportant avec elle le plus gros des crasses qui la maculait, Casey, les yeux fermés, se sentait tiraillée entre les différents sentiments qui l'habitait. Elle ne voulait plus penser à ce qu'elle avait vu dans le miroir. Ni à Henry. Elle se concentra donc sur l'instant présent, installant entre elle et son passé un voile mental devant lui boucher la vue. Elle aurait aimé s'octroyer quelques instants pour profiter du bien-être que lui procurait ce luxe qu'elle n'avait plus connu depuis près d'une décennie mais elle ne se sentait pas à l'aise et elle ne faisait pas non plus confiance à cet étranger rencontré plus tôt dans les galeries. Elle ne pouvait s’empêcher de le mépriser aussi, garder un tel dédale pour lui seul alors que dehors les habitants lutaient pour leur survie la mettait hors d'elle.

Elle passa finalement très peu de temps sous l'eau, juste le temps de se décrasser, puis elle se sécha avec une serviette propre trouvée dans un des cassier et renfila ses vielles fripes, s'autorisant tout de même à rester pieds nus plutôt que de les rebander dans les restes de t-shirts.

Quand elle sortit du vestiaire elle trouva l'homme aux fourneaux. Il avait fait cuire les pommes de terre et une délicieuse odeur de sauce aux champignons tentait d’éclipser celle du bois brulé. Quand il l’aperçu il désigna vaguement le milieu de la pièce de sa cuillère en bois maculée de sauce.
- Je vous ai laissé des vêtements propres sur la table, si vous voulez.
- Inutile, rétorqua t-elle sans même un regard vers la dite table, les miens me conviennent très bien.
Il n'insista pas, se contentant d'un reniflement pour seule réponse.

Peu de temps après ils passèrent à table, et malgré la résolution de Casey d’à peine toucher au plat pour bien montrer à l'homme à quel point elle les méprisait lui et son égoïsme, elle se jeta sur son assiette et dévora le tout. Ça faisait des années qu'elle n'avait plus mangé de légumes frais, et encore moins agrémentés de sauce.

Au bout d'un moment l'homme brisa le silence qui s'était installé entre eux.
- Je vois que ma façon de vivre vous déplait. Elle haussa les épaules. Mais ne soyez pas si prompte à me juger. J'ai trouvé un petit coin délaissé de tous, je m'y suis installé et le maintiens en état, il n'y a rien de mal à cela.
- Vous gardez tout pour vous! s'emporta t-elle. Vous cultivez des légumes, avez l'eau courante, l’électricité! Dehors les gens n'ont rien!
- Et je fais cela tout seul. Et en sous sol, ce qui demande bien plus d'effort qu'à la surf-
- Sortez alors! Faites ça dehors! Pour tous au lieu de juste pour vot' pomme. L'homme la toisa sévèrement.
- J'ai essayé! J'ai défriché la terre, j'y ai planté des graines, j'ai entretenu ce petit jardin. Mais quand les autres survivants l'ont découvert ils ont tout pilé, tout saccagé... Des semaines de travail. il secoua la tête.
- Vous n'aviez qu'à partager!
Il abattit alors son poing sur la table.
- J'en avais l'intention!
Casey, était prête à riposter mais, curieuse, le laissa terminer.
- Je faisais un test. Je pensais étendre la culture s'il réussissait. Mais tes chers compatriotes ne m'en ont pas laissé l’occasion. C'est leur bêtise et leur égoïsme qui les a mené là où ils en sont aujourd'hui.
- Vous êtes entrain de dire que si on crève de faim à l’extérieur c'est de notre faute?
- Tout à fait.
- Vous vous foutez de moi?!
- Les rôdeurs, comme vous les appelez, ne s'en prenne pas aux cultures. Ni aux bâtiments, ni même aux animaux. Si le monde est en ruine aujourd'hui c'est parce que les survivants n'ont pas jugé nécessaire de se mettre à l'agriculture ou à l’élevage. Si tant de bâtiments sont en ruine c'est bien que quelqu'un a œuvré dans ce sens non? Si vous en êtes réduit à piler les plus faibles c'est parce que certains aiment ça, tout simplement.
L'homme jeta un œil sur la jeune femme enfin muette et dégoutée de devoir digérer cette douloureuse vérité, et ses yeux se plissèrent, teintés d'une sorte de regret .
- Malgré tout je ne pense pas que tu fasses partie de ceux là. Tout les survivants ne sont pas des monstres. Elle releva les yeux sur lui, confuse.
- Quoi?
- Tes bras sont couvert de bleus. Et ta démarche est celle de quelqu'un de meurtrit. Ensuite tu es arrivée seule, ces prédateurs ne se promènent jamais seuls, surtout pas dans un endroit réputé mortel.
Elle cligna des yeux plusieurs fois puis, d'un coup brusque, repoussa sa chaise et se redressa. Il lui présenta ses paumes en signe de non agression mais Casey restait sur ses gardes, prête à détaller si le besoin s'en faisait sentir.
- Je ne te veux aucun mal, je te fais juste part de ce que j'ai remarqué. Puis, sur le ton de la surprise il ajouta, Je t'ai tutoyée, j’espère que tu ne m'en veux pas. Tu me rappelle mon fils. Les nerfs à fleurs de peau, toujours prés à s'emporter pour un rien. Mais cette naïveté, cette gentillesse dans le regard, si tu es comme lui tu n'as jamais du prendre part à une agression, un vol, même dans cet ersatz de civilisation.

Casey ne comprenait pas où l'homme voulait en venir. Il n'était peut-être pas aussi mauvais qu'elle l'avait cru et ce qu'il disait n'était pas entièrement faux, beaucoup de survivants n'étaient que des petites frappes, elle en avait encore eu la preuve la veille.
Bien que toujours sur ses gardes elle se rassit alors et ils terminèrent leur repas en silence.

Avant d'aller se coucher l'homme lui expliqua être médecin, bien que n'ayant plus aucun document le prouvant, et lui proposa d'ausculter ses blessures. Aide qu'elle s'empressa bien sur de refuser. Preuve ou non elle ne faisait toujours pas plus confiance à l'homme en cet instant qu'un peu avant quand ils étaient attablés.
Il lui fournit néanmoins une mixture de sa composition qu'il lui conseilla d'appliquer généreusement sur ses contusions.


Je n'aime pas du tout cette partie de l'histoire et en plus je commence à sérieusement me lasser de tout ça. Néanmoins, comme je sais où je veux qu'elle aille je vais la finir, sans la bâcler parce que j'en suis incapable et, j’espère, en maximum trois épisodes, peut-être quatre. Mais ça dépendra fortement des thèmes donné par Sieu K. Celui d'aujourd'hui par exemple... N'est pas encore là! Je ne voyais pas comment rendre cette partie plus courte, résultat je n'ai pas su arriver au lendemain et au nouveau thème.
Enfin, au moins celui de la dernière fois est enfin abordé! C'était médecin, vous en l'aviez pas vu venir hein...

Quand au thème du jour de Sieu K (il en a plusieurs d'avance sur moi...) se sera : Cinq personnes qui auraient pu travailler au cirque Barnum. Bizarrement ça l'a inspiré pas mal.

Barnum by Vittaya C

28 avril 2014

Les citadins de l'Apocalypse ou l'histoire d'un défi à la con 3.

Mon thème du jour est bien là, dans l'histoire. Mais comme il n'a pas encore été clairement énoncé je ne le dévoilera que dans le prochain chapitre, avec le suivant.
En fait il s'agira toujours de ce chapitre mais il commence vraiment à devenir long et je commence vraiment à avoir dépassé le temps imparti. Et a être crevée.

Bonne lecture.

Première partie
Seconde partie



Les galeries se ressemblaient toutes, et même si Casey se souvenait vaguement de la topographie des lieux, ses souvenirs étaient insuffisant pour lui permettre de rejoindre la station à quelques blocs de chez elle. Ou n'importe quelle autre station d'ailleurs, du moment qu'elle aie pu retrouver l’extérieur dans un endroit un peu moins prisé par les bouffeurs de saumons.

Elle arpentait donc les galeries dans l'espoir de trouver soit une carte soit une sortie mais, hélas, les rares ampoules qui donnaient encore de la lumière le faisait dans des endroits dépourvus de tout plan ou de toute information utile. Une lampe torche. Voilà ce qu'elle aurait du emporter avec elle. Mais dans un monde où il faut être rentré avant la tombée de la nuit on ne voit pas forcément au premier abord l’utilité d'avoir une telle chose sur sois en permanence.

Casey avançait les bras tendus devant elle dans un couloir oublié des Dieux de l'électricité magique. Au bout d'un moment, estimant, à juste titre d'ailleurs, qu'elle ne risquait pas moins de percuter quelque chose en se trainant qu'en courant, elle posa une main sur le mur à sa droite pour se guider et accéléra l'allure, cet endroit commençant sérieusement à lui filer la chair de poule.
Elle tourna plusieurs coins, changea de couloirs plus de fois qu'elle n'aurait su le dire, monta des escaliers, en descendit d'autres et s’enfonça de plus en plus profondément dans cette station qui semblait ne pas avoir de sortie.

Plus les minutes passaient et plus son niveau de stress augmentait, elle avait bien perdu 30 voir 40 minutes dans ces tunnels, il devait lui rester au mieux une heure avant le coucher du soleil, elle devait trouver la sortie au plus vite et courir jusque chez elle.
Mais si elle recroisait les ours? Ou, pire, si la ville en était vraiment infestée? S'il était devenu impossible de faire un kilomètre sans en croiser un?
Il faudrait qu'elle s'arme bien plus lourdement, les ours ne devaient pas craindre les couteaux. Or, si elle avait quelques armes à feu dans son container elle doutait que quiconque posséda encore des munitions pouvant aller dedans.
Les deux premières années il ne s'était pas passé un jour sans que l'on entende le bruit d'une fusillade d'un coté ou de l'autre de la ville. L'absence de circulation, l'absence de bruit tout court, permettait au son de porter bien plus loin qu'avant. Mais le temps passant les coups s'étaient espacés de plus en plus jusqu'à finalement s'éteindre complétement. Elle était sur de ne plus avoir entendu un seul tir ou même croisé un type en possession d'une arme chargée depuis au moins trois à quatre ans.

Elle courait presque en tournant dans cette nouvelle galerie quand elle aperçu de la lumière au bout de celle ci. Sa première réaction fut de piller net et de se coller au mur. La précaution était devenue une seconde nature pour elle comme pour tout les diurnes qui avaient tenus jusque là, simple question de survie. Le boyau était long, ce qui lui permettait de ne pas encore être atteinte par les rayons diffus, mais elle voyait clairement la lumière vaciller comme la flamme d'un feu. Jamais la lumière du dehors n'aurait eu cet effet là et, de ce qu'elle en avait vu, les lumières faiblardes de ci de là n'éclairaient jamais autant.
Casey se laissa glisser contre le mur, se prit la tête entre les mains et tenta de se calmer.

Les rôdeurs, ça ne pouvait être que les rôdeurs qui avaient allumés ce feu et elle était dans leur repaire. Les rôdeurs. les rôdeurs. LES RÔDEURS.
Elle avait beau tenter de chercher une solution ce seul mot revenait sans cesse plus fort dans son esprit. Elle devait partir, revenir sur ses traces et affronter les ours s'ils étaient toujours là. Un troupeau d'ours, aussi affamés et furieux soient-ils, ne pouvait être pire qu'une réunion souterraine de rôdeurs! Elle se redressa donc d'un bond et, sans un regard supplémentaire vers la lumière au bout du couloir, retourna le coin et s’élança en courant, cherchant juste à fuir le plus loin et le plus vite possible.
Pourtant elle ne pu pas faire plus de trois pas.

Un choc violent, une flamme qui lécha sa joue, la peur soudainement plus forte encore, et elle fut projetée en arrière. Sa voix s’éleva dans un cri, accompagnée d'une autre, plus grave, et puis la rencontre avec le sol, d'abord son dos suivit dans la seconde par l’arrière de son crane. Un râle profond sortant de sa gorge et avorté par une pluie de projectile pesant sur sa poitrine. Casey se recroquevilla en position fœtale pour se protéger de futurs coups porté à son encontre. Mais rien ne vint. Deux secondes. Rien. Cinq secondes. Rien. Dix secondes. Toujours rien. Si ce n'était des plaintes ne provenant pas d'elle. Elle risqua un œil vers la torche au sol, elle se souvenait de la chaleur de sa flamme sur sa peau et se demandait si elle ne lui avait pas embrasé une partie des cheveux dans l'histoire. Aussitôt elle se trouva stupide de penser à une chose aussi futile dans une telle situation et elle reporta son attention sur l'être qu'elle avait percuté. Il était toujours au sol lui aussi, elle pouvait peut-être encore s'enfuir. Mais s'il s'agissait bien d'un rôdeur elle devait le tuer avant de partir où il aurait tôt fait de donner l'alerte. Elle tâtonna à la recherche des projectiles qu'il lui avait lancé avant de tomber, probablement des pierres, si elle frappait assez fort et qu'il s'agissait bien d'un être semblable, au moins un peu, aux humains comme il semblait l'être au vu de ses grognements, elle devrait pouvoir lui régler son compte. Quand, enfin, sa main trouva un cailloux elle fut tout d'abord surprise par sa texture, si bien qu'elle l'approcha de son visage pour le regarder.
Une patate.
Ce n'était pas un cailloux mais une patate.

- Mais qui diable êtes vous et que venez vous foutre ici?

Casey resta interdite, l'être en face d'elle c'était assis et avait récupéré la torche. Plus encore, cet être était un homme, ou en tout cas il en avait l'air. A vue de nez, et à la lumière du feu, elle lui donnait la petite cinquantaine, peut-être moins mais la large barbe brune qui recouvrait ses joues ne tendait pas à le rajeunir.

- Je vous ai posé une question! Que faites vous chez moi?

Encore choquée Casey voulu ricaner mais ne parvint qu'à s’irriter la gorge, ce qui la fit tousser.

- Chez vous? ironisa t-elle entre deux quintes de toux. C'est une station de métro ici. Une putain de station de métro et pas chez vous!

- Bien sur que c'est chez moi. J'habite ici depuis des années, donc c'est chez moi.

La survivante n'en croyait ni ses yeux ni ses oreilles. Mais au fond, elle qui habitait une nacelle à 72m du sol n'était peut-être pas la personne le plus qualifiée pour juger de l'habitat des autres citadins de l'apocalypse.

- Pourquoi... Qui... Mais vous... Mais enfin, les rumeurs disent que le rôdeurs vivent ici la journée!

L'homme la dévisagea un instant puis éclata d'un rire sinistre, le rire d'un homme qui n'a plus ris depuis des années et qui a un peu oublié comment on fait, mais il se reprit très vite.

- Et malgré ça vous étes entrée.

Casey hésita, elle ignorait si elle pouvait faire confiance à l'homme ou non. mais au fond, qu'est ce que cette information pouvait changer, qu'elle la lui donne ou non? "J'essayais d’échapper aux ours" admit-elle finalement en détournant les yeux.
L'homme eu l'air surpris, qui ne l'aurait pas été, mais il inclina simplement la tête.

- Je vois.

Après une petite pause il se remit debout ainsi que Casey et lui proposa de la raccompagner à la sortie, ce que la jeune femme accepta bien malgré elle.
Ils tournèrent le coin et marchèrent jusqu'à la lumière qui avait fait faire demi tour à Casey. Là elle découvrit un large hall aménagé tel un studio.
Au milieu plusieurs tables alignées étaient remplies de fleurs et d'herbes en tout genre, de fioles, de bassines d'eau, de livres ouverts et d'autres fermés. Sur la gauche s’élevait d'ailleurs une bibliothèque à faire mourir d'envie absolument n'importe quel survivant ayant aimé se délecter d'un bon roman dans son "ancienne vie". Sur la droite, au fond, un lit, défait mais propre. Casey ne se souvenait même plus de la dernière fois qu'elle avait eu l'occasion de changer ses propres draps. Plus près d'eux des armoires, sur presque tout un pan de mur, et au fond, entre le lit et la bibliothèque, du linge en train de sécher. Cet homme vivait dans un luxe incroyable pour un survivant, et il gardait tout ça pour lui. Casey sentait une colère sourde monter en elle, mais c'était sas compter sur la chose qu'elle avait fait exprès de ne pas regarder en entrant.
Car oui, à l'entrée il y avait bien un feu. Un feu au dessus duquel pendait une sorte de chaudron de sorcière et d'où émanait une odeur de soupe qui titilla immédiatement son estomac. Elle avait faim. C'était pour se trouver à manger qu'elle était sortie malgré ses contusions, malgré la fatigue et la douleur, mais elle n'avait rien trouvé à se mettre sous la dent, si bien qu'elle avait failli croquer dans la pomme de terre qui lui était tombée dessus un peu avant. Mais l'homme la lui avait reprise, comme il avait ramassé les autres, et les avait remises dans le panier qu'il avait renversé quand ils étaient entré en collision.
Son estomac gargouilla et l'homme se retourna vers elle. La pièce était totalement illuminée par les lampes d'origine du hall et il y faisait parfaitement clair, tout cela, ainsi que les ampoules éparses, devait fonctionner grâce à un générateur. Il n’eut pas à regarder Casey très longtemps pour la prendre en pitié, il faut dire qu'elle était assez pitoyable en cet instant. Si bien qu'il revint sur ces pas, déposa son panier sur la table à coté du chaudron et désigna une porte entre deux pans de la bibliothèque.

- La salle de bain est là, allez prendre une douche si vous voulez. Je nous ferais à manger en attendant.

- La salle de..?

- Traversez l'ancienne salle de pause des employés, je n'y ai presque pas touché, la sale de bain est au fond. Après quelques secondes il ajouta, Il y a un verrou.

Casey était abasourdie, elle ignorait si elle détestait cet homme pour son détachement mais elle se dit que ce qu'elle ressentait pour lui ne devait pas en être très éloigné.

- Inutile. La nuit va tomber, je dois rentrer.

- C'est trop tard. à ces mots Casey frémit. A moins que vous n'habitiez la porte à coté, littéralement, vous n'aurez pas le temps de rentrer chez vous. Restez ici cette nuit, les rôdeurs n'entrent jamais dans le métro.

 



Si vous le voulez vous pouvez parier dans les commentaires sur ce qu'était ma contrainte du jour. Ça m'amuserait de voir si vous pouvez trouver.

Quand au thème de Sieu K c'était cinq personnes fêtant leur anniversaire.
Ça l'a pas super inspiré je crois.

Anniv par Vittaya C

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24 avril 2014

Métro et animaux ou l'histoire d'un défi à la con 2

L'ajout d'aujourd'hui pour moi est : Le métro!
Bien, qu'à cela ne tienne, métro il y aura donc.
 


Pour la première partie c'est ici (clic clic)

Quand elle rouvrit enfin les yeux Casey su que le matin était passé depuis longtemps à la teinte rosée qu'avait prit son abri.
Malgré l’impression d'étanchéité rassurante de la nacelle, elle et Henry, son fiancé, en avaient vite eux assez de ne jamais savoir quand la nuit était terminée et quand ils pouvaient ressortir. Après des mois passés à tâtonner à l’ouverture de la porte, l’entrouvrant juste assez pour laisser aux éventuels rayons de soleil l'occasion de leur chatouiller le bout des doigts, ils avaient décidé de s'offrir une ouverture sur l’extérieur. Une sorte de fenêtre. Mais encore fallait-il que ce soit une ouverture qui ne représente pas un danger pour eux. les disparitions avaient déjà commencé et ils avaient bien compris qu'ils devaient par tout les moyens éviter de voir les rôdeurs. Ou même de les laisser les apercevoir eux. Ils avaient donc foré un trou dans le toit de l'abri, avaient glissé une bouteille remplie d'eau dedans, avaient bien fixé le tout et, finalement, avaient punaisé un foulard rose par dessus la bouteille, pour être bien certain de ne pas même voir le ciel à travers l'eau de la bouteille. Et donc les hypothétiques rôdeurs qui seraient montés jusque chez eux.
Ce système leur permettait d'avoir une sorte de lampe dans l'habitat. Les rayons du soleil passant à travers l'eau de la bouteille éclairait l’intérieur de la nacelle, avertissant ainsi les occupants qu'une nuit de plus était passée et qu'ils pouvaient sortir sans danger. Le système aurait du leur permettre d'avoir un peu de lumière la nuit aussi, grâce à la lune, mais l'air étant à ce point vicié et pollué qu'à part en de rares occasions la nuit était toujours aussi noire qu'avant dans la nacelle.

Casey s'étendit, commençant à allonger ses bras au dessus de sa tête, mais son corps protesta violemment, l’élançant de partout à la fois. Elle grogna et s'assit dans ce qu'elle imagina être un craquement d'os général.
Avec mille précautions elle tira sur la poignée de la porte. L'air qui pénétra alors dans la nacelle était chaud, comme bien souvent, mais moins que celui qui s'y trouvait déjà. Elle inspira plusieurs goulées de cet air un rien plus frais et jeta un œil à l’extérieur.
Comme d'habitude l'endroit était calme, à part quelques animaux sauvages, ou redevenus sauvages, tel que chien, chat, renard ou même parfois une biche ou deux, il n'y avait jamais personne aux alentours. Et c'était en partie grâce à Henry, qui avait abattu deux-trois murs et creusés de larges trous dans le flan de la plupart des bâtiments qui les entouraient grâce à la grue. Ce faisant il les avaient rendus instables et pas très rassurant, poussant les survivants à se chercher d'autres abris. Casey n'avait donc plus de voisins humains depuis des années. Et si elle devait être parfaitement honnête elle avouerait préférer cet état des choses. D'ailleurs, à sa connaissance personne ne savait où elle habitait et ça lui convenait totalement.
Casey savait qu'une petite colonie s'était formée à quelques rues de là, il lui arrivait de faire affaires avec eux et elle savait qu'elle serait plus que probablement la bienvenue si elle choisissait de les rejoindre. Deux bras armés de plus ne pouvaient qu'être les bienvenus. Mais pour l'heure elle se sentait bien mieux toute seule dans son chantier.

La faim commença sérieusement à la tirailler vers midi au vu de la position du soleil dans le ciel. Elle aurait aimé passer la journée à panser ses blessures dans son nid, sans avoir à sortir, mais elle se connaissait suffisamment pour savoir qu'elle aurait beaucoup de mal à s'endormir le ventre totalement vide, encore plus si elle n'avait fait que paresser tout le jour.

Elle enfila donc des sous vêtements et un pantalon, banda ses pieds dans les lambeaux d'un ancien t-shirt pour palier au manque de chaussures, récupéra le double de la clef de son container sous le matelas et sortit de son abri après s'être assurée que personne ne la surveillait.
La première chose qu'elle pensait faire était de se rendre à son container pour y récupérer de la nourriture et des chaussures, mais ses plans changèrent alors qu'elle était à peine sortie de sous l’immeuble en construction.

Un ours. Un putain d'ours brun se trouvait au bout de la rue, à une trentaine de mètres d'elle à peine.
La surprise fut telle que pendant un instant elle en oublia de respirer. Et ce fut peut-être pour cette raison que l'ours ne la remarqua pas. Il tourna au coin de la rue et disparut en direction de l’entrepôt où se trouvait le container.

Même en comptant sur l'intégralité de ce qu'elle possédait, Casey n'était pas équipée pour combattre un ours, elle le savait. Ou plutôt le devinait, n'ayant jamais du faire face à un tel animal. Elle choisit donc de ne pas prendre de risque inutile et s'en alla du coté opposé à celui emprunté par le plantigrade. Aujourd'hui elle serait donc en mission de chapardage, c'est ainsi qu'elle appelait le fait de fouiller les immeubles à la recherche de choses utiles.
Elle doutait pourtant de revenir avec quoi que ce soit, les bâtiments ayant déjà été fouillés nombres de fois aussi bien par elle que par les autres habitants. Mais bon, il suffisait d'un coup de chance, d'être au bon endroit au bon moment, et peut-être, si elle avait de la chance, tomberait-elle sur quelque chose qui en vaille la peine.

Tout en s'éloignant, cherchant des yeux le premier bâtiment qu'elle visiterait, elle se demandait d'où avait bien pu venir un ours aussi gros. Avait-il pu descendre des collines qui entouraient la ville? Mais s'il avait choisis de s'aventurer hors de son territoire il devait y avoir une bonne raison. La faim semblait être la plus raisonnable mais au vu de l'épaisseur de la bête elle n'y croyait pas un seul instant. Avait-il pu être chassé par un ours plus fort? Ou avait-il décidé de son propre chef de migrer? Se passait-il quelque chose qu'elle ignora sur les collines? Les ours se déplaçaient-ils seuls en en groupe? Y avait-il un risque pour que la ville soit envahie par la famille de Yogi et qu'il faille s'habituer à en croiser régulièrement désormais? Au vu de toutes ces questions qui se bousculaient dans son esprit Casey estima qu'il serait préférable de faire un crochet par la bibliothèque au plus tôt. Si elle n'y apprendrait rien sur une éventuelle activité nouvelle sur les collines, elle pourrait au moins se renseigner sur son  nouveau voisin poilu. Mais elle n'habitait pas dans le quartier culturel et passer à la bibliothèque lui demanderait au moins une heure de trajet, peut-être même deux dans son état. Elle ne pouvait commencer un tel voyage alors que le soleil avait déjà entamé sa descente. Le lendemain peut-être. A moins qu'elle n'ait de la chance dans sa rapine et qu’elle ne trouve la documentation adéquate dans un appartement?

Elle décida que c'était possible. Après tout, qui se serait intéressée à un livre sur les ours avant aujourd’hui dans cette ville? Elle jeta donc son dévolu sur un batiment qu’elle savait inoccupé et commença sa recherche. Dans le premier appartement elle se dégota d'abord un nouveau couteau, moins pratique que l'ancien mais de toutes façons mieux que pas de couteau du tout. Elle visita rapidement les différentes pièces, réservant ce qui fut une chambre d'enfant pour la fin. Elle évitait généralement les chambres d'enfants, il était plutôt rare qu'elles contiennent quoi que ce soit d’intéressant pour un survivant, cependant elle fouilla consciencieusement celle là à la recherche d'un livre sur les animaux voir, mieux, sur les ours. Hélas, l'enfant qui l'avait habitée semblait n'avoir eu cure des beautés de la faune ou de la flore. Elle passa donc un second appartement au crible. Puis un autre, et encore un autre. En tout elle passa pas loin de deux heures dans le bâtiment délabré mais elle n'y trouva ni nourriture, ni chaussures, ni documentation. Elle ne s'y attendait pas plus que ça en réalité, elle s'estimait même chanceuse d'avoir pu trouver un couteau oublié de tous dans la première cuisine. Et peut-être était-ce cette découverte fortuite qui l'avait incitée à continuer la fouille? En tout cas il n'était plus temps de flâner, si elle voulait avoir le temps de faire encore deux ou trois appartement ailleurs avant de devoir rentrer elle devait s'en aller au plus vite. Ce qu'elle fit, par l’escalier de secours menant dans une étroite ruelle plutôt que sur l'avenue. Au cas où, comme elle le faisait depuis des années.
Le dernier tronçon de l'escalier avait été arraché, ce qui l'obligea à sauter de prés de deux mètres au sol. Ce n'était pas vraiment un problème mais elle préféra se réceptionner par une roulade pour éviter de s'abimer les chevilles d'avantage. A peine s'était-elle relevée, que quelque chose bougea à la périphérie de son champ de vision. Elle se retourna, rapide comme quelqu'un qui survit depuis 8 ans dans une ville post apocalyptique, et se plaqua contre le mur, dans l'ombre, quand elle remarqua ce qui avait ainsi éveillé ces sens. Yogi. Enfin, l'ours. Il était passé sous une clôture défoncée et s’avançait maintenant dans l'étroite ruelle. Si seulement elle l'avait vu avant elle n'aurait pas sauté, mais là il était trop tard pour regretter ses décisions. N'ayant toujours aucune informations supplémentaire sur son nouvel ami elle décida qu'il était, en tout bon prédateur, attisé par les pire intentions à son égard et qu'elle avait tout intérêt à prendre ses jambes à son cou. Serait-il plus rapide qu'elle au sprint? Il fallait le tenter, c'était ça ou se laisser dévorer.
Casey sortit donc de l'ombre, ce qui provoqua chez l'ours une sorte de sursaut, suivit d'un râle rauque qui sonna comme une menace aux oreilles de l'humaine devant peser un cinquième de son poids et déjà lancée à pleine vitesse en direction de l'autre bout de la ruelle.
La jeune femme couru aussi vite qu'elle le pu, dérapa quand elle négocia son tournant au sortir de la ruelle et pilla net environs 5 mètres plus loin quand elle remarqua les nombreuses masses brunes qui s'étaient mises en mouvements.

Des ours. Partout des ours. Au moins quinze, peut-être le double. Elle allait se faire dévorer si elle ne bougeait pas.
Et probablement se faire prendre en chasse si elle décampait.
Le souffle court et la lame froide du couteau contre sa cuisse Casey réfléchissait plus vite qu'elle ne l'avait encore jamais fait. A sa gauche l'avenue, gigantesque, avec, de son autre coté une myriade de bâtiments dans lesquels elle pourrait se cacher. Mais entre eux et elle toute une famille de foutus ours se prélassait au soleil. Devant elle l'ancien théâtre, avec son immense porte défoncée. Elle pourrait y entrer mais les prédateurs aussi, ce qui était donc inutile. Derrière elle, la ruelle avec son premier ours qui en sortait déjà. Et à sa droite une rue, pleine de bâtiments aux portes et fenêtres condamnées. Et l'entrée du métro. Elle n'avait pas envie de pénétrer dans le métro, plus personne n'y était entré depuis des années. On prétendait qu'il s'y passait des choses terrifiantes. Certains prétendaient même que c'était là que se cachaient les rôdeurs durant la journée. De nombreuses personnes avaient déjà tenté d'y mettre le feux mais à sa connaissance il n'avait jamais prit efficacement.
Pourtant elle n'avait pas vraiment d'autre choix de fuite, soit elle affrontait une meute d'ours armée d'un seul couteau de cuisine, soit elle tentait sa chance dans le métro.
Et ce fut le métro qui l'emporta. Elle se précipita dans les escaliers, immédiatement suivie par une dizaine de mastodontes aux dents pointues. Par  chance l'entrée était entravée par plusieurs carcasses de voitures, elles les escalada et se glissa par l'ouverture laissée au sommet. Une ouverture trop petite pour laisser passer des animaux de 300kilos. Par mesure de précaution elle tira quand même la grille, vestige d'une époque où le métro était fermé une fois la nuit tombée, à son maximum puis elle s'éloigna au petit trot, sauta par dessus les guichets et s’éloigna dans le dédale de couloirs qu'elle avait jadis arpenté, comme tout citadin qui se respecte, en se plaignant de la foule. Aujourd'hui portant elle aurait été ravie d'y retrouver cette foule absorbée par ses problèmes, ses factures à payer et son boulot de merde. Mais au lieu de ça elle ne perçu que l'écho de ses propres pas dans les sombres galeries où persistait par elle ne savait quel miracle la lueur de quelques ampoules zélées.


Le thème de Sieu K pour hier (parce qu'en fait j'ai un jour de décalage dans mes articles) était 5 personnes à la piscine. Et ce coup ci les cinq y sont! Même s'il a un peu grave triché pour l'un d'eux...

Pool by Vittaya C

 

 

 

22 avril 2014

Grue et culotte ou l'histoire d'un défi à la con.

Comme vous commencez à le savoir, nous sommes deux grosses feignasses. Et si on ne trouve pas des astuces pour se motiver de temps à autre on reporte sans cesse à plus tard à peut prés tout.
Ce qui n'est pas vraiment génial pour évoluer.
Donc on a décidé de se forcer à réaliser des petits défis, peut-être pas tout les jours non plus hein, mais au moins plusieurs fois par semaine.

A chaque nouveau défi chacun de nous donne un thème à l'autre et nous avons 1h30/2h pour le réaliser.
Pour ce premier défi on a un peu dépassé, et il n'est pas complet, mais on espère s'améliorer avec le temps. (C'est un peu le but aussi...)

Alors, mon thème à moi était : Une histoire en m'inspirant des deux derniers dessins réalisés par Sieu K. C'est à dire une grue et une fille sans culotte. Il a hésité à ajouter une touche d'érotisme aussi mais comme je n'avais pas le droit d’intégrer un troisième personnage ça promettait de devenir vraiment particulier... Donc, dans un premier temps au moins, l'érotisme est écarté. Je vois votre air déçu mais rassurez vous, ça pourrait être ajouté dans l'avenir, on ne sait jamais.
Bon, comme vous allez le voir aussi, je me suis un peu laissée emporter, beaucoup de questions sont posées dans ce prolonge (et, je vous rassure, j'ai absolument toutes les réponses!) ce qui fait que plutôt que de changer de thème chaque jour comme prévu, je vais continuer cette histoire au moins durant une semaine avec simplement un élément obligatoire en plus par jour. Ce qui me permettra d'aller au bout de mon idée plutôt que de l'abandonner là alors qu'elle est tout juste entamée.


 

Un vent chargé de poussières et de pollen remuait la crasse sous les restes de l'immeuble jadis en construction. Des cendres voletaient dans l'air. Un feu couvait toujours quelque part depuis l'attentat. Cette fois il se trouvait à quelques rues de là, du coté de la grande roue probablement. Nombreux étaient ceux qui avaient déjà essayé de mettre le feu à la construction, de la faire tomber aussi. Mais elle était toujours debout. Véritable pied de nez de 100m de haut, se moquant des immeubles alentour, pillés, détruits ou tombés par la faute des hommes.

Émergeant d'une ruelle jonchée de détritus, un petit groupe de renards traversa l'avenue en quelques bonds. Museaux au vent, moustaches fébriles, ils auscultèrent rapidement un tas de métaux divers déposés là par quelque survivant ayant finalement décidés qu'ils ne lui étaient d'aucune utilité. L’amoncellement ne cachant nulle nourriture, ils s'en repartirent alors, aussi furtifs qu'a leur venue, ne prêtant même aucune espèce d'attention à la forme vaguement humaine étendue à quelques pas du monticule.

Pourtant la forme ne se contentait pas seulement d'être vaguement humaine, non, au contraire, elle commençait même à bouger.
Elle se retourna d'un coté, puis de l'autre. Allongée en position fœtale elle semblait avoir le sommeil agité, quand soudain elle se redressa dans un cri.
Les corbeaux fouillant un sac poubelle abandonné à quelques mètres de là, sous le squelette de l'immeuble, s’envolèrent , alarmés par le cri pourtant rapidement interrompu par des gémissements et des plaintes.

- Hng. Les fils de putes, ils m'ont bousillé le dos.

Le visage grimaçant, les cheveux noirs et sales ramenés en une queue basse d'où s'échappaient nombres de mèches, la peau sale, du sang séchés sur les joues et le nez et un bel œil au beurre noir, Casey avait déjà été plus à son avantage, même dans ce monde en ruine.

Elle se toucha la nuque, fit doucement pivoter sa tête en tout sens, se massa l'épaule gauche d'où émanait une douleur lancinante due aux coups qu'elle avait pris peu avant.
Finalement elle regarda ses orteils bouger. Ils étaient toujours tous là, c'était toujours ça de pris. Pourtant son front se plissa quand elle laissa remonter ses yeux sur ses mollets, puis sur ses cuisses. Nues. Ses jambes étaient nues. Elle ferma les yeux un bref instant, inspira puis souffla. Si elle avait été observée à cet instant elle aurait pu donner l’impression de se calmer. Tout son corps, à l’exception de ses ongles plantés dans ses cuisses au point d'y laisser des marques qui resteraient plusieurs heures, donnait l'impression de quelqu'un se relaxant pour éviter d'exploser.

- Les fils de batards! hurla t-elle en plantant ses mains dans le sol cendreux  pour se relever.

Les larmes au bord des yeux, mais de rage, pas de tristesse, elle se redressa, appuyant toujours sa main droite contre son épaule gauche qui la faisait de plus en plus souffrir à mesure qu'elle se réveillait complétement. Les hommes qu'elle avait rencontré plus tôt, avec qui elle avait eu une altercation pour le moins violente, ils l'avaient passée à tabac jusqu'à l'évanouissement. Après ils lui avaient volé son sac bien sur, remplit de ses trouvailles de la journée, un peu de nourriture, un vieux poste de radio et même un livre, trouvé par miracle au milieu d'un appartement dévasté. Mais aussi le matériel qu'elle avait toujours sur elle, un couteau, quelques outils, la clef du container où elle cachait généralement son butin, sa veste et jusqu'à son pantalon.

Elle n'avait pas l'impression qu'ils aient fait plus que cela, elle ne ressentait aucune douleur qui pourrait être imputée à un viol et ne se sentait pas particulièrement poisseuse.
La vie était devenu tellement étrange qu'on ne violait même plus les femmes après les avoir déshabillées. Le sexe, même dans ces conditions, était devenu une chose tellement heureuse que plus personne n'estimait y avoir droit.

Elle passa une main dans ses cheveux, libérant quelques mèches supplémentaires au passage, pour les repousser.
Elle aurait eu l'air bien petite pour un observateur extérieur à cet instant, fine silhouette voutée, seulement vêtue d'un débardeur trop court, au milieu de ces bâtiments en ruine, dans l'air sale et pollué de ce souvenir de ville.

Elle aurait pu craindre une agression, une seconde agression, car si ces voyous là, tout comme les citoyens de base, étaient trop obsédé par leur survie, et rien que par leur survie, pour penser à la toucher il en existe toujours qui se réjouissent de tout les malheurs, qui trouvent un moyen de faire le mal même quand on pense avoir enfin touché le fond. Mais à cette heure avancée de l’après midi elle savait qu'elle ne risquait rien de tel, s'il restait encore quelqu'un dehors il ne pouvait être que suicidaire. Hors, les survivants avec de tels penchants étaient tous morts depuis longtemps et elle le savait mieux que quiconque.

Néanmoins si elle ne devait plus craindre les résidents humains ça ne signifiait pas pour autant qu'elle ne risquait plus rien. Au vu de la couleur du ciel elle se donnait 30 minutes maximum avant de tomber nez à nez avec des rôdeurs, et là, Dieu seul savait ce qu'il adviendrait d'elle.
Personne n'avait jamais vu les rôdeurs, même si tout les monde les avait entendu grogner et se déplacer la nuit. Ou plutôt, tout ceux qui les avaient vu avaient disparu. Ils n'étaient pas juste morts, non, ils avaient vraiment disparu de la surface du monde physique. Aucun cadavre, aucun squelette n'avait été retrouvés. Soit les rôdeurs les avaient emmenés avec eux, soit ils les avaient gobés d'un coup, ne laissant d'eux qu'un souvenir vague dans les mémoires des gens qu'ils avaient fréquenté.

Sachant qu'il ne lui restait pas beaucoup de temps Casey évita d'en perdre d'avantage et se mis en route aussi vite qu'elle le pu, claudiquant et se tenant l'épaule d'une main.
Heureusement elle n'habitait pas très loin, si elle se pressait un peu elle devrait être rentrée à temps.
Elle traversa l'immeuble en construction aussi vite qu'elle le pu, mais grandement ralentie par les contusions qui meurtrissaient son corps. Elle connaissait le terrain mais il était accidenté, elle ne l'avait traversé qu'une fois en courant et elle gardait le long du bras gauche une cicatrice de 30 centimètres qui lui rappelait sa chute.
Leur chute.

Elle aurait pu déblayer l’accès après ce jour là, et même avant, mais elle aimait le fait que "sa maison" ne soit pas trop facilement accessible. Même si ça n’arrêterait pas les rôdeurs ça maintenait tout de même les diurnes loin de chez elle. Et elle préférait ça.

Dans son état elle perdit pas loin de 15 minutes à traverser l'immeuble et 10 de plus à contourner le lac qui s'était formé dans le chantier juste derrière, si bien que quand elle atteignit enfin l’échelle qui la mènerait à son repaire elle entendait déjà du bruits venir des rues alentour.
Elle inspira profondément et se mit à monter, tirant de toutes ses forces sur ses bras meurtris et poussant sur ses jambes endolories, se propulsant aussi vite qu'elle le pouvait jusqu'à son abris, à 72m du sol.
Elle sprinta tant sur la fin que ce fut d'une main tremblante qu'elle écarta la porte de la nacelle aménagée où elle habitait depuis bientôt 8 ans. Elle s'écroula sur le matelas qui occupait tout l'espace et referma la porte d'un coup de pied. Aussitôt le noir se fit, profond, complet, rassurant et angoissant à la fois.
Pendant de longues minutes elle n'écouta que sa respiration revenir à un rythme normal, puis elle se concentra sur les bruits qui lui parvenait de dehors. Par chance l'altitude couvrait la majorité des bruits et à part le vent elle entendait rarement quoi que ce soit.
Ainsi, de moins en moins attentive aux bruits de l’extérieur, elle se laissa bercer par le ballotement de la nacelle jusqu'à tomber endormie.

 


Je me permets de poster aussi les défis de Sieu K vu qu'il ne le fera pas de lui même.
Son thème à lui était : 5 personnes dans un supermarché (sans qu'ils n'aient besoin d'être liés par quoi que ce soit).
Ils en a fait trois (et demi). Je dis que c'est pas mal quand on sait qu'il lui faut généralement plusieurs jours pour en faire un seul.

At the supermarket by Vittaya C

 

 

 

 

13 avril 2014

Le comptoir de nul part. [Rêve]

Cette nuit j'ai fais un rêve assez spécial.
Bon, ça arrive fort souvent en fait.
C'est pour ça que j'aime dormir.
Mais ce coup ci j'avais envie de vous le raconter. Parce que ça fait longtemps. Je déterre donc la section "Ce n'était qu'un rêve".

Certains passages sont assez flous dans mon esprit donc j'ai choisis de les interpréter (mais vraiment juste un peu) pour garder une certaines continuité. Ce qui ne veut pas non plus dire qu'à la fin ça aura un sens très profond hein.


Et je décide aussi qu'il convient pour le thème 11 : LSD du P52.
Voilà.



De la musique. Forte. Très forte.
Je suis secoué. Un bras passe dans mon cou et j'entends quelqu'un hurler plus que murmurer quelques mots dans mon oreille.
J'ouvre les yeux. Une lumière artificielle m’éblouis. Je les referme.
Quelqu'un me secoue. On me parle, me charrie. J'ouvre encore les yeux et me force à trouver un point ou les ancrer.
Des cheveux bleus. Le bout rougeoyant d'une cigarette. La fumée. La fumée. La fumée.
Une main s'approche de mon visage et glisse la clope entre mes lèvres. J'aspire, plus par réflexe que par envie.
La musique a changé, les basses envahissent mon esprit. Je n'entends plus que ça, je sens mon corps se balancer d'avant en arrière et mes yeux se refermer. La cigarette m'échappe, récupérée illico par une autre main.

A ma gauche le garçon hurle encore des choses à mon oreille. Je tourne la tête vers lui, il doit être si jeune sous ses traits de défoncé. Un diamant dans son œil. Un bruit languissant. Je vacille.
Non. Nous vacillons tous, projetés vers l'avant. L'espace d'un instant je suffoque, les cheveux bleus me chatouille le nez, me rentrent dans les yeux. Ils sont sales et sentent les herbes.
J’étouffe! J'ouvre la bouche et ils s'y engouffrent par poignées. Mes mains sont comme attachées, j'ignore où elles sont. Je ne peux pas m'aider.
Soudain je suis projeté en arrière et malgré une douleur cuisante à la poitrine je respire de nouveau librement.
Je ferme les yeux. Encore. Je suis fatigué.
Au contact des lèvres gercées je les rouvre. Des yeux bleus me sondent, les mèches à peine plus foncées me chatouillent la joue. J'ouvre la bouche et la fumée empli une nouvelle fois mes poumons.
Je ferme les yeux et cette fois me laisse tomber sur l'épaule à ma gauche.
Tout est tellement sombre au dehors, seuls les phares du mini van lancé à toute allure dans cet espace désertique viennent narguer la lune quasi absente.

 

Le soleil était déjà haut quand l'homme au sombrero dépassa le mini van emboutit dans le grillage, là ou s’arrête la route. Il le contourna sans un regard, ni pour lui ni pour le sac en toile épaisse déposé négligemment à coté du véhicule.
Il ne le vit donc pas quand ce dernier ce mis à bouger. Légèrement d'abord, de plus en plus énergiquement par la suite.
Il ne vit pas non plus la silhouette qui en sortit à quatre pattes, qui vacilla et qui s'affala sous le soleil meurtrier.

 

Mouillé. C'est mouillé! Ah, c'est de l'eau. J'ai soif, encore!
Pourquoi ça s'arrête? J'ai soif! J'ai soif! Humpf!

Un coup de botte dans les cotes me réveille et c'est le visage dans la terre humide que j'ouvre les yeux. La musique s'est arrêtée, ainsi que le ballotement. Où suis-je? Difficilement je m'assieds et, en me retenant à mes genoux pour ne pas retomber, je regarde autour de moi.
Le désert. Partout rien d'autre que cette étendue dégueulasse et stérile de sable, de terre et de racines desséchées. Le van est recouvert d'une couche de saleté si épaisse qu'on en distingue même plus la couleur. Je me traine jusqu'à son flan et y frotte la main. Je dois insister un peu mais, bleu! Le van est bleu. Bleu... Autre chose était bleu. Quoi?
"Debout. Il nous reste du chemin."
L'homme qui a parlé jette un sac sur son épaule et me tend une main que j'attrape mollement. En un rien de temps  il m'a remit sur mes pieds et s'éloigne déjà, me laissant avec mon esprit vacillant et mes pensées désordonnées.
Il se retourne et m’appelle. Mécaniquement je me met en marche et tel un zombie, trainant des pieds, je le suis le long de ce grillage qui semble ne jamais vouloir s’arrêter.
Derrière nous le van et ses potentiels occupants se font de plus en plus petits. Qui aurait cru qu'un simple grillage arrêterait ainsi sa folle course de... la nuit passée?

Tout l'après midi nous marchons, souvent je m’arrête ou je tombe, à chaque fois l'homme crie sur moi ou fait demi tour et me donne à boire. Quelques goutes à peine. Sa gourde est presque vide et j'ignore si nous sommes encore loin de quoique ce soit. Lui, marche toujours avec la même volonté, son dos est comme un mirage inaccessible après lequel je cours en vain.

Quand enfin un bâtiment se dessine au loin je n'y crois d'abord pas. Comment un bâtiment si grand peut-il se trouver au milieu de nul part?
Mais plus qu'au milieu c'est sur les contours du nul part que nous nous sommes égarés.
Nous dépassons des pick-up garés n'importe comment, des chevaux attachés tout droit sortit d'un western spaghetti et attendant nonchalamment des cowboys venant de quelques dimensions parallèles. Quand enfin nous passons la porte nous nous retrouvons dans un hall chic et très impersonnel. De la moquette noire, des fauteuils en cuir, un grand escalier bordeaux et cette impression qu'il vaut mieux chuchoter si on tient à ne pas être mis à la porte sur le champ. Un instant je vacille, l'insolation m'ayant guetté toute la journée, mais l'air frais du bâtiment me secoue assez pour m’éviter l'évanouissement et une fontaine placée contre un mur me permet de me servir un verre d'eau que j'avale goulument avant de m'en servir un second, puis un troisième. L'eau coule des coins de ma bouche et trace des sillons plus clairs sur mon menton et mon cou recouverts de poussière. Je sens ma peau s'assouplir et mes organes reprendre vie à mesure que j'absorbe le liquide frais.

Quand enfin je pense à offrir un verre à l'homme qui m'a sauvé je me retourne un gobelet propre à la main et le cherche du regard dans l'immense hall d'entrée.
Est-il partit? Suis-je resté si longtemps à me désaltérer qu'il a préféré partir seul que m'attendre? N'était-il finalement qu'un mirage inventé par mon esprit désorienté?
Quoi qu'il en soit je ne le vois nul part, je n'ai plus que moi et si je veux passer la nuit dans cet endroit je vais devoir ruser.
Dans mes poches rien d'autre que de la poussière et je ne porte rien de valeur sur moi, je dois trouver un moyen de me faire héberger à l’œil.

Autour de moi plusieurs groupes de 4 à 6 personnes se sont formés, pour la plupart ils ne semblent même pas m'avoir remarqué. Je les observe, espérant trouver une faille, une solution. La nuit d'hier me semble vieille de plusieurs années. Mais d'ailleurs était-ce bien hier?
Soudain un visage me semble familier, puis un second, et un troisième même. Ce petit groupe prêt à franchir une porte au fond du hall je le connais! Je m'élance vers eux, ils vont pouvoir m'aider, au moins jusqu'à demain.
Je me retrouve enfin face à eux et veut les saluer, "Hey..." commence-je avant de me rendre compte que si moi je les connais la réciproque est plus qu'improbable. J'ai en face de moi un des groupes de rock les plus célèbres du moment et aucun d'eux n'a l'air particulièrement intéressé par ma personne.
Un gorille s'interpose entre eux et moi, les autres personnes ont disparu, si je ne tente rien je dormirais très certainement à la belle étoile cette nuit et je me ferais dévorer par le désert lui même. A moins que la soif ne me tue avant lui.
N'ayant donc rien à perdre je leur raconte mon histoire, rapidement, en quelques mots, ce que je sais me concernant en tout cas, donc finalement pas grand chose, ignorant jusqu'à mon nom et ce que je fais ici je ne sais finalement leur conter que les 12 dernières heures de ma vie. Et pas dans leur intégralité.
Ils n'ont pas l'air très intéressés, je les ennuie surement. Je ne peux pas vraiment les en blâmer. Je leur demande un pass pour la nuit, un accès aux coulisses pour voir le concert. Ils sont bien ici pour un concert? Ils tournent les talons, je m'affole, leur promets diverses choses. Ils vont s'en aller. Quand sur un coup de tête le bassiste  me propose un deal, je les impressionne et j'obtiens ce que je demande.
Je n'ai qu'à les impressionner.
Qu'à les impressionner.
Impressionner.

Merde! Comment je peux les impressionner à froid, dans cet endroit, sans rien sur moi?
Il ne me reste finalement qu'une seule chose à tenter...
La magie!
Je me frotte les mains un instant, j’espère que ça va fonctionner malgré la fatigue et la déshydratation, puis je les écarte devant moi, paumes vers le haut et je récite mentalement une incantation de niveau inférieur. Aussitôt quelques points lumineux se matérialisent au dessus de mes mains. Bien vite d'autres les rejoignent, quelques couleurs, du bleu, du rouge, elles se mélangent en un violet foncé et les étoiles viennent s'y incruster. Le tout se forme petit à petit, la vie nait entre mes doigts, des soleils, des planètes, quelques nébuleuses, une petite galaxie se forme au centre du cercle que nous formons désormais. Les membres du groupes semblent impressionnés, l'un d'eux tente d'intercepter une étoile filante mais elle lui brule la main en la percutant.
Je maintiens le micro univers quelques minutes encore puis le fait disparaitre d'un claquement de mains. L’exercice n'est pas très demandeur en énergie mais dans mon état je sens que je ne tiendrais pas beaucoup plus longtemps.

En tout cas ça a fonctionné, ils sont tout les cinq très enthousiasmés par ma démonstration et je gagne ainsi mon laisser passé pour le concert, l'after, toute la nourriture et la boisson que je peux vouloir.
La boisson.
L'alcool.
Le reste aussi.

 

Le volume est démentiel, je bouge avec la foule, le chanteur hurle les paroles et je ferme les yeux en me laissant bercer par la masse.
Le bruit, les vibrations, l'excitation. La sueur perle sur mon front, dans mon dos. La chaleur est intense.
Je suis dans la fosse, au balcon, au premier rang, au dernier, je danse au son des notes, me déhanchant, hurlant, me balançant. Je suis sur scène, dansant avec lui. Je suis dans la foule, hué et griffé par les groupies. Je bouge. Je change de place. Je me déplace plus vite que je ne le devrais. Je me souviens. Mais pas de tout. La sueur, les larmes, le sang. Tout est flou. Je rejette ma tête en arrière. Je hurle. Je me fais mordre, griffer. Le sang bat dans mes tempes. Mes mains sont poisseuses. Il chante et je crie. L'univers tourne au dessus de nos têtes. La mienne va exploser.

 

Soudain, le calme.
Est-ce-que je dors?
Non. J'ouvre les yeux. Tout est sombre. Une odeur de cigarette froide embaume la pièce. Mes yeux sont collés, je les frotte. Mes cheveux sont gras, mon corps emplis des excès de la veille. Je me lève du sofa que j'occupais et enjambe une fille à la jupe trop courte qui dort à même le sol. Je vacille, vidé de toute force, jusqu'à la fenêtre que j'ouvre en grand. La chaleur étouffante du désert me percute aussitôt de plein fouet et je referme la fenêtre aussi vite que mes membres empattés me le permettent.
De l'après concert je ne me souvient de rien et la vision d'apocalypse que j'ai en me retournant vers la pièce ne m'aide en rien. Des filles et des garçons étendus un peu partout, des bouteilles vides sur les tables, le sol et même sur l'unique armoire de la pièce. Des détritus partout, des meubles renversés. Je ne me souviens d'aucun d'eux, le groupe a disparu, ils ont du dormir dans de vrais lit, eux.
Envie de prendre une bonne douche, de me débarrasser de ces odeurs d'abus en tout genre. Je me frotte les yeux encore une fois et remarque que mes doigts sont tachés de rouge. Ça, la batterie qui résonne dans ma tête et mes muscles endoloris me font supposer que je n'ai pas abuser que de l’alcool la nuit dernière. Dans un soupir je me dirige en titubant vers la porte, je dois laver tout ça, je dois me reposer.
Dans le couloir encore des corps endormis, certains dans des positions compromettantes, d'autres simplement dans leur vomis. Je me traine jusqu'à une nouvelle fenêtre et regarde une fois encore dehors, toujours cette étendue vide et morne qui donne envie de se pendre. Je ferme les yeux en m'adossant au mur. J'ignore où se trouve la salle de bain. J'ignore même comment sortir d'ici. Alors que je me sens glisser contre le mur, prêt à me rendormir, je suis secoué par quelqu'un qui agrippe mon t-shirt au col. J'ouvre les yeux un tout petit peu plus réveillé et tente d'esquisser un mouvement pour repousser l’indésirable. Le mouvement n'ayant même pas atteint mon coude seule ma main griffe l'air d'un air mou et indécis.
Il me faut quelques secondes pour fixer mon regard sur l'individu qui se trouve face à moi mais finalement je reconnais l'homme qui m'a amené ici la veille. Que peut-il me vouloir? Un simple merci ne serait sans doute pas de trop mais dans mon état je ne sais même plus me servir de ma bouche et encore moins de mes cordes vocales, mises à rude épreuve la nuit dernière.

Mes yeux étant en train de se refermer il me secoue une nouvelle fois, plus fort et prend enfin la parole.
"On dégage. Maintenant."
Les informations trop vagues mettent plusieurs longues secondes avant d'être traitées et je ne réagis qu'alors qu'il me traine déjà dans les couloirs à grande vitesse.
"Attends. Pou-pourquoi on-on doit... par-tir?" Je trébuche et me retrouve à quatre pattes à moitié assommé par son poing qui, la seconde avant, me tenait encore par le t-shirt et que je viens de projeter contre mon nez. "Awh" râle-je en essuyant du dos de la main la morve teintée de sang qui s'écoule de mes narines. Ne s'attardant pas à me plaindre il me remet debout en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et me secoue une nouvelle fois. Ce coup ci je réagis en le repoussant aussi violemment que j'en suis capable.
J'ouvre la bouche, probablement pour l'insulter, mais il me coupe avant que j'ai pu prononcer un mot. Sa révélation me fait l'effet d'une gifle.
"Le batteur est mort. Toutes les preuves sont contre toi. Tu me suis maintenant sans faire d'histoires ou tu les laisses te lapider quand ils s'en rendront compte."
Je veux protester mais cette fois il me gifle pour de bon. Si fort que je vacille et dois me rattraper au mur à ma droite. "Tu n'as pas écouté ce que j'ai dis? Si tu veux vivre fais ce que je te dis!"
Bien sur que j'ai écouté mais je n'ai tué personne. Sauf que mes doigts sont bel et bien teintés de rouge. Et si c'était du sang? Et si ce n'était pas le mien? Ai-je pu le tuer sans m'en rendre compte?
L'homme, une fois encore, me sort de mes sombres pensées et m'entraine dehors, me trainant à sa suite comme un enfant en m'écrasant fermement le poignet de sa main puissante.

Voler deux chevaux et partir en galopant le long de la palissade qui s'étend toujours à l'infini est-ce bien raisonnable? Mais que pouvons nous faire d'autre? Que puis-je faire d'autre? Ma tête résonne de tout cela et je sens le peu d'équilibre que j'ai amassé me quitter, je m'affale alors à moitié sur l'encolure de ma monture, les doigts fermement emmêlés dans sa crinière, et la laisse suivre l'homme comme je le fit moi même le jour précédant.

Van bleu - Crédit : 33 Stewart Avenue
Crédit : 33 Stewart Avenue


 

Sean Finocchio
Sean Finocchio
Sean Finocchio

Vous devez vous dire que le titre de cet article n'a strictement rien à voir avec son contenu. C'est normal.
Il n'en a effectivement aucun.
C'est juste à cause d'une faute d'orthographe qui m'a fait rire quand je me suis relue.
En attendant, si je me retrouve un jour gérante d'un café ou d'un bar (ce qui est a peut prés aussi probable que jockey ou tailleuse de pierres tombales)  je pense que je l’appellerais comme ça. Ça a un petit coté Dernier bar avant la fin du monde. Sauf que c'est pas ça.

Aussi, je ne sais pas si c'est utile de le préciser mais je n'étais pas moi dans ce rêve, par contre j'ignore si j'étais un garçon ou une fille. J'ai écris au masculin parce que c'est ce qui me semblait le plus juste mais mon personnage était assez asexué en fait.

 

14 août 2012

Tatie Kob tu nous racontes une histoire?

Me revoilà =)
Enfin j’espère.

Il y a longtemps que je ne vous ai plus raconté d'histoire je crois, et comme je viens de participer à un swap où l'on recevait des consignes avec lesquelles on devait composer pour écrire une petite histoire je vais vous la partager.

J'ai mis les consignes après l'histoire, pour ne pas vous spoiler.

Mon histoire a plus au moins à une personne, ma swapée ^^ Je ne sais pas si beaucoup auront le courage de la lire, elle est assez longue, mais si vous le faites j'aimerais, comme d'habitude quoi, vos avis.
J'ai aussi un peu l'impression de m'être précipitée sur la fin, mais j'étais vraiment à la bourre pour rendre le travail. En fait j'aurais bien vu l'histoire continuer encore quelques cinquante pages... Ce sera pour une autre fois ;)
Allez bonne lecture aux courageux.

 


Ce matin là le vent était un peu froid, il faut dire que l'hiver n'était plus très loin, bientôt il serait aux portes de la ville et tous ses habitants entreraient dans une période longue d’au moins 3 mois où ils n'auraient plus aucun contact avec l’extérieur.
C’est que l'hiver était rude sur les Terres D'Orieux, et si le roi qui régnait là 4 siècles avant la révolte avait donné l'ordre à  son peuple de rester cloitré pendant les mois les plus froid, c'était pour éviter que la tempête qui faisait rage presque sans interruption à cette époque de l'année n'emporte encore nombre de citoyen trop braves ou trop fous pour s'aventurer en son sein.
Aujourd'hui en revanche, et ce depuis presque quatorze ans, de roi et de noblesse il ne restait rien. Quelques révolutionnaires avaient pris le château d'assaut  et, très vite rejoints par le peuple, un peuple rendu avide de pouvoir par un meneur beau parleur, ils avaient évincé le souverain et sa cour. Ensuite ils avaient dicté leurs propres lois et le beau parleur s’était fait élire gouverneur. Aussi incroyable que cela puisse paraitre la plupart de ses intentions étaient bonnes, réellement. Il souhaitait que tous soient heureux sous son commandement, que les jours soient prospères pour tous et que chacun se sente à sa place dans son pays. Malheureusement ni lui ni ses seconds n'avaient les compétences nécessaire pour faire fonctionner un tel royaume et jamais le peuple n'avait été aussi pauvre et miséreux depuis plusieurs siècles. Les querelles entre citoyens se faisaient plus courantes, jamais il n’y avait eu autant de mendiants dans les rues et aujourd’hui plus que jamais les différences entre les riches et les pauvres atteignaient leur apogée.
Néanmoins ce n'est pas cette histoire que nous relaterons ici, en tout cas pas directement.
L'homme qui nous intéresse ne se trouvait même pas à ce moment précis entre  les remparts de la ville. Et d'ailleurs il ne s'agissait même pas tout à fait d’un homme.

Des noms il en avait autant que de familles dans lesquelles il avait passé un bout de temps. De Matou à Pioupiou, en passant par Théophile et Ksss casses-toi connard. Mais celui par lequel il se présentait quand on prenait la peine de le lui demander c'était juste Bane. Pourquoi ce nom-là plutôt qu’un autre ? Ça ça fait son jardin secret, il ne faut point trop en dire.
Et c'est donc dans l'Immense Forêt jouxtant Orieux que nous retrouvons Bane, il tenait une bonne vitesse de croisière et espérait bien atteindre la ville avant son entrée en hibernation. Élégant et gracile il marchait entre les arbres majestueux, sautant parfois sur les énormes racines sortant de terre, courant aussi de temps à autre, pour chasser essentiellement, inutile de se fatiguer pour rien, le chemin était assez éreintant ainsi. Cela faisait 7 jours qu'il avait quitté la dernière ville et il espérait bien gagner la suivante dans les prochaines 48 heures, c'est que le temps se rafraichissait dangereusement, et même s'il avait roulé sa bosse un peu partout sur cette terre il n'était pas sûr de pouvoir résister à un hiver seul  dans l'Immense Forêt. Surtout que les possibilités pour qu’il puisse trouver refuge dans une cabane de chasseur ou d’Hermite avoisinait les zéros, puisque d’après ce qu’il en savait cette foret n’était habitée par absolument aucun être humain.  Il faut dire qu’il faudrait être sacrément fou aussi pour avoir envie d’habiter dans un endroit pareil, infesté de loups à six têtes et d’ours mal léchés d’environ 8 mètres de haut. C’est en tout cas ce que racontaient les histoires.

Pour tâcher de se réchauffer, au moins la cervelle, il se remémorait ses vieilles aventures alors qu'il marchait dans le froid grandissant tout droit en direction de la ville, du moins c'était ce que son instinct lui disait, et il se trompait très rarement.
Pendant un temps Bane avait vécu dans un monastère et il s'en rappelait avec gloutonnerie, parce que bien évidement il n'avait jamais été fait pour une vie pastoral, il s'était d'ailleurs fait jeter dehors après avoir fait une orgie de fromage et de vin. Non vraiment il ne regrettait pas son geste, ça aurait été un réel gâchis que de ne jamais connaitre un tel moment. Un peu plus tard il avait pris le bateau vers une destination dont il ne savait rien. Il était descendu du paquebot après 6 mois de labeur et avec deux anneaux dans l'oreille droite. Très vite il avait fait la connaissance de Samekikoto une geisha sublime avec qui il avait eu une relation particulière pendant presque une année. Mais après cela le désir de voir le monde s'était ré-infiltré dans ses veines et il l'avait quittée pour reprendre la mer. Il n’était pas fait pour rester au même endroit trop longtemps, il l’avait toujours su. Du Japon il garda un tatouage en forme de tigre sur le torse, bien vite camouflé par son abondante pilosité, et le souvenir de cette drôle de soupe remplie de légumes étrange et d’espèce de petits vermicelles qu’il n’avait pu gouter que là-bas.

Il commençait à se rappeler son arrivée dans un pays sec et chaud, un pays où il avait vu des hommes se faire enchainer par d'autres et travailler dur sous le soleil de plomb à longueur de journée. Un pays d'où il était ressortit à moitié mort à cause d'une histoire avec une fille du coin, ce qui lui avait laissé cette cicatrice, qui avait demandé 4 points de sutures pour se refermer, si sexy et prompte à engager la discussion avec de jolies inconnues, entre les deux yeux, quand il entendit des croassements devant provenir d'une grenouille gargantuesque au vu de leurs puissances. Plus bas mais tout aussi distinctement il entendit la voix d’un homme, ou d’une quelconque créature dotée de la parole, qui lui demandait de rester tranquille.

La curiosité, et peut être un peu l'ennui aussi, l'emporta sur son empressement à arriver à la ville d'Orgieux rapidement et Bane se dirigea à pas de velours jusqu'à l'origine de ces bruits. Autant rester prudent, il se pouvait très bien qu’il ait affaire à un adversaire plus puissant que lui.
 Sans grande surprise pourtant, ce qu'il découvrit à peine 200 mètres en aval fut précisément ce qu'il s'était attendu à trouver, autrement dit un homme accroupi dans une eau vaseuse, un bâton dans une main, une sorte de besace dans l'autre, et discutant avec une grenouille qui semblait ne même pas le voir.
Bane se demanda s'il devait intervenir, de toutes évidences l'homme était un débutant dans l'attrapage de grenouille, hmm non pas seulement dans l'attrape de grenouille, en fait cet homme ne semblait pas du tout à sa place dans cette foret, soit ils étaient plus proche de la ville qu'il ne l’eut cru, soit il s'agissait d'un vrai miracle, pour lui, que l'homme soit encore vivant après un séjour d'au minimum deux jours dans l’Immense Forêt.
-    Si j'étais toi l'ami j'y toucherais pas.
Bon ben oui, Bane peut être un vrai gentleman parfois, et là il avait décidé qu’il ne laissera pas Mr "j'ai retroussé le bas de mon pantalon pour ne pas le salir dans la vase" se faire empoisonner par une grenouille de bénitier qui le ferait se tordre de douleur des heures durant avant de lui laisser enfin  l‘occasion d’expirer son dernier souffle dans un râle d’agonie s’il avait la mauvaise idée de tenter de la manger. Enfin ça c’était dans le cas le plus malheureux. Si l’homme était allergique au poison de la grenouille par exemple. Chose qui pouvait très bien se révéler exacte.
-    Quoi? Qui est là? demanda l'homme en se redressant, faisant par la même fuir la grenouille qui accaparait encore toute son attention la seconde d'avant. Rah! Soyez maudit… Qui que vous soyez ! Vous avez fait fuir mon repas!
Bane était monté sur une branche d'arbre à environ deux mètres et demi du sol, à la fois par sécurité mais aussi parce qu'il aimait surplomber la scène, quelle qu’elle soit. Il s'y était allongé mais se redressa et s'étira, faisant volontairement bouger d’autres petites branches pour attirer enfin le regard de l'imprudent sur lui.
-    Ça vaut mieux pour vous, vous vous apprêtiez à chasser une espèce des plus vénéneuses. Vous seriez mort avant d'en avoir avalé la première bouchée si je n’étais pas intervenu.
Bon ce n’était peut-être pas tout à fait vrai, en réalité l’homme risquait surtout de se tordre de douleur pendant 3 jours, voire même d’être pris d’hallucinations. Mais indirectement cela risquait fort de le mener à sa perte quand même vu qu’il reviendrait presque à coup sûr en ville après la fermeture des portes.
L'homme regarda Bane un instant, puis soupira et tourna les talons pour sortir du lac puant du côté opposé. L'aventurier, quelque peu vexé sauta de sa branche et vint se poster devant l'homme qui s'était assis sur une souche dans l’intention de se nettoyer le bas des jambes avant de remettre ses élégants mocassins.
-    Faut surtout pas me remercier! On vous a jamais appris la politesse? Oh l’abrutit qui veut boulotter des grenouilles toxiques je te parle! L'homme jeta un regard méprisant sur Bane alors qu'il se redressait  et écarta l’opportun d'un coup de pied.
-    Je cause pas aux bestiaux. Question de principe.

Voilà précisément le genre de phrase qui met notre héros, si tant est que nous puissions parler d’un héros,  de très mauvais poil (là par contre la métaphore s’y prête à merveille), il gronda et sauta sur la jambe de l'homme toutes griffes dehors lui faisant perdre l’équilibre. Il manqua de se faire marcher dessus, esquiva, mordit l’humain dans le genou au point de lui arracher un petit morceau d’étoffe et, profitant du mini chaos qu'il venait de créer, choppa le sac de ce grossier merle entre les dents avant de rejoindre une branche trop haute que pour que l'idiot ne puisse le lui reprendre. Lui laissant bien sur au passage de belles traces de dents et de griffes sur les mollets. Comme il se doit.
Ah oui c'est vrai, il est un détail que nous n'avons pas encore abordé, en fait Bane est, a toujours été et sera toujours... Un chat. Un chat avec une jolie couleur marron sur le dessus et crème sur le dessous. Et bien sur un chat doté de paroles et, si ce n’est d’intelligence, au moins de réflexion. Comme de nombreux animaux à cette époque en fait.

Tout venait soit disant d'un serpent qui, plusieurs siècles auparavant aurait été touché d'une grâce divine, ou démoniaque, c’est une information qui varie en fonction du narrateur, et c'était mis à parler. Bien vite, et ce par simple contact avec un animal « infecté », ce don c'était étendu à bien des animaux et bien des espèces telle une épidémie, et aujourd'hui la plupart d’entre eux (les animaux) avaient choisi de faire usage de leurs cordes vocales toutes neuves, entre autre pour faire valoir leur droits. Certains militaient pour le droit de vote, d’autres pour qu’on leur reconnaisse le droit de vivre leurs romances inter espèces en toute légalité, d’autres encore pour qu’on leur ouvre l’accès aux banques, aux crédits immobilier, à l’enseignement obligatoire… Malgré tout certains semblaient toujours se complaire dans leur seule utilité de bête de somme et restaient invariablement muets. Ceux-là étaient généralement encore plus exploités et méprisés par les autres animaux que par les humains, comme pour leur faire regretter leur docilité aveugle.

-    Non mais je rêve... Non content de m’affamer et de m’attaquer tu m'as piqué mon sac espèce de sale bête.
Croisant ses pattes avant devant lui le félin regarda l'homme qui se dandinait au pied de l'arbre avec un petit sourire en coin. Si tant est possible qu'un chat puisse avoir un sourire en coin du moins. Il allait lui apprendre le respect à ce voyou.
-      Et donc tu voyages seul alors que tu n'es même pas fichu de faire la différence entre les animaux comestibles et ceux qui ne le sont pas? L'homme le regarda incrédule puis ajouta
-       Toi tu me sembles comestible, et si je t'attrape…
-       Là est justement tout l’intérêt de ce petit manège. Jamais tu ne m'attraperas humain. Je puis monter aux arbres et toi non. J'entends les sons à plusieurs kilomètres et toi non. Je sais où je vais et toi non. Je suis intelligent et toi…
-       Qui te dis que je ne sais pas où je vais? Je sais parfaitement où je suis et vers où je me dirige.
-       Mais bien sûr. Tu es donc fou ? Il n’y a qu’un fou qui se promènerait dans l'Immense Foret en mocassins. Et s'y promènerait suffisamment longtemps que pour devoir chasser… En mocassins donc.
L'homme dissimula du mieux qu'il put une grimace, certes il était un peu égaré mais il avait espéré que cela ne se voie pas trop. Bane sauta sur l'occasion, mais sans toutes fois descendre de son perchoir.
-    Tu sais l'ami ça fait une semaine que je marche dans cette forêt et la solitude commence à me peser un peu. Acceptes de me tenir compagnie et je te conduirais sur les Terres d'Orieux.

Une semaine? Mais ce chat devait être encore plus perdu que lui se dit l'homme. Pourtant il semblait très sûr de lui, et au fond s'il venait d'un autre village qu’Orieux une semaine était même plutôt un délai assez court pour avoir traversé l'Immense Forêt. De plus sans guide il risquait de lui falloir bien plus que cela pour en sortir lui-même, et s'il arrivait après la fermeture des portes il n'aurait plus qu'à mourir contre celles-ci en priant qu'un garde ait pitié de lui avant qu'il ne rende véritablement son dernier souffle. Ce qu'il savait plus que pratiquement impossible.
-    Bien... J'accepte.
Une onde d’excitation traversa le corps de Bane, enfin quelqu'un à qui faire la conversation! C’est qu’il était du genre pipelette le matou et il n'en pouvait plus de faire la conversation à tous les petits animaux qu'il chassait dans l'espoir qu'enfin l'un d'eux finirait par lui répondre.  Auquel cas bien sur il l’aurait épargné.
-    Bien! Dans un premier temps nous allons quitter cet endroit, il risque d'être infesté d'affreux farfadets  d'ici quelques heures, comme tous les marais. Ensuite nous nous installerons un camp pour la nuit, elle ne va plus tarder.
Les deux compères levèrent donc le camp et le reposèrent plusieurs kilomètres plus à l'ouest. En chemin Bane parla, parla, parla... Ah ce que ça lui avait manqué de se divertir ainsi la langue. Il permit tout de même à son acolyte de formuler deux ou trois phrases, des réponses à des questions qu'il lui avait posées surtout, et il apprit qu'il se nommait Fergus, qu’il n’était pas marié, pourtant il semblait avoir la trentaine passée, il ne devait ni être de bonne compagnie, ni un bon partit, et… Hmm et bien pas grand-chose de plus.

Pour leur premier repas à deux ce soir-là, et voyant que son compagnon n'était pas du genre à savoir se débrouiller tout seul, Bane se remua un peu et chassa un lapin au lieu de ses habituels musaraignes et mulots.
Il eut quand même le plaisir de voir que l'homme avait allumé un feu et que pour la première fois depuis une semaine il allait manger un repas chaud en se faisant roussir le poil au contact du foyer.  Et oui, il avait beau être intelligent, vous avez déjà essayé d’allumer un feu avec des coussinets ? Et bien lui oui ! Et il avait aussitôt décrété l’activité bien trop dangereuse pour ce qu’elle lui rapportait.

Au petit matin Fergus fut le premier à se réveiller et il eut la surprise de retrouver le chat endormit sur ses genoux, en fait le matou pouvait être mignon quand il se taisait et qu’il ne lui faisait pas la morale. Il laissa ses doigts glisser dans le pelage de l'animal et le caressa quelques instant avant que celui-ci ne se réveille à son tour.
Bane émergea doucement, se demandant qu’elle était donc cette agréable chaleur sous lui? Jamais il n'avait connu de branche si douillette. Hmm à bien y réfléchir jamais n'avait-il non plus connu de branche qu'il lui lustre le poil de la sorte de bon matin, sans s’être prit une cuite la veille s’entend. Un instant il se rappela cette douce sensation qu'il avait connue quand il n'était qu'un chaton qui se blottissait contre le flan de sa mère. Presque immédiatement pourtant cette sensation fut remplacée par celle des douces effluves qui provenait des pots de maquillage de Samekikoto alors qu'elle se préparait à sortir tout en le cajolant sur ses genoux juste recouvert de l’étoffe de son kimono. Alors, doucement, il ouvrit les yeux et les posa sur l'agréable personne qui lui prodiguait ses quelques soins.
Le costume n'était pas très féminin, en plus cet humain n'avait même pas de seins, hmm non il ne s'agissait vraisemblablement pas de sa douce geisha, d'ailleurs qu'aurait-elle fait assise contre un arbre dans l'Immense Foret? Son regard remonta sur le torse de l'inconnu et enfin il trouva une paire d'yeux auxquels s'accrocher. Hmm il s'agissait visiblement du crétin qu'il avait recueilli la veille. Et le crétin le regardait. Et puis il y avait ce poids agréable sur son dos, ses mouvements qui faisaient frémir jusqu'aux poils de ses moustaches. Doucement, comme dans un songe, il laissa glisser son regard jusqu’à l’épaule de l’homme avant de suivre des yeux son bras, bras qui se terminait bien naturellement par une main, vaguement rosée, quoiqu'un peu sale, et qui était posée... Hmm, eh bien oui, sur son pelage qu'il avait tant pris soin de lustrer le soir précédant.
Ce qui se passa ensuite se passa très vite; le chat bondit des genoux de l’homme, lui souffla agressivement dessus, fit encore un bond pour se mettre hors de portée, de toutes façons avant de l'attraper il faudrait encore que ce lourdaud se remettre debout, hors il venait de passer la nuit assis contre un arbre et avec un poids d'environ 6 kilos sur les jambes, autrement dit il risquait fort d’être un peu rouillé. Puis Bane s’élança et en un bond plus ou moins gracieux et contrôlé, se retrouva sur une branche base d’un arbre multi centenaire. Trois bonds de plus et il trônait à trois mètres du sol, regardant Fergus avec une haine non dissimulée.

-    Dis donc humain, depuis quand sommes-nous si intime? Quand t'ai-je donné l'autorisation de me toucher? La dernière phrase il la cria, franchement choqué d'avoir passé la nuit sur les genoux de cet homme stupide.
-    Non mais oh le chat, c'est toi qui est venu te blottir j’te ferais dire.
S’en suivit tout une myriade d’insultes et de vagues explications claudicantes.
Leur cohabitation forcée n'était pas des plus heureuses, c’était le moins que l’on puisse dire. Malgré cela ils était parfaitement conscients l’un comme l’autre qu’il leur restait un sacré bout de chemin à faire. Et si Bane aurait sans problème pu le faire seul, Fergus lui avait impérativement besoin du chat s’il voulait sortir un jour de cet endroit. Il remballa donc ses affaires alors que Bane descendait de sa branche et tous deux se remirent en marche vers la ville. Ce matin, et ce probablement à cause de leur réveil loin d’être idyllique, le chat fut bien moins bavard qu’au moment de leur rencontre. L'homme aux mocassins, nullement dérangé par ce changement chez mon compagnon de voyage, profitait du calme ainsi offert.

Ce ne fut qu’après une bonne heure de marche, alors qu'ils traversaient une petite clairière, que le silence qui les avait accompagné jusqu’à lors fut interrompu par un bruit d’hélice. Un bruit puissant qui présageait l’arrivée qu’un vaisseau particulièrement gros. Et, comme ils l’avaient présagé, bientôt une ombre gigantesque recouvrit l'espace découvert où ils se trouvaient. Bane couru se mettre à couvert, par habitude dirons-nous, alors que Fergus se contenta de lever la tête vers l'énorme ballon dirigeable qui les survolait. A son bord, sur une passerelle extérieure, le chat, dont les yeux étaient une bonne centaine de fois plus puissants que ceux d'un humain, pu voir un nombre hallucinant d'hommes armés et un autre, au milieu d'eux, dont la silhouette ne lui était pas totalement inconnue, un homme grand et qui en imposait, même à cette distance.  Pendant un instant il ne parvint pas à savoir d’où il connaissait cette silhouette mais il était persuadé d’avoir déjà eu l’occasion de le rencontrer, ou tout au moins de le voir, ne serait-ce qu’en affiche. Puis enfin la mémoire lui revint, non sans l’intriguer au plus haut point.
Le dirigeable les dépassa rapidement, s'il cherchait quelque chose ce n'était pas eux, et Bane accourut aux pieds de son humain de compagnie.

-    C'était le gouverneur... Tu l'as vu? Que fait-il ici?
Fergus répondit juste d'un marmonnement et reprit sa route, l'air visiblement embêté. Bane n'eut pas à insister longtemps avant que l'homme ne se mette à table de lui-même et ne lui explique ce qu'il savait.
-    Il cherche une fille...
-    Comme nous tous. Fergus lança un coup d’œil exaspéré à son compagnon avant de poursuivre.
-    Une fille en particulier. Elle s’appelle Ana, c'est... la fille de l'homme pour qui je travaille. Il doit l'épouser. Le gouverneur, pas mon employeur. Enfin il devait, avant qu'elle ne disparaisse. Le chat le regarda d’un air suspicieux.
-    C'est quoi ton boulot?
-    Je suis avocat. Bane leva les yeux au ciel avant de répondre.
-    Ouais c’est ça, et moi je suis-je suis un pingouin en couverture.
-    Un quoi ? C’est que pour un avocat qui n’avait pas eu l’occasion de voyager autant qu’un vulgaire chat de gouttière doté de parole, un pingouin c’était tout bonnement inimaginable.
-    Rien, oublie. Mais dis-moi plutôt, depuis quand on envoie un avocat au beau milieu de la forêt… Non, de L’Immense Foret ( !),  pour retrouver une fille de la haute ?
-    Je n'ai jamais dit qu'on m'avait envoyé la chercher!
-    Alors qu’est ce tu fous ici?
-    Ni qu’elle était de la haute…
-    Feg’ putain !
Fergus aurait volontiers tenté de faire dévier la conversation  en demandant au chat depuis quand ils en étaient à se donner des petits surnoms ridicules mais il savait que toute tentative serait vouée à l’échec. Donc, après avoir bougonné quelques minutes il se mit finalement à table et c’est ainsi que Bane appris la véritable raison de la présence de l’avocat en ces lieux.

La jeune fille dont il était question, Ana, était la fille d’un modeste cuistot d’Orieux. Modeste du moins avant que le gouverneur ne se retrouve, un jour de tempête, coincé dans son échoppe et ne s’y fasse inviter à manger. Après cette soirée il avait non seulement proclamé le petit restaurant comme étant le meilleur de toute la ville, ce qui avait eu pour effet direct un afflux de clients tel que le patron avait dû engager des serveurs supplémentaires et en avait profité aussi pour faire des transformations et agrandir son établissement . Mais il était aussi tombé sous le charme de la jolie serveuse qui lui avait servi son repas, serveuse qui n’était autre que la fille du chef elle-même.

Quand le gouverneur avait demandé sa main son père en avait été ravi et c’était empressé d’accepter,  mais contre toutes attentes, la demoiselle, elle, s’y était fortement opposée. Elle n’avait pu se résoudre à expliquer la véritable raison de son refus à ses parents vu que celle-ci était qu’elle fréquentait depuis de nombreux mois un autre homme et qu’elle ne souhaitait nullement devoir en épouser un autre que celui-là. Et encore moins un arrogant comme le gouverneur. Elle avait donc fait une scène, comme toute jeune fille de 17 ans l’aurait fait, arguant qu’il était tout bonnement inacceptable qu’à cette époque l’on puisse encore tenter de forcer quiconque à se marier avec une personne qu’elle n’aima pas.

Feg continua d’expliquer que c’était à ce moment-là qu’il était entré en scène, le père ayant fait appel à lui pour qu’il trouve une loi, quelle qu’elle soi, qui l’autoriserait à forcer sa fille à dire oui devant monsieur le curé. « Au début j’étais déjà pas très chaud, avoua t-il, mais quand elle m’a expliqué sa raison, avec ses yeux embués de larmes, sa lèvre tremblante et en s’agrippant à mon veston avec ses doigts si fins… Enfin je n’imaginais pas qu’elle…  Enfin que je… Il se racla la gorge pour cacher son trouble et continua. Enfin quand elle a disparu je me suis dit qu’elle s’était enfouie et vu qu’elle m’avait déjà parlé de cette envie idiote de traverser l’Immense Foret pour aller voir ce qui se passe de l’autre coté (ndla : Orieux étant à ce point coupée du reste du monde, d’un côté par l’Immense Foret et de l’autre par les Landes Mortifère, remplie de marécages en été, véritable désert de glace en hiver, que la plupart de ses habitants ne s’en étaient jamais éloignés de plus d’une demi-journée de cheval) que j’ai pensé qu’elle avait dû s’enfuir par là. Je ne comprends pas pourquoi elle ne m’en a pas parlé avant ! Comment a-t-elle pu penser qu’elle pourrait s’en sortir seule ici ? »

Le chat n’ajouta rien, même si à son avis celui qui avait pris le plus de risques en s’aventurant seul dans l’Immense Foret c’était surtout Fergus.
Il lui semblait évident aussi, à cause de la façon dont Feg parlait d’elle, qu’il y avait un peu plus entre eux, et de là à se dire que l’homme aux mocassins et à la besace était celui dont la jeune femme semblait éperdument amoureuse il n’y avait qu’un pas. Que Bane ne franchit pas, parce qu’en fait il n’avait aucune envie d’être mêlé à cette affaire. Si l’avocat souhaitait effectivement retrouver la fille pour s’enfuir avec elle et l’épouser au nez et à la barbe du gouverneur il valait mieux pour le chat, s’il voulait avoir une chance de passer l’hiver tranquille du bon côté des remparts, qu’il ne soit même pas vu en présence de Fergus.

Néanmoins, et malheureusement pour sa tranquillité, il n’était pas un si mauvais gars et il tacha de se remémorer son voyage avant sa rencontre avec Fergus, il n’avait repéré aucune trace de passage humain et n’avait même rien entendu de suspect. Bien sûr ça ne voulait pas dire que la fille ne se trouvait pas dans l’Immense Foret, parce que la particularité principale de l’Immense Foret est… Qu’elle est immense et qu’il est donc facile de ne pas y remarquer quelqu’un, voire de l’y perdre.

Malgré tout ils n’avaient aucune preuve qu’elle s’y trouvait bien et continuer à l’y chercher en étant si peu équipé et à la veille de l’hiver était une idée tout bonnement suicidaire. Bane en fit part à son compagnon et tous deux décidèrent qu’ils devaient d’abord regagner la ville. Après tout c’était encore une adolescente et il était plus probable qu’elle ait trouvé refuge chez une amie que dans une forêt hostile.
Il leur fallu un peu plus d’une journée pour faire le reste du trajet et se retrouver aux portes de la ville, où  ils entrèrent sans difficulté, Fergus en étant un de ces habitants et Bane n’étant jamais qu’un chat, pour peu qu’il attrapa quelques rats durant son séjour il y serait accueilli à coup de bol de lait et de caresses chez la plupart des villageois.
Ce soir-là le dirigeable rentra lui aussi, pour ressortir le lendemain et le surlendemain, cherchant toujours trace de la fugitive. Puis le troisième jour les lourdes portes se refermèrent  sur les trois issues que comptait la ville et sa longues hibernation commença.  

Pendant les trois mois qui suivirent Bane s’installa chez Feg et se dernier reprit son travail, sans pour autant abandonner les recherches concernant Ana. Le gouverneur ne l’avait pas retrouvée, son père n’avait plus eut de ses nouvelles depuis sa fugue et ses amies prétendaient ignorer où elle se trouvait mais ne semblaient pas vraiment attristées par sa disparition. Fergus tenta plusieurs approches de ce côté-là mais toutes échouèrent. Ces soirs là il se renfrognait totalement sur lui-même et semblait au plus bas, puis deux ou trois jours plus tard il se servait un cognac, en servait un au chat, et lui racontait une nouvelle partie de leur histoire.

Il connaissait Ana depuis un an environ, plusieurs fois ils étaient sortis ensemble et c’était amusé ensemble. Elle était plus jeune que lui mais elle était intelligente et réfléchie, ça lui plaisait, puis il devait aussi reconnaitre qu’elle savait y faire dans l’intimité, ça il ne l’avoua qu’après plusieurs défaites, et plusieurs verres de cognac aussi. Pas qu’il en ait honte, mais dans ce coin du monde on ne se vante pas d’avoir défloré une jeune fille qu’on a  nullement l’intention d’épouser, moins encore quand on jouait sur plusieurs tableaux à la fois au moment des faits, et encore moins quand la jeune fille n’avait pas remis les pieds chez elle depuis des semaines et que personne ne semble avoir la moindre idée de l’endroit où elle pouvait se cacher. Et oui, à l’origine il n’avait jamais vraiment imaginé un avenir sérieux avec elle. Elle était une de ses jolies poupées avec qui il s’amusait un temps puis dont il se séparait d’un commun accord, d’ailleurs elle semblait papillonner elle aussi, c’était l’impression qu’elle donnait en tout cas. Enfin ça c’était jusqu’à ce qu’il ne lui parle après avoir été convoqué par son père, qui ignorait tout de leur aventure bien sûr, comme tout le monde en fait, excepté quelques amis des deux côtés, des gens de confiance qui n’iraient pas cafter au père, ou pire au gouverneur, qui espérait une épouse vierge comme une nonne, et qu’il avait vu cette tristesse et cette passion dans son regard. Il ne s’était pas rendu compte qu’elle l’aimait à ce point, il l’avait toujours pensée volage et indomptable, mais à cet instant elle lui était apparue comme la jeune fille la plus amoureuse du monde, et comme cet amour convergeait uniquement  vers lui il avait immédiatement voulu la faire sienne et lui être fidèle jusqu’à la mort.
Oui mais seulement elle était désormais promise au gouverneur et en plus elle avait disparu.

Les mois d’hiver passèrent et peu à peu le soleil refit son apparition, sur les marchés et dans les petits salons tout le monde ne parlait que de l’ouverture prochaine des portes. D’habitude, chaque année, une grande fête durant toute une semaine était organisée pour célébrer l’ouverture des portes, tout le monde s’amusait, buvait, mangeait, revivait après tous ces mois enfermé. Seulement cette année le beau temps c’était fait désirer et l’ouverture allait correspondre à la période de plantation dans les champs qui entouraient les hauts murs de la ville. Les fermiers avaient beaucoup fait parler d’eux, ils refusaient que pendant qu’ils seraient en train de planter pour la communauté, celle-ci fasse la fête en les oubliant, et finalement ils avaient obtenu un accord de tous les villageois, cette année pour la première fois, dès l’ouverture des portes tout le monde se précipiterait aux champs, tout le monde aiderait à la plantation et grâce aux forces combinées de tous un chacun, à leur soif de big fiesta, et sous les instructions des hommes de métier,  tout devrait être pilé en trois jours. Après cela ils pourraient enfin faire la fête qu’ils attendaient tous.
Ce jour-là donc, celui de l’ouverture,  toute la ville c’était réunie devant les portes, attendant impatiemment qu’elles s’ouvrent sur les vastes étendues de champs à fertiliser.
 
Bien sur Fergus était là aussi, ce n’était de toutes façons pas comme s’il avait vraiment eu le choix, et Bane, n’ayant rien de mieux à faire et particulièrement curieux, l’avait accompagné. Au moment de l’ouverture il faillit se faire piétiner, si bien que Feg le prit sur son épaule et que c’est dans cette position qu’ils rejoignirent le champ où ils avaient été affectés.
La journée passant Bane chassa quelques mulots histoire de dire pendant que les hommes et les femmes trimaient dur sous le soleil vraiment plus timide. Il en était à se dire qu’il n’accompagnerait probablement pas son humain le lendemain quand une fille travaillant à une vingtaine de mètres d’eux attira son attention. Ana il en avait tellement entendu parler au cours de ces derniers mois qu’il s’était persuadé qu’il pourrait la reconnaitre s’il la croisait dans la rue. Mais honnêtement il ne s’attendait pas à ce qu’elle ressembla à ce point à ce qu’il avait imaginé. La jeune femme qu’il dévisageait  à cet instant était en tous points semblables à celle qu’il s’était représenté en écoutant Feg en parler. Enfin en tout point sauf un, et de taille…

La fille était de taille moyenne et élancée, Elle portait une robe blanche à pois rouge, pas vraiment l’idéal pour travailler dans un champ mais elle semblait vouloir attirer l’attention sur elle, sinon pourquoi se serait-elle habillée de façon si voyante ? Ses longs cheveux bruns étaient remontés sur son crâne et maintenus par un  large chapeau de paille autour duquel était noué un foulard rouge. Elle bêchait le sol et semblait rayonner de bonheur alors qu’elle discutait avec les filles qui l’entouraient. Bane voulu prévenir Fergus, lui indiquer que pile devant eux se dressait une fille qui semblait tout droit sortie de sa tête, de son imagination, une fille qui convenait à 100% à l’image qu’il lui avait transmise de celle qui faisait battre son cœur. Enfin tous sauf un détail.
-     Hé Feg…  
Un simple coup d’œil dans sa direction et le chat comprit que c’était inutile, qu’il l’avait déjà repérée. Il aurait dû être ravi, lui sauter au coup, la sermonner, lui demander pourquoi elle ne l’avait pas contacté… Mais il restait arrêté sur ce détail qui chiffonnait.
-     Feg… Elle…
Inutile encore, Fergus, semblant avoir attendu ces deux mots pour se mettre en marche, lança un regard vers celui qui au fils des mois était devenu son ami, hocha la tête et se dirigea vers le petit groupe de filles.
-    Ana…
-    Oh Fergus ! Ca fait si longtemps !
-    Ana tu as disparu pendant tout ce temps… Mais où étais tu ? Je… Ton père ! Le gourver…
-    Chut ! Viens avec moi.
Elle prit la main de l’homme et l’emmena un peu à l’écart.
-    Désolée, j’aurais dû te prévenir, tu étais de mon côté je le sais… Mais j’avais tellement peur qu’ils ne m’attrapent. Pardon Fergus, je ne pouvais pas les laisser gâcher ma vie.
-    Ana... Je ne suis plus sur de comprendre… Tu es restée cachée trois mois durant et maintenant tu sors… Tu parles avec tes amies comme si de rien n’était… Elles étaient au courant ? Pourquoi n’es-tu pas venue me voir ? Ana je t’…
-    Hmm hmm, elle secoua la tête de droite à gauche en le faisant taire. Personne n’était au courant sauf lui.
-    Lui ?
-    Oui, je te l’ai dit tu te souviens ? Je t’ai dit que j’étais tombée follement amoureuse.
-     Tu as dit que tu étais tombée amoureuse…
-    Oui. Tu n’as pas oublié quand même ?
-    Non, bien sûr que non.
Seulement ce qui était en train de tomber là c’était plutôt les forces et l’espérance de Fergus.
-    Il m’a aidé à me cacher pendant tout ce temps. On s’est marié il y a deux mois ! Oh Fergus je suis si contente ! On aurait pu sortir à ce moment-là mais j’avais peur qu’ils trouvent un moyen d’annuler le mariage.
-    Ton ventre…
-    Oui ! C’est pour ça qu’on a attendu. Ça fait trois mois maintenant, ça se voit et ils ne peuvent plus rien nous faire. Ils vont devoir accepter que lui et moi on est mariés… Et qu’on sera tout bientôt une vraie famille.
Fergus ne pouvait à la fois assimiler ce que son aimée venait de lui dire et détacher ses yeux de ce ventre rebondit dans lequel se formait une nouvelle vie de laquelle il n’était nullement responsable.
-    Oh Fergus je suis si heureuse. Tellement heureuse… Oh le voilà !
Elle fit un signe de main à un homme qui s’approchait, embrassa rapidement Fergus sur la joue et s’éloigna aussi gracieusement que son embonpoint ne le lui permettait.

Bane avait bien sur assisté à toute la scène, et s’il était vraiment désolé pour son ami il ne pouvait s’empêcher de pousser un soupir de soulagement intérieur. Cette fille, si elle était devenue sa femme, aurait non seulement perturbé leur cohabitation naissante mais elle lui aurait aussi fait courir bien trop de risque pour un petit avocat.
Il bondit sur une brouette pleine d’outils et vint frotter sa tête contre le bras de Fergus et émettant un son proche du ronronnement.
-    Hé l’ami tu vas pas te laisser abattre pour une fille…
-    …
-    Je vais te dire un truc que j’ai jusqu’à présent gardé pour moi. Si je tenais à ce point à passer l’hiver ici c’était pour la fête que vous donnez pour l’ouverture des portes. Cette fête est connue à des kilomètres et des kilomètres d’ici mais rare sont les étrangers qui ont eu la chance d’y assister vu qu’on ne sait jamais quand elle va débuter
-    Bane c’est pas le moment de…
-    Au contraire ! C’est pile le moment mon frère.
-    Mon frère ? Un rictus naissait aux coins des lèvres de l’homme, décidément ce sale matou allait peut être se révéler utile s’il arrivait à lui changer les idées.
-    Parfaitement, mon frère. Dis-moi Feg, c’est quand la dernière fois que tu es sortis de ce patelin ?
-    Il y a 4 mois environ, quand tu m’as trouvé dans les bois. Un regard du chat, un sourire contrit de l’homme, non il n’était jamais sorti d’Orieux, jamais pour de vrai.
-    C’est fini cette vie pépère mon vieux ! On va profiter à fond de cette fête, parce que bon c’est quand même pour ça que je suis là, ensuite je reprendrais la route, et je compte sur toi pour venir avec moi. T’as pas envie de voir le monde ? D’oublier cette pimbêche ? De rencontrer des filles 10 000 fois plus charmantes et moins engrossées ? Tu vas voir mon Feg, le monde est  bien plus intéressant et incroyable que ce que tu peux imaginer en n’ayant jamais quitter cet endroit. Des choses plus grandes t’attendent. Et je vais te montrer le chemin.
Bane était remonté, il voulait montrer le monde à Fergus, celui qu’il avait déjà bien parcouru. Il voulait lui faire oublier son chagrin.
Pour toute réponse Feg esquissa d’abord un sourire, ébouriffa la tête du chat et repartit vers son sillon.

Il aurait pu en rester là mais il se retourna et ajouta sur un ton plus enjoué que tout ceux qu’il avait pu avoir depuis que Bane le connaissait.
-    Tu devrais nous donner un coup de main mon pote. Plus vite cette récolte sera plantée plus tôt la fête commencera.

 


Rappel des consignes (données par La Farfa) :
Le perso principal : un chat, de gouttière, avec un joli pelage marron et crème. (et avec un pitit nez rose! ^^)
Le perso secondaire : Un avocat, trentenaire, plutôt mignon, célibataire mais hyper con et macho.
Le lieu : Le récit se passe, pour la majeure partie, dans une grande forêt. (et pour une petite partie au moins, dans un champs de maïs)
5 mots à inclure dans le récit: bénitier, suture, vermicelle, surprise, geisha. (Ne me remercie pas, c'est de bon cœur.  XD)
Une contrainte obligatoire : Le thème se déroule dans un milieu style steampunk, avec des machines à vapeurs, des rouages etc etc. Le chat est intelligent évidemment.  )
Bon ben, bon courage hein. J'espère que tu vas bien t'amuser à délirer sur mes âneries.   (et que tu ne me maudiras pas trop. )

Bon en fait Fergus ne reste pas très longtemps con et macho ^^ mais pour le reste ça va je crois =)


Et en supplément la version du chat par Sieu K après qu'il ait lu les consignes.
Ça ressemble un peu à un Bane qui se serait tourné vers le coté obscure de la force  =p
Ou peut être qu'il ressemble à ça quand il chasse le mulot  °O°
En tout cas pour la cicatrice on ne s'est même pas mis d'accord, on l'imaginait tout les deux avec ^^

cha copiePetite précision : Le titre est une référence à Père Castor. Aucun de mes neveux et nièces ne m'appelle comme ça. J'ai refusé le titre dés la première née ;)

 

 

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21 septembre 2011

Dalle froide 2eme partie

Hello à tous.

 

J'ai remarqué un p'tit truc, c'est que les jours ou j'ai le plus de visites ce sont ceux ou je ne poste que du texte... Vous préférez lire que de regarder des p'tites images? Bah je vous comprends c'est mieux  parfois et puis ça tombe bien, je vous l'ai dis j'écris pas mal pour le moment, même si je ne posterais jamais ici la plupart des trucs que j'ai tapé ;) (et ce quoi que vous puissiez me dire pour essayer de me faire changer d'avis. Ce qui ne veut pas dire que ces textes soient introuvables... Enfin pas tous)

Donc bon, après que plusieurs d'entre vous ne me l'ai demandé je me suis attaquée à la suite de mon premier rêve (c'est par ici pour le début). Par contre pour moi dés le début  la suite était évidente, ou en tout cas la direction qu'elle prendrait. Ça reste relativement soft mais ce n'est peut être pas un texte à mettre sous tout les yeux! Vous êtes prévenus et j'aimerais éviter les critiques du genre "Mais ça va pas d'écrire des trucs comme ça, fait être fou" ou autre du même style, voir pire... Vous êtes prévenus que ça peut choquer certaines personnes. Donc si vous ne vous sentez pas assez ouverts, soit vous décidez de vous même de ne pas lire soit vous prenez vos responsabilités en le faisant, ce serait gentil ;)

Encore une chose, sur ma façon d'écrire cette fois, pour la première partie je savais ou je commençais et ou j'allais puisque j'avais déjà "vu le film" dans ma tête, pour cette suite j'ai laissé les événements et les personnages me guider comme bon leur semblait. Je n'ai rien programmé et j'ai laissé l'histoire se construire d'elle même petit à petit. Je ne dis pas que c'est la bonne façon de faire mais comme j'étais partie d'un rêve et non d'une idée perso je n'avais pas envie de construire un scénario. Oui vous pouvez considérer ça comme de la paresse, je suis assez d'accord...

 

Allez c'est partit !

 

 

****

 

Mais pourquoi ne bougeait-il plus? Il me regardait mais ne semblait pas me voir, je sentais comme un trouble envahir ses traits. L'instant d'avant j'étais persuadé qu'il allait m'éventrer mais maintenant...

Il pose sa main contre ma cuisse, sur la dalle, pour un peu j'aurais sentit le contact froid du métal à travers l'épaisseur de mon jeans. Soudain il redresse la tête et plante ses yeux dans les miens, ils sont sombres et froids, ils glacent les larmes qui ont coulés sur mes joues. Ses cheveux mi long sont foncés aussi, tout chez lui semble sombre, jusqu'à son cœur. Il s'approche de moi, de mon visage, je me crispe, mon cœur s'emballe, ça y est il est décidé à en finir, je serre les dents et tente de retenir mes larmes mais en vain, je suis lâche, je suis misérable. Il doit bien rigoler et il me trouve certainement ridicule, un homme comme moi pleurant comme une fillette, comme un gosse terrifié... Il lève sa main droite, ma bouche s'ouvre, je ne vais pas crier quand même? Mais... Il n'abat pas son poignard sur moi, il se tient la tête... Et le couteau? Il ne l'a plus en main. Le lachant des yeux un instant je tache de regarder devant moi, je cherche, et soudain je le vois! Il l'a laissé contre ma jambe, il a posé son arme. Pourquoi? Je repose ma tête contre la dalle trop dur et trop froide, j'ai toujours mal à la tête, même si je n'étais pas attaché je serais incapable de m'enfuir. J'essaierais bien sur mais je ne ferais pas trois pas, pas avec tout ce flou autour de moi. Je le regarde encore un peu, il n'a pas bougé, il se tient toujours devant moi, la main sur le front, il semble en proie à une migraine particulièrement virulente. Ce serait ma chance si seulement il ne m'avait pas attaché les mains au dessus de la tête. Je respire toujours comme un fou, j'ai la trouille, pourquoi n'en finit-il pas? Cette situation est intenable. Personne ne sait que je suis ici, je n'ai donc à attendre d'aide de nul part, il peut bien me faire languir et espérer toute une année s'il le veut... Je fermes les yeux et soupire, je n'en peux plus, je ne veux pas mourir mais s'il n'y a que ça qui m'attends au bout du chemin autant que le trajet soit le plus court possible. Soudain une main m'agrippe le menton et tourne mon visage sur le coté, j'ouvre les yeux instantanément. Il est bien plus proche qu'avant, mais que veut-il? Mon soupir l'a exaspéré?

 

Pourquoi ai-je laché mon arme? Est ce l'age qui me rend aussi faible? J'ai tué plus souvent qu'a mon tour alors pourquoi est ce qu'aujourd'hui je n'y arrive pas? Le minot me regarde, il est terrorisé et c'est bien normal, je devrais me délecter de ses larmes et planter ma lame en lui pour faire jaillir son sang mais je n'y arrive pas et ses larmes ne me font pas jubiler, non elles... Elles m'excitent... Bordel depuis quand je suis attiré par des gamins qui chialent? Non pas des gamins, celui là seulement... Il joue la comédie? Il m'a jeté un sort? Comment se fait-il que je ne ressente pas l'envie de le butter? Je hais ce gosse pour le désordre qu'il met dans mon esprit, je le hais parce qu'il m'attire... C'est ridicule! Je pourrais le prendre et puis le tuer, ce ne serait pas la première fois, mais non je n'ai pas envie de lui faire de mal... Je ne comprends pas... Je n'ai rien fumé, rien bu, je ne me suis rien injecté,  alors pourquoi mon cerveau est-il aussi embrumé? Plus je le regarde plus je le trouve désirable, il faut que j'arrête sinon je finirais par le violer. Mais pourquoi faut-il que j'arrête? Depuis quand est ce que le viol me pose problème? De ses yeux fermés les larmes continuent à couler, j'ai envie de les lécher... Il soupire... Il soupire? Quoi il trouve le temps trop long? Pour qui se prend t-il ce petit? Je lui choppe le menton et lui tourne là tête vers moi, ouais c'est ça regarde moi. Je suis trop près! Je ne suis qu'un homme et pas le meilleur qui soit, je ne peux pas résister.

Je lèche les larmes qui ont coulés de mon coté, il a un mouvement de recul. Fait pas ça petit, plus tu va résister et plus tu vas m'attirer. Je recommence en m'approchant davantage de ses lèvres, il gémit... Putain ça m'excite! Le voilà qui recommence à pleurer... Il ne veut pas que je m'arrête c'est pas possible... Je sèche à nouveau ses larmes de ma langue, elles sont salées, elles sont délicieuses. Le voir pleurer ne me plait pas mais faire ça j'adore... Désolé minot je crois bien que le désir sera le plus fort. Il le faut si je ne veux pas me mettre en danger.
J'approche ma langue de sa jolie bouche, j'en caresse ses lèvres fines et pincées, je me force doucement un chemin à travers elles. Il me refuse l'entrée, ça me fait sourire. Soudain l'espace entre elles s'élargit un court instant, j'ai à peine le temps de m'y glisser que je me fais copieusement insulter. Il n'a pas tort, je suis un malade, un pervers, un fou dangereux... Oui bien sur je sais déjà tout ça. Mais ce rend t-il compte à quel point ça peut être dangereux d'insulter quelqu'un comme moi quand on est dans une position comme la sienne? Il a plus de cran qu'il ne le laissait paraitre il y a deux secondes. D'un autre coté pour venir me chercher jusque ici il lui en fallait du cran... Ou de la folie. Ouais il doit être aussi fou que moi, c'est pour ça que je me sens aussi attiré par lui...

Je le veux et je l'aurais. Mais je n'arrive pas à me décider, serait ce meilleur s'il est consentant ou non? Je le regarde toujours, il ne pleure plus mais son cœur bat à tout rompre. Il semble toujours terrifié mais il y a quelque chose de plus dans son attitude, une sorte d'assurance qui lui faisait défaut jusque là. Comment peut on gagner en assurance dans une situation telle que celle ci? Je ne me suis pas trompé, il est surprenant!

 

Ce... Fou... Ce malade... Il m'a léché! Il a essayé de m'embrasser... J'ai pas rêvé? C'est pas vrai? Ce mec est répugnant! Ça lui suffit pas de bientôt me tuer, il faut qu'il me souille en plus? C'est un jeu pour lui? Il s'amuse avec moi... Ou... Il veut plus? S'il veut plus il l'aura... Je ne suis pas en position de pouvoir me défendre. Déjà dans une situation "normale" j'aurais peut de chance de pouvoir m'en sortir face à un mec comme lui, mais là...  C'est pas du jeu, je suis attaché merde! Du jeu? Serais-je devenu fou moi aussi? Comme si ça ressemblait à un jeu... Ha! Sa main, il me lâche! Il ne faisait bien que s'amuser, ou alors je l'ai calmé en lui criant des insultes? Quoi qui en soit il ne me tient plus, il a viré sa sale patte de ma tête et... Ho! Mais? Non! Sa main... Sur mon ventre! Il ne va pas... Il ne peut pas. Je crie, je lui dis d'arrêter, de me lâcher. Je me débat mais il m'a solidement attaché. Non! Je ne veux pas! Au secours!
J'ai peur! Encore... Cette fois je ne pleure pas, je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour me protéger. C'est à dire, il faut bien l'avouer... Pas grand chose. Je bouge ce que je peux, ce qui n'est pas attaché, c'est à dire mon bassin, pas grand chose d'autre. Je croise son regard... Merde! Ça l'excite encore plus! Alors je stoppe tout mouvement. Non, c'est pas une bonne solution non plus, il a déjà détaché le bouton de mon pantalon. Il a sa bouche sur mon ventre... Nooon! Je vais me remettre à pleurer. Non je dois résister, ce sont mes larmes qui m'ont trahies la première fois, qui sait ce que pourrait lui inspirer un nouveau sanglot. Si je me calme il se lassera peut être, il n'ira peut être pas plus loin. Il... Il dégagera sa langue répugnante de mon nombril!

Non il ne s'arrête pas! Sa bouche descend toujours plus et ses mains me touchent maintenant. Je balance la tête en arrière, m'assommant à moitié sur la pierre et hurle. J'ai tellement peur. Je pleure à nouveau. Non! je ne voulais pas pleurer! Pourquoi suis-je si faible?

 

******

 

Alors il y a toujours des interessés par la suite? Quelqu'un a lu jusqu'au bout?

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