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Ce que Kobaitchi raconte
histoire
17 mars 2015

Les chants de la mort - Nicole Gonthier

Les chants de la mortQuatrième de couverture : Automne 1482. Sur la piste d'un tueur en série qui émascule ses victimes, le prévôt Arthaud de Varey doit mener l'enquête dans les bordels lyonnais les plus sordides où les moeurs pédophiles trouvent satisfaction aux dépens de garçons prostitués. Le diable aurait-il pris possession de la cité ? La peste qui sévit, la famine qui accable les petites gens, les exigences tyranniques du roi de France Louis XI - vieillissant et malade -, les transgressions et les malversations des plus éminents citoyens, le mépris des interdits, tout démontre une décadence générale. A l'écart de ces misères, l'école cathédrale, où les enfants de choeur apprennent l'art du chant liturgique, n'est pourtant pas épargnée par la corruption. Monde clos et secret au sein duquel s'imposent les personnalités attachantes de deux jeunes choristes, Tristan et Arnaud, elle renferme la solution de l'énigme et fournit au prévôt la clef de ces meurtres à répétition. Lorsque la vérité éclate, nul ne peut éviter qu'elle ait les couleurs de la tragédie et du sacrifice.

Ce que j'en ai pensé : Au vu du résumé je m'attendais à une histoire particulièrement  noire et dérangeante, au lieu de ça j'ai découvert un roman historique vibrant, sonnant vrai et aux personnages attachants et réalistes.

L'histoire nous emmène dans le Lyon de 1482, en plein Moyen Age. L'écriture est agréable et fluide, grâce à ça on a aucun mal à se représenter la vie des gens à cette époque, l'état des rues comme des maisons. Tout sonne juste et c'est revigorant, attirant. Très vite on s'attache aux personnages principaux, le prévôt est un honnête homme et si au début on se demande un peu pourquoi il cherche tant à retrouver son assassin alors que celui ci a débarrassé la ville d'une pourriture on se rend vite compte qu'effectivement ce tueur est dangereux, et pas seulement pour les hommes mauvais, et qu'il vaudrait mieux l’attraper au plus vite. Arnaud est mon personnage préféré, on se doute rapidement de ce qu'est son secret, ou l'un de ses secrets, et ça ne le rend que plus attachant encore. Même Tristan qui me parut d'abord trop hautain et égocentrique a finalement vite su se faire aimer.
Les personnages sont fidèles à eux mêmes, ils sont logiques et humains, ce qui permet de les aimer et les accepter même avec leurs défauts. C'est une chose que j'ai beaucoup aimée dans ce livre, aucun d'eux n'est parfait, on peut croire à leurs histoires, à leurs vies, à leurs existences même en grande partie grâce à ça.
J'ai malgré tout regretté que les rares personnages féminins soient soit faibles, soit malfaisants. Éliette apparait comme une petite chose fragile pendant la majorité du récit alors que la vie qu'elle a eu, en ce temps là peut-être plus encore qu'en un autre, aurait du la durcir ou du moins l’empêcher de frémir et se blottir dans les bras de son fiancé à la vue d'un personnage dont je ne peux pas dire grand chose au risque de spoiler.
C'est le seul point négatif sur lequel j'ai vraiment accroché.

La fin par contre laisse un gout amère en bouche, en même temps comment aurait-il pu en être autrement, l'histoire se déroulant en plein Moyen-Age et en partie dans un cloitre, il aurait été difficile d'avoir une parfaite happy end.

Avant de conclure je tiens à remercier les éditions Pygmalion et Babelio pour m'avoir permit de découvrir ce titre que je considère d'ores et déjà comme un coup de cœur de cette année.

Points forts : L'auteur est historienne, ce qui lui permet de nous faire une description très crédible de ce que devait être Lyon à l'époque du récit. Les personnages masculin auxquels on croit  et à qui l'on peut s'identifier.
Points faibles : Les personnages féminins.
Nombres de tomes :  1. En fait il s'agit de la quatrième enquête du prévôt Arthaud de Varey mais elle peut-être sans problème lue sans avoir connaissance des précédentes (ce fut mon cas).

Compte pour le challenge lecture 2015.

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9 février 2015

Soirées Divers 3 - Du cul, un super ordi et des livres. Plein de livres.

Jeudi 29 : J'ai reçu ma nouvelle Kobo
Et elle fonctionne!! 
Et sans avoir eu à téléphoner à Tartempion! 
Quel stress à l'allumage mais quel bonheur quand j'ai vu que tout fonctionnait correctement! Bon par contre j'ose pas télécharger de livres qui ne viennent pas de la boutique Kobo... J'ai trop peur de la refaire planter. (Notes du 09/02 : c'est bon, c'est fait, j'ai franchis le cap avec appréhension mais succès. Merci Luna pour Calibre, c'est top!). 
Et aussi j'ai profité des éditions gratuites de plusieurs recueils Sherlock Holmes... Ce qui fait que j'ai envie de lire ça parce que je sais que ça me plaira, contrairement aux deux autres livres que je lis pour le moment, hors je dois avoir fini l'un des deux pour dimanche, arg. 

Samedi 31 : Je suis joie
Je me suis engagée à lire certains bouquins au cours de l'année et, oh bon sang,  j’espère qu'ils ne seront pas tous du même acabit que mes deux premiers.  Je m'ennuie, bordel! J'ai l'impression de lire du mauvais RP. C'est si compliqué de faire des fiches de personnages avant de commencer à écrire, histoire de rester un minimum logique dans ce qui se passe? J'ai deux histoires sur le feu depuis des mois et je ne les ai toujours pas commencées parce que mes personnages ne sont pas au point! Régulièrement je reprends mes fiches, je les ajuste, je cherche à combler les manques... Ne pas en faire pour les nouvelles ou les petites histoires plic ploc, ok, j'en ai pas fait non plus pour l'histoire de Casey, ce qui fait que quand je me relis et que je vois des illogismes entre les différents chapitres ça me fait chier et me coupe l'envie de continuer, en passant. Mais en plus cette histoire n'est pas un bon exemple vu que je reçois un thème que je ne choisis pas à ajouter à chaque fois. Mais quand on a l'intention de pondre une putain de trilogie on s'investit un peu, non?
Il me reste 100 pages à lire et ce sont les plus longues de toute ma vie, raaah.

Dimanche 1 : Aussi, quitte à chipoter, la scène de cul entre *** et *** ressemble à tout sauf à une première fois entre deux ados de 15 ans ! A 15 ans, et d'autant plus quand c'est la première fois, je peux jurer qu'on ne baise pas comme des trentenaires mariés. Merde alors!
Ce qu'on ne me fait pas écrire quand même! Mais à quel roman cette critique acerbe est-elle donc destinée, hm? 
PS : Si un jour vous devez me citer pour l'une ou l'autre obscure raison je vous encourage fortement à utiliser cette phrase, parce que quand même, hein!

Mardi 3 : J'ai vu The Imitation Game tout à l'heure. J'avais un peu peur que les critiques ne soit trop élogieuses gratuitement à son sujet mais en fait pas du tout! Ce film est totalement à la hauteur de ce qu'on peut attendre après avoir vu quelques reviews sur Youtube ( par exemple). Courrez le voir si ce n'est pas encore fait, vous ne devriez pas le regretter.
Comme j'ai aimé je ne ferais pas de critique à ce sujet, contrairement à Exodus, parce qu'à par vous dire que c'est génial j'aurais pas grand chose à raconter ^^

the_imitation_game

Mon inspiration musicale du moment : Radiohead - Creep

 

1 octobre 2014

Ce qui se cache dans les couloirs ou l'histoire d'un défi à la con 5

Vous ne l’espériez plus mais voilà enfin la suite de l'histoire de Casey.
Comme je vous l'ai dit je connais la fin, j'ai les réponses aux questions, je ne sais juste pas quand elles arriveront, ce sera à Casey de ne me faire signe quand le thème imposé l'inspirera.
En attendant on est censé enchainer avec le nouveau thème mais comme, encore une fois, il n'apparait pas je vais attendre le prochain chapitre pour vous le dévoiler. Cette survivante a tellement plus à raconter que je ne me l'étais imaginé.

Si vous le souhaitez vous pouvez vous rafraichir la mémoire :
par ici pour le premier chapitre
par ici pour le second
par ici pour le troisième
et par là pour le quatrième


Au petit matin, ou du moins ce que Casey pensait être le petit matin, la rescapée ouvrit les yeux sur un plafond qui n'était pas celui de son container. La seconde d’après elle était debout, les genoux fléchis, prête à bondir au loin tel un animal traqué quand elle se rappela où elle était et ce qu'elle y faisait. Le soir précédant, après le repas, le vieux médecin lui avait proposé de passer la nuit dans le hall surplombant son loft, lui aussi desservit en électricité. Elle avait donc pris les escalators et, aidée par l'homme qui lui ouvrait le chemin, avait déplacé un panneau de bois obstruant la grande entrée. Et là c'est le souffle coupé qu'elle avait découvert une pièce remplie de lits, d’hôpitaux pour la plupart, plus facile à transporter d'après son hôte, grâce à leurs roulettes.
Elle lui avait posé des questions bien sur, sur la raison qui l'avait poussé à réunir un tel nombre de lits, mais il était resté très vague dans sa réponse, lui avait répondu qu'il espérait, à l'époque, que d'autres survivants pourraient venir habiter le métro avec lui et qu'ensemble ils auraient pu recréer une sorte de civilisation. Il semblait plutôt honnête mais elle ne pouvait s’empêcher de lui trouver un air pas totalement clair et de penser qu'il lui cachait quelque chose.

Quelques ampoules étaient restées allumées toute la nuit ce qui lui avait permis de ne pas reconnaitre le plafond mais qui lui permettait aussi à présent de rejoindre la grande porte sans se cogner au mobilier. Arrivée au sommet de l'escalator la survivante actionna l’interrupteur que lui avait indiqué l'homme la veille et, une à une, regarda les lumières s'évanouir dans le large hall. Ignorant si le médecin dormait encore ou non elle ne toucha pas au panneau de bois et descendit immédiatement les escalators stoppés dans leur course probablement pour toujours. Tout en descendant aussi silencieusement qu'elle le pouvait elle observa une fois encore l'habitation du vieil homme. Seules quelques ampoules étaient encore allumées de ci de là, on était très loin de l'espace exagérément lumineux du jour précédant mais, même ainsi, le luxe dans lequel il vivait sautait aux yeux, tout ces livres, et cette bouffe en surabondance disposée près du chaudron. Il ne pouvait pas tout consommer tout seul, c'était impossible, alors que faisait-il de ce qui ne lui servait pas? Il ne les laissait quand même pas moisir? Ou pire, il ne les brulait pas, hein?
Arrivée au bas de l'escalator elle scruta la fond de la pièce en direction du lit mais la lumière étant absente de ce coté elle ne pu dire si elle était la première levée ou non. Elle hésita à aller directement voir s'il dormait encore et dans ce cas à le réveiller pour lui demander de la raccompagner à la sortie mais, n'ayant aucune idée de l'heure qu'il était, elle préféra s'abstenir et se dirigea plutôt vers la bibliothèque. Dans la semi obscurité elle s'échina à deviner plus qu'à lire les titres des ouvrages mais, à son plus grand désappointement, la majorité d'entre eux parlaient de médecine ou de science. Pas qu'elle soit plus bête qu'une autre ou allergique à l'idée d'apprendre de nouvelles choses mais là tout de suite elle aurait préféré un comics quelconque ou n'importe quelle histoire qui lui aurait permis de s'évader un tant soit peu.
S'étant trop éloignée de la dernière source de lumière elle ne parvint rapidement plus à discerner une couverture d'une autre et les titres lui étant devenu illisibles elle s'en alla rebrousser chemin les mains vides et ce n'est que parvenue à hauteur de la porte de la salle de bain qu'elle aperçut la pile de vêtements que l’homme avait laissé là pour elle la veille. N'ayant toujours pas confiance en lui elle n'y aurait pas prêté attention si deux choses ne s'étaient ajoutée à cette pile depuis lors, une paire de bottines taille 39 et un livre de Kenneth Cook.
Casey se mordit la lèvre telle une enfant en proie à une indicible décision, bonbon au caramel ou à la fraise? Sauf qu'ici la l'indécision était bien plus complexe, fallait-il accepter ou non les présents d'un homme aussi égoïste qui se cachait dans des tunnels depuis des années? Elle passa les doigts sur le cuir des chaussures, sur la couverture du livre, elle fit vibrer ses pages du bout de son index et, soudain, le froid du sol, celui de toutes ces nuits passées au dessus de la ville, la rudesse des coups qu'elle avait pris tout comme celle de son cœur meurtrit depuis tant de temps se rappelèrent à son bon souvenir et c'est d'un geste agacé qu'elle effaca sur sa joue la preuve de ses blessures, de sa faiblesse.
L'instant d’après elle retirait une paire de chaussettes bleu nuit de la pile de vêtements, les enfilait, les recouvrait aussitôt des bottines qu'elle laça avec délectation, enfilait un pull brun trop grand pour elle par dessus son t-shirt usé et se laissait tomber dans un fauteuil situé juste sous une des lampes en activité avec son nouvel ami qu'elle ouvrit à la page 1.

Quand elle fut interrompue par le médecin Casey eu l'impression qu'elle n'avait commencé sa lecture que depuis quelques minutes à peine mais le nombre de pages tournées l'obligea à se rendre à l'évidence, elle était sur ce bouquin depuis ou moins une heure, peut-être même plus longtemps.
- Bien dormi?
- Le soleil est levé?
- Depuis deux heures environ. Elle se remit sur ses pieds d'un coup brusque et rapide.
- Vous m'aidez à sortir d'ici?
- Comme je te l'ai promis. Tu ne veux pas manger avant? Elle loucha du coté de la marmite, son corps tout entier criait oui mais elle secoua la tête en signe de négation. Comme tu veux. L'homme haussa les épaules et s'éloigna en direction du couloir par lequel ils étaient arrivés quelques 12h auparavant. Casey regarda le livre qu'elle tenait dans les mains , triste de l'abandonner avant de l'avoir fini mais le reposa sur l'assise du fauteuil.
- Reviens le terminer plus tard si tu veux. Elle lui lança un regard noir.
- Comme si je n'avais que ça à faire. C'est l'apocalypse dehors même si vous ne voulez pas en entendre parler.

Pas vraiment surpris par ce changement de comportement l'homme de broncha pas, ne se retourna même pas, mais regretta un peu de ne pas lavoir laissée continuer à lire, elle avait eu l'air si paisible à cet instant contrairement à maintenant, contrairement à n'importe quel autre moment passé en sa compagnie.
Quand, quelques minutes plus tard, ils furent en route pour l’extérieur, Casey se mit, si pas à avoir des remords, au moins à se sentir un peu nulle. Quoi que l'homme ait fait seul dans ces galeries ces dernières années il avait tout de même partagé son repas avec elle sans hésiter, il lui avait fourni de nouveaux vêtements, des chaussures, il avait aussi réunit tout ces lits bien que dans un but encore obscur pour elle et, surtout, il était responsable de sa première heure d'évasion, de sa première heure de tranquillité, depuis que tout ça avait commencé. Elle voulait le remercier mais un simple "merci", surtout après l'avoir rembarré, semblerait un peu forcé, mieux valait encore ne rien dire. Pendant encore un moment ils marchèrent donc en silence, lui, ouvrant la marche avec son flambeau et elle, marchant derrière lui, l'esprit encombré de pensées dont elle se serait bien passée. Qui s'emmerdait encore à être reconnaissant en de pareils temps?
Quand soudain elle su comment le remercier.
- Il y a des ours dehors. C'était sortit tout seul. Vu qu'il vivait sous terre il ne devait pas savoir ce qui se passait à la surface et elle ne lui avait pas dit pourquoi elle était entrée dans le métro, il ignorait forcément cette donnée, elle même l'ignorait encore 48H plus tôt.
- Quoi? Il se retourna l'air perplexe.
- Il y a des ours, plein d'ours je veux dire, pas deux ou trois comme avant. Hier j'ai été traquée par un groupe d'une quarantaine d'individus, j'en avais jamais vu autant.
-Des ours? Des ours comment? Et ou? Il semblait sur le point de perde son sang froid tout d'un coup et se rapprocha d'elle en un pas, la faisant se heurter au mur derrière elle quand elle tenta de lui échapper.
La surprise passée Casey le repoussa et s'écarta de lui, feignant l'indifférence.
- J'en sais rien moi, des ours bruns. Peut-être des grizzlis pour ce que j'en sais.
- De grizzlis? En pleine ville?
- Mais ça veut dire quoi en pleine ville maintenant? S'emporta t-elle quand il fit mine de l'approcher à nouveau. Elle n'avait pas tort, la ville était redevenue sauvage peu à peu après l'attentat, ainsi était-il vraiment étonnant que les animaux sauvages et potentiellement dangereux aient petit à petit reprit leurs droits? Néanmoins, 40 ours d'un coup ça fleurait le pas super naturel. L'homme fit quelques aller retour rapide sur les pavés, voulu parler une fois mais se tut, s'éloigna, revint, s'éloigna à nouveau, Casey ne savait qu'en penser, pourquoi se mettait-il dans tout ses états pour des ours, lui qui ne sortait jamais?  Quand il revint et enfin parla.
- Je sais que je t'ai dis que je t’emmènerais dehors mais avant peux tu m'aider? Juste une fois, juste cette fois. J'ai une chose importante à faire, ensuite je condamnerais toutes les entrées du métro, l'hiver vient et les ours ça hiberne.
Casey n'avait pas pensé à ça et si, effectivement, l'entrée par où elle était passée ne leur permettait pas de la suivre il n'en allait surement pas de même pour toutes les autres et quand ils chercheraient un endroit ou se reposer jusqu'au printemps le métro ferait probablement une cachette d'enfer.
Néanmoins elle n'était pas sur d'avoir envie d'aider l'homme. Si elle s'était effectivement sentie redevable pour les fringues et la bouffe elle estimait en revanche que l'info sur les ours était un paiement suffisant. Mais qu'en était-il pour l'heure d'évasion? L'heure de tranquillité? Pire, l'heure de rire? Cette info était-elle un paiement suffisant? Pas sur.
A contre cœur elle accepta de lui rendre service et c'est à reculons qu'elle le suivit dans un autre couloir.

Plusieurs fois ils descendirent de nombreuses volées d’escaliers, alternant couloirs noirs comme la mort et d'autres éclairés de toutes parts quand, enfin, l'homme lui annonça qu'ils étaient arrivés. Ils étaient dans la portion la plus basse, la plus enterrée du métro. Sur sa droite Casey aperçu des palettes disposées de façon à permettre une descente, et une remontée, vers les rails. Elle s’apprêtait à s'en approcher quand le médecin l’appela dans l'autre direction. A regret elle s'éloigna donc et retrouva l'homme dans un coin mieux éclairé ou reposait bien alignées des caisses et des caisses de légumes en tout genre.
La jeune femme ravala un hoquet de surprise ainsi qu'une volée d'injures. Du moins jusqu’à ce que l'homme ne reprenne la parole.
- Tourne toi.
- Quoi? Pourquoi? Qu'est-ce-que vous voulez faire?
L'homme roula des yeux vers le ciel, visiblement excédé d'être encore ralentit dans son entreprise.
- Je ne sais pas à quoi ressemble ton chez toi mais moi j'ai des kilomètres de galeries à inspecter. Seul. Et je risque de me retrouver nez à nez avec un ou plusieurs ours fous de rage lors de cette petite promenade. Mais malgré tout j'ai une chose encore plus importante à faire, une chose qui va retarder mon inspections de plusieurs heures, ce qui va donc laissé plusieurs heures de plus aux ours pour entrer chez moi, alors, excuse moi, mais ton joli cul est la dernière des choses dont j'ai quelque chose à foutre  là tout de suite! Tout ce que je veux c'est accrocher ce foutu panier sur ton dos pour que tu m'aides à transporter la bouffe.
- Quoi? Vous rigolez là? Je vous annonce qu'il y a des putains d'ours partout en ville et la première chose qui vous viens à l'esprit c'est de planquer votre bouffe ailleurs? Merde mais vous-
- La ferme! L'homme avait crié, visiblement à bout de nerfs et de patience. Je ne vais pas mettre cette bouffe en sécurité pour moi petite écervelée. Si tu pouvais juste obéir pendant une heure sans poser de questions peut-être qu'on pourrait avancer.

Si Casey avait eu l'intention de l'aider à un moment ce désir l'avait complètement quittée. Elle empoigna le gigantesque panier que tenait l'homme devant lui et le lui balança en travers de l'estomac. Heureusement pour lui au vu du poids de l'engin bien plein et au fait que la jeune femme ne l'avait empoigné que d'une seule main il ne fut pas projeté avec beaucoup de force, si bien qu'il ne lui coupa même pas le souffle. Pas même juste un peu.
- Ou vas-tu? Lui cria t-il alors qu'elle rebroussait chemin d'un pas pressé. Tu ne connais pas ces galeries, tu vas encore te perdre.
Elle savait qu'il avait raison mais elle ne voulait pas avoir à rester avec lui une minute de plus si bien qu'elle ne se retourna même pas et qu'elle s'engouffra dans l'escalier qui remontait si pas à la surface tout au moins un étage plus haut.
Elle marcha seule pendant cinq bonnes minutes à ruminer l’insolence et la désagréabilité de l'homme, le maudissant de son comportement mais se maudissant encore plus elle même d'être partie ainsi, car elle savait qu'elle ne tarderait pas à être à nouveau perdue. D'ailleurs ne l'était-elle pas déjà? Avant ce couloir venaient-ils de la droite ou de la gauche? Elle n'en était plus certaine.
Elle était là, à peser le pour et le contre de chaque direction quand un bruit retentit au fond du couloir de gauche. Le bruit de quelque chose qui tombe, d'une autre chose qui roule sur le sol. Et le bruit d'une respiration.
Tout son corps se raidit. Elle écouta les bruits se répercuter sur les murs du couloir. Elle écoutait la respiration très -trop- forte. Elle regrettait. De s'être énervée, d'être partie, de ne pas avoir prévenu l'homme plus tôt au sujet des ours. Mais le moment était particulièrement mal choisi pour se repentir et, avant même que son cerveau ne donne l'ordre à ses membres de décamper, ses jambes s'étaient déjà mises en marche. Courant à perdre haleine vers l'homme, pour qu'il lui dise quoi faire, pour qu'il la protège, pour qu'il les sauve tout deux de cette situation, elle maudissait l'animal dans le couloir, elle se maudissait encore, elle maudissait le monde d'être devenu ce qu'il était devenu. Mais elle courait, encore et toujours elle courait pour sa vie.

Elle n'était absolument pas en état d'y réfléchir bien sur mais un observateur extérieur aurait été impressionné de voir cette fille qui avait perdu tellement au cours des quelques dernières années courir toujours avec autant d'entrain quand il s'agissait de sauver ses miches. Elle avait eu beau voir son monde se décomposer, voir les gens auxquels elle tenait mourir, parfois sous ses yeux, elle avait beau n'avoir plus rien de ce qui, conventionnellement, maintient les gens en vie, la flamme qui la poussait chaque jours à se lever et à mettre un pied devant l'autre, bien qu'elle ait souvent vacillé, jamais ne s'était éteinte, alors que ce n'était pas les occasions qui lui avait manqué.

 

Quand à Sieu K son thème était les punks. Et il en a fait trois.

punk2

Et tant qu'à faire cet article compte pour le P52 du 21 au 27 août : En retard

24 juin 2014

L'homme-ombre [Rêve]

Je n'abandonne pas l'histoire de Casey mais cette nuit j'ai fais un rêve que j'avais vraiment envie de vous raconter. Cette fois, plus que les autres encore, j'ai brodé autour parce que c'était vraiment très flou, mais malgré tout ça me semblait suffisamment intéressant pour être raconté. Par contre il n'y aura jamais de suite, parce qu'au fond ce n'était jamais qu'un rêve hein.


 

Depuis plusieurs semaines du bétail et des serviteurs disparaissent chaque nuit. Personne ne voit rien, n'entend rien, aucun indice n'est laissé, aucune trace de sang, aucune poignée de cheveux arrachée dans aucune bagarre, aucun bruit, aucun chien qui aboie. Il n'y a que moi, moi qui ressent une présence hostile, comme si je traversais un nuage de fumée glacée, presque chaque nuit. Je sens qu'il vient pour moi, je l'entends qui m'appelle et qui m'invite à le suivre dans la nuit noire, dans la forêt sombre. Je ne l'ai jamais vu, personne ne l'a jamais vu, mais je le sais grand, maigre, habillé d'une cape ou d'un long manteau noir. Ses yeux sont perçants, son nez aquilin, il peut tuer sans suer, il possède un pouvoir jamais vu. Il me fait peur, me terrifie.
Toutes les nuits je me réveille en nage, je sais qu'il me cherche, qu'il arpente les rues, les écuries, le quartier des serviteurs en me cherchant. Il n'est encore jamais entré au château, j'en suis sure, mais la nuit dernière je l'ai senti se tenir devant la porte. C'était une nuit froide et il formait de petits nuages en respirant. Des petits nuages qui se sont heurtés à la lourde porte de bois derrière laquelle les gardes jouaient aux cartes. Son souffle a pénétré le bois et en est ressorti de l'autre coté. Il a senti ma présence comme j'ai senti la sienne et aujourd'hui il entrera et beaucoup de gens périront en tentant de l'en empêcher. A moins que personne ne s'en aperçoive et qu'il me trouve sans rencontrer la moindre resistance.
Et qu'il m'emporte avec lui.

Dans mon dos mes poils se hérissent, il ne m'aura pas, je le trouverais avant qu'il me trouve et je le tuerais. Je remonte la capuche de ma cape sur ma tête, enfouissant mon visage dans l'ombre et me mets à courir le long des bâtisses où dorment les serviteurs du roi, les serviteurs de mon géniteur.
Leur quartier est si sale en comparaison du palais mais du sol s’élève l'odeur de la pluie et elle est si forte qu'elle couvre toutes les autres. Je lui en suis reconnaissante. Je cours un peu puis m'arrête dans l'ombre d'un bâtiment, j'observe la rue vide et ne me remet en marche qu'une fois certaine qu'elle ne recèle aucun danger. J'avance ainsi plusieurs minutes durant sans croiser âme qui vive, les récentes disparitions terrifient les villageois qui se calfeutrent désormais chez eux à la nuit tombée. Mais malgré cela et les rondes effectuées par les gardes il manque quelqu'un à l'appel chaque matin, comme si ces gens et animaux s'était dissous au contact même de l'air.

Alors que je passe en trottinant devant l'enclos des cochons-loups j’aperçois six jeunes et leur mère allongés dehors. Ça m'énerve, pourquoi ne sont-ils pas rentrés? Ils constituent des proies de choix pour l'homme-ombre à rester là comme ça. Alors je m’efforce de faire du bruit, j"agite les bras, je grogne, je tache d’inquiéter la mère pour qu'elle rentre ses petits, mais tout ce que j'obtiens c'est de l'agiter. Elle s’approche de moi et me grogne dessus à travers la clôture. Elle saute d'un coté puis de l'autre, elle remue et me conseille clairement de rester à distance de sa progéniture, mais elle même s'en occupe à peine. Quand enfin, après de longues minutes, elle se calme et prend un des chiots dans sa gueule pour le rentrer j'ai l'impression que nous avons fait assez de bruit pour réveiller tout le village, en supposant que les villageois terrorisés soient encore en mesure de s'endormir, pourtant il n'y a toujours personne dans les environs. Je voudrais rester et m'assurer qu'elle les rentre tous mais je n'ai déjà que trop trainé et j'ai peur de voir débarquer les gardes. Je me faufile donc jusqu'aux écuries et attends. Un bruit, une impression, n'importe quoi.
Mais c'est le calme plat et au lever du jour il ne s'est rien passé, pas de bruit, pas de cris, pas de murmure ni même le moindre froissement d'air. Et surtout, pas de réveil en sursaut.
Je me faufile jusqu'au château sans me faire repérer. C'est plus simple que je ne l'avais crains. En passant devant la chambre de mes parents j'entends qu'elle est la scène d'une animation inhabituelle et, en tendant l'oreille, je comprends que mon oncle et ma tante ont résolut l'énigme gravée sur le coffre en bois que des serviteurs ont sortit des douves le matin de la première disparition et qu'ils pressent ma mère de l'ouvrir grâce à leur fantastique découverte. Mais il ne contient rien ce coffre, j'ai résolu l’énigme il y a 15 jours déjà et j'ai pu m'en rendre compte par moi même quand je l'ai ouvert, à l'abri des regards indiscrets. Rien, ni poussière ni eau, alors qu'il était encore immergé quelques heures avant. Pas même une inscription. Rien. Ils vont être bien déçu en s'en apercevant.

Plus tard dans la journée j'apprendrais que pour la première fois depuis deux semaines aucune disparition n'était à déplorer mais, fait étrange, qu'un jeune cochon-loup avait été retrouvé seul dans un box au matin, dans l'écurie où j'avais passé la nuit.


 

Et pour illustrer ça un défi de Sieu K sur le thème Supers Héros inutiles.
Personnellement je me ferais bien un poster de Supersil!

Procrastinator - Hésitatorman - Supersil par Vittaya C.

 

28 mai 2014

Et sinon, tu fais quoi dans la vie à part faire pousser des patates dans le métro? Ou l'histoire d'un défi à la con 4

La salle de bain, comme l'avait qualifiée l'homme, se composait de huit cabines de douche, cinq toilettes séparées par des cloisons et autant de lavabos. Des casiers couraient sur le mur face aux cabines alors que trois bancs à la peinture écaillée les séparaient de ces dernières.
La "salle de bain" n'était autre qu'un ancien vestiaire.

Casey tourna le verrou et se déshabilla en prenant soin de ne pas trop élancer ses muscles endoloris. 
En passant ainsi, nue, devant un miroir en pied collé au mur elle y jeta un œil et fut interpellée par ce qu'elle y découvrit. Elle qui se trouvait naguère un peu trop potelée n'était maintenant plus qu'une silhouette décharnée et osseuse. Pas réellement squelettique car pas mal musclée par les nombreux exercices qui composaient maintenant sa vie mais bien plus mince qu'elle ne l'avait jamais été. Ses seins avaient pratiquement disparus et ses hanches ressemblaient à celles d'un homme, droites et sèches, absolument pas féminines. Elle remarqua aussi à quel point elle se tenait voutée, elle voulu se redresser mais son dos l'élança brutalement si bien qu'elle n'insista pas.
Néanmoins tout cela n'aurait pas encore été trop grave mais, bien qu'elle ai passé l'avant midi à panser ses blessures, elle s'étonna de n'avoir pas remarqué à quel point son corps en était désormais couvert. Des coups, des égratignures, des cicatrices, elle n'en aurait pas eu plus si elle avait été boxeuse professionnelle. Elle passa ses mains sur ce corps décharné, caressant ses meurtrissures comme si elle les découvrait pour la première fois et se demanda depuis quand elle avait commencé à ressembler à ça. Henry l'avait-il vue dans cet état? Avait-il  vu son corps se transformer en moins que l'ombre de ce qu'elle avait été? Cela faisait-il partie des choses qu'il n'avait pas supporté ne pouvoir changer?

Avant de laisser son esprit s’engouffrer dans cet interstice où elle n'avait nulle envie de mettre les pieds elle se détourna et poussa la porte de la première cabine.

 

Alors que l'eau chaude de la douche coulait sur sa peau nue, emportant avec elle le plus gros des crasses qui la maculait, Casey, les yeux fermés, se sentait tiraillée entre les différents sentiments qui l'habitait. Elle ne voulait plus penser à ce qu'elle avait vu dans le miroir. Ni à Henry. Elle se concentra donc sur l'instant présent, installant entre elle et son passé un voile mental devant lui boucher la vue. Elle aurait aimé s'octroyer quelques instants pour profiter du bien-être que lui procurait ce luxe qu'elle n'avait plus connu depuis près d'une décennie mais elle ne se sentait pas à l'aise et elle ne faisait pas non plus confiance à cet étranger rencontré plus tôt dans les galeries. Elle ne pouvait s’empêcher de le mépriser aussi, garder un tel dédale pour lui seul alors que dehors les habitants lutaient pour leur survie la mettait hors d'elle.

Elle passa finalement très peu de temps sous l'eau, juste le temps de se décrasser, puis elle se sécha avec une serviette propre trouvée dans un des cassier et renfila ses vielles fripes, s'autorisant tout de même à rester pieds nus plutôt que de les rebander dans les restes de t-shirts.

Quand elle sortit du vestiaire elle trouva l'homme aux fourneaux. Il avait fait cuire les pommes de terre et une délicieuse odeur de sauce aux champignons tentait d’éclipser celle du bois brulé. Quand il l’aperçu il désigna vaguement le milieu de la pièce de sa cuillère en bois maculée de sauce.
- Je vous ai laissé des vêtements propres sur la table, si vous voulez.
- Inutile, rétorqua t-elle sans même un regard vers la dite table, les miens me conviennent très bien.
Il n'insista pas, se contentant d'un reniflement pour seule réponse.

Peu de temps après ils passèrent à table, et malgré la résolution de Casey d’à peine toucher au plat pour bien montrer à l'homme à quel point elle les méprisait lui et son égoïsme, elle se jeta sur son assiette et dévora le tout. Ça faisait des années qu'elle n'avait plus mangé de légumes frais, et encore moins agrémentés de sauce.

Au bout d'un moment l'homme brisa le silence qui s'était installé entre eux.
- Je vois que ma façon de vivre vous déplait. Elle haussa les épaules. Mais ne soyez pas si prompte à me juger. J'ai trouvé un petit coin délaissé de tous, je m'y suis installé et le maintiens en état, il n'y a rien de mal à cela.
- Vous gardez tout pour vous! s'emporta t-elle. Vous cultivez des légumes, avez l'eau courante, l’électricité! Dehors les gens n'ont rien!
- Et je fais cela tout seul. Et en sous sol, ce qui demande bien plus d'effort qu'à la surf-
- Sortez alors! Faites ça dehors! Pour tous au lieu de juste pour vot' pomme. L'homme la toisa sévèrement.
- J'ai essayé! J'ai défriché la terre, j'y ai planté des graines, j'ai entretenu ce petit jardin. Mais quand les autres survivants l'ont découvert ils ont tout pilé, tout saccagé... Des semaines de travail. il secoua la tête.
- Vous n'aviez qu'à partager!
Il abattit alors son poing sur la table.
- J'en avais l'intention!
Casey, était prête à riposter mais, curieuse, le laissa terminer.
- Je faisais un test. Je pensais étendre la culture s'il réussissait. Mais tes chers compatriotes ne m'en ont pas laissé l’occasion. C'est leur bêtise et leur égoïsme qui les a mené là où ils en sont aujourd'hui.
- Vous êtes entrain de dire que si on crève de faim à l’extérieur c'est de notre faute?
- Tout à fait.
- Vous vous foutez de moi?!
- Les rôdeurs, comme vous les appelez, ne s'en prenne pas aux cultures. Ni aux bâtiments, ni même aux animaux. Si le monde est en ruine aujourd'hui c'est parce que les survivants n'ont pas jugé nécessaire de se mettre à l'agriculture ou à l’élevage. Si tant de bâtiments sont en ruine c'est bien que quelqu'un a œuvré dans ce sens non? Si vous en êtes réduit à piler les plus faibles c'est parce que certains aiment ça, tout simplement.
L'homme jeta un œil sur la jeune femme enfin muette et dégoutée de devoir digérer cette douloureuse vérité, et ses yeux se plissèrent, teintés d'une sorte de regret .
- Malgré tout je ne pense pas que tu fasses partie de ceux là. Tout les survivants ne sont pas des monstres. Elle releva les yeux sur lui, confuse.
- Quoi?
- Tes bras sont couvert de bleus. Et ta démarche est celle de quelqu'un de meurtrit. Ensuite tu es arrivée seule, ces prédateurs ne se promènent jamais seuls, surtout pas dans un endroit réputé mortel.
Elle cligna des yeux plusieurs fois puis, d'un coup brusque, repoussa sa chaise et se redressa. Il lui présenta ses paumes en signe de non agression mais Casey restait sur ses gardes, prête à détaller si le besoin s'en faisait sentir.
- Je ne te veux aucun mal, je te fais juste part de ce que j'ai remarqué. Puis, sur le ton de la surprise il ajouta, Je t'ai tutoyée, j’espère que tu ne m'en veux pas. Tu me rappelle mon fils. Les nerfs à fleurs de peau, toujours prés à s'emporter pour un rien. Mais cette naïveté, cette gentillesse dans le regard, si tu es comme lui tu n'as jamais du prendre part à une agression, un vol, même dans cet ersatz de civilisation.

Casey ne comprenait pas où l'homme voulait en venir. Il n'était peut-être pas aussi mauvais qu'elle l'avait cru et ce qu'il disait n'était pas entièrement faux, beaucoup de survivants n'étaient que des petites frappes, elle en avait encore eu la preuve la veille.
Bien que toujours sur ses gardes elle se rassit alors et ils terminèrent leur repas en silence.

Avant d'aller se coucher l'homme lui expliqua être médecin, bien que n'ayant plus aucun document le prouvant, et lui proposa d'ausculter ses blessures. Aide qu'elle s'empressa bien sur de refuser. Preuve ou non elle ne faisait toujours pas plus confiance à l'homme en cet instant qu'un peu avant quand ils étaient attablés.
Il lui fournit néanmoins une mixture de sa composition qu'il lui conseilla d'appliquer généreusement sur ses contusions.


Je n'aime pas du tout cette partie de l'histoire et en plus je commence à sérieusement me lasser de tout ça. Néanmoins, comme je sais où je veux qu'elle aille je vais la finir, sans la bâcler parce que j'en suis incapable et, j’espère, en maximum trois épisodes, peut-être quatre. Mais ça dépendra fortement des thèmes donné par Sieu K. Celui d'aujourd'hui par exemple... N'est pas encore là! Je ne voyais pas comment rendre cette partie plus courte, résultat je n'ai pas su arriver au lendemain et au nouveau thème.
Enfin, au moins celui de la dernière fois est enfin abordé! C'était médecin, vous en l'aviez pas vu venir hein...

Quand au thème du jour de Sieu K (il en a plusieurs d'avance sur moi...) se sera : Cinq personnes qui auraient pu travailler au cirque Barnum. Bizarrement ça l'a inspiré pas mal.

Barnum by Vittaya C

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28 avril 2014

Les citadins de l'Apocalypse ou l'histoire d'un défi à la con 3.

Mon thème du jour est bien là, dans l'histoire. Mais comme il n'a pas encore été clairement énoncé je ne le dévoilera que dans le prochain chapitre, avec le suivant.
En fait il s'agira toujours de ce chapitre mais il commence vraiment à devenir long et je commence vraiment à avoir dépassé le temps imparti. Et a être crevée.

Bonne lecture.

Première partie
Seconde partie



Les galeries se ressemblaient toutes, et même si Casey se souvenait vaguement de la topographie des lieux, ses souvenirs étaient insuffisant pour lui permettre de rejoindre la station à quelques blocs de chez elle. Ou n'importe quelle autre station d'ailleurs, du moment qu'elle aie pu retrouver l’extérieur dans un endroit un peu moins prisé par les bouffeurs de saumons.

Elle arpentait donc les galeries dans l'espoir de trouver soit une carte soit une sortie mais, hélas, les rares ampoules qui donnaient encore de la lumière le faisait dans des endroits dépourvus de tout plan ou de toute information utile. Une lampe torche. Voilà ce qu'elle aurait du emporter avec elle. Mais dans un monde où il faut être rentré avant la tombée de la nuit on ne voit pas forcément au premier abord l’utilité d'avoir une telle chose sur sois en permanence.

Casey avançait les bras tendus devant elle dans un couloir oublié des Dieux de l'électricité magique. Au bout d'un moment, estimant, à juste titre d'ailleurs, qu'elle ne risquait pas moins de percuter quelque chose en se trainant qu'en courant, elle posa une main sur le mur à sa droite pour se guider et accéléra l'allure, cet endroit commençant sérieusement à lui filer la chair de poule.
Elle tourna plusieurs coins, changea de couloirs plus de fois qu'elle n'aurait su le dire, monta des escaliers, en descendit d'autres et s’enfonça de plus en plus profondément dans cette station qui semblait ne pas avoir de sortie.

Plus les minutes passaient et plus son niveau de stress augmentait, elle avait bien perdu 30 voir 40 minutes dans ces tunnels, il devait lui rester au mieux une heure avant le coucher du soleil, elle devait trouver la sortie au plus vite et courir jusque chez elle.
Mais si elle recroisait les ours? Ou, pire, si la ville en était vraiment infestée? S'il était devenu impossible de faire un kilomètre sans en croiser un?
Il faudrait qu'elle s'arme bien plus lourdement, les ours ne devaient pas craindre les couteaux. Or, si elle avait quelques armes à feu dans son container elle doutait que quiconque posséda encore des munitions pouvant aller dedans.
Les deux premières années il ne s'était pas passé un jour sans que l'on entende le bruit d'une fusillade d'un coté ou de l'autre de la ville. L'absence de circulation, l'absence de bruit tout court, permettait au son de porter bien plus loin qu'avant. Mais le temps passant les coups s'étaient espacés de plus en plus jusqu'à finalement s'éteindre complétement. Elle était sur de ne plus avoir entendu un seul tir ou même croisé un type en possession d'une arme chargée depuis au moins trois à quatre ans.

Elle courait presque en tournant dans cette nouvelle galerie quand elle aperçu de la lumière au bout de celle ci. Sa première réaction fut de piller net et de se coller au mur. La précaution était devenue une seconde nature pour elle comme pour tout les diurnes qui avaient tenus jusque là, simple question de survie. Le boyau était long, ce qui lui permettait de ne pas encore être atteinte par les rayons diffus, mais elle voyait clairement la lumière vaciller comme la flamme d'un feu. Jamais la lumière du dehors n'aurait eu cet effet là et, de ce qu'elle en avait vu, les lumières faiblardes de ci de là n'éclairaient jamais autant.
Casey se laissa glisser contre le mur, se prit la tête entre les mains et tenta de se calmer.

Les rôdeurs, ça ne pouvait être que les rôdeurs qui avaient allumés ce feu et elle était dans leur repaire. Les rôdeurs. les rôdeurs. LES RÔDEURS.
Elle avait beau tenter de chercher une solution ce seul mot revenait sans cesse plus fort dans son esprit. Elle devait partir, revenir sur ses traces et affronter les ours s'ils étaient toujours là. Un troupeau d'ours, aussi affamés et furieux soient-ils, ne pouvait être pire qu'une réunion souterraine de rôdeurs! Elle se redressa donc d'un bond et, sans un regard supplémentaire vers la lumière au bout du couloir, retourna le coin et s’élança en courant, cherchant juste à fuir le plus loin et le plus vite possible.
Pourtant elle ne pu pas faire plus de trois pas.

Un choc violent, une flamme qui lécha sa joue, la peur soudainement plus forte encore, et elle fut projetée en arrière. Sa voix s’éleva dans un cri, accompagnée d'une autre, plus grave, et puis la rencontre avec le sol, d'abord son dos suivit dans la seconde par l’arrière de son crane. Un râle profond sortant de sa gorge et avorté par une pluie de projectile pesant sur sa poitrine. Casey se recroquevilla en position fœtale pour se protéger de futurs coups porté à son encontre. Mais rien ne vint. Deux secondes. Rien. Cinq secondes. Rien. Dix secondes. Toujours rien. Si ce n'était des plaintes ne provenant pas d'elle. Elle risqua un œil vers la torche au sol, elle se souvenait de la chaleur de sa flamme sur sa peau et se demandait si elle ne lui avait pas embrasé une partie des cheveux dans l'histoire. Aussitôt elle se trouva stupide de penser à une chose aussi futile dans une telle situation et elle reporta son attention sur l'être qu'elle avait percuté. Il était toujours au sol lui aussi, elle pouvait peut-être encore s'enfuir. Mais s'il s'agissait bien d'un rôdeur elle devait le tuer avant de partir où il aurait tôt fait de donner l'alerte. Elle tâtonna à la recherche des projectiles qu'il lui avait lancé avant de tomber, probablement des pierres, si elle frappait assez fort et qu'il s'agissait bien d'un être semblable, au moins un peu, aux humains comme il semblait l'être au vu de ses grognements, elle devrait pouvoir lui régler son compte. Quand, enfin, sa main trouva un cailloux elle fut tout d'abord surprise par sa texture, si bien qu'elle l'approcha de son visage pour le regarder.
Une patate.
Ce n'était pas un cailloux mais une patate.

- Mais qui diable êtes vous et que venez vous foutre ici?

Casey resta interdite, l'être en face d'elle c'était assis et avait récupéré la torche. Plus encore, cet être était un homme, ou en tout cas il en avait l'air. A vue de nez, et à la lumière du feu, elle lui donnait la petite cinquantaine, peut-être moins mais la large barbe brune qui recouvrait ses joues ne tendait pas à le rajeunir.

- Je vous ai posé une question! Que faites vous chez moi?

Encore choquée Casey voulu ricaner mais ne parvint qu'à s’irriter la gorge, ce qui la fit tousser.

- Chez vous? ironisa t-elle entre deux quintes de toux. C'est une station de métro ici. Une putain de station de métro et pas chez vous!

- Bien sur que c'est chez moi. J'habite ici depuis des années, donc c'est chez moi.

La survivante n'en croyait ni ses yeux ni ses oreilles. Mais au fond, elle qui habitait une nacelle à 72m du sol n'était peut-être pas la personne le plus qualifiée pour juger de l'habitat des autres citadins de l'apocalypse.

- Pourquoi... Qui... Mais vous... Mais enfin, les rumeurs disent que le rôdeurs vivent ici la journée!

L'homme la dévisagea un instant puis éclata d'un rire sinistre, le rire d'un homme qui n'a plus ris depuis des années et qui a un peu oublié comment on fait, mais il se reprit très vite.

- Et malgré ça vous étes entrée.

Casey hésita, elle ignorait si elle pouvait faire confiance à l'homme ou non. mais au fond, qu'est ce que cette information pouvait changer, qu'elle la lui donne ou non? "J'essayais d’échapper aux ours" admit-elle finalement en détournant les yeux.
L'homme eu l'air surpris, qui ne l'aurait pas été, mais il inclina simplement la tête.

- Je vois.

Après une petite pause il se remit debout ainsi que Casey et lui proposa de la raccompagner à la sortie, ce que la jeune femme accepta bien malgré elle.
Ils tournèrent le coin et marchèrent jusqu'à la lumière qui avait fait faire demi tour à Casey. Là elle découvrit un large hall aménagé tel un studio.
Au milieu plusieurs tables alignées étaient remplies de fleurs et d'herbes en tout genre, de fioles, de bassines d'eau, de livres ouverts et d'autres fermés. Sur la gauche s’élevait d'ailleurs une bibliothèque à faire mourir d'envie absolument n'importe quel survivant ayant aimé se délecter d'un bon roman dans son "ancienne vie". Sur la droite, au fond, un lit, défait mais propre. Casey ne se souvenait même plus de la dernière fois qu'elle avait eu l'occasion de changer ses propres draps. Plus près d'eux des armoires, sur presque tout un pan de mur, et au fond, entre le lit et la bibliothèque, du linge en train de sécher. Cet homme vivait dans un luxe incroyable pour un survivant, et il gardait tout ça pour lui. Casey sentait une colère sourde monter en elle, mais c'était sas compter sur la chose qu'elle avait fait exprès de ne pas regarder en entrant.
Car oui, à l'entrée il y avait bien un feu. Un feu au dessus duquel pendait une sorte de chaudron de sorcière et d'où émanait une odeur de soupe qui titilla immédiatement son estomac. Elle avait faim. C'était pour se trouver à manger qu'elle était sortie malgré ses contusions, malgré la fatigue et la douleur, mais elle n'avait rien trouvé à se mettre sous la dent, si bien qu'elle avait failli croquer dans la pomme de terre qui lui était tombée dessus un peu avant. Mais l'homme la lui avait reprise, comme il avait ramassé les autres, et les avait remises dans le panier qu'il avait renversé quand ils étaient entré en collision.
Son estomac gargouilla et l'homme se retourna vers elle. La pièce était totalement illuminée par les lampes d'origine du hall et il y faisait parfaitement clair, tout cela, ainsi que les ampoules éparses, devait fonctionner grâce à un générateur. Il n’eut pas à regarder Casey très longtemps pour la prendre en pitié, il faut dire qu'elle était assez pitoyable en cet instant. Si bien qu'il revint sur ces pas, déposa son panier sur la table à coté du chaudron et désigna une porte entre deux pans de la bibliothèque.

- La salle de bain est là, allez prendre une douche si vous voulez. Je nous ferais à manger en attendant.

- La salle de..?

- Traversez l'ancienne salle de pause des employés, je n'y ai presque pas touché, la sale de bain est au fond. Après quelques secondes il ajouta, Il y a un verrou.

Casey était abasourdie, elle ignorait si elle détestait cet homme pour son détachement mais elle se dit que ce qu'elle ressentait pour lui ne devait pas en être très éloigné.

- Inutile. La nuit va tomber, je dois rentrer.

- C'est trop tard. à ces mots Casey frémit. A moins que vous n'habitiez la porte à coté, littéralement, vous n'aurez pas le temps de rentrer chez vous. Restez ici cette nuit, les rôdeurs n'entrent jamais dans le métro.

 



Si vous le voulez vous pouvez parier dans les commentaires sur ce qu'était ma contrainte du jour. Ça m'amuserait de voir si vous pouvez trouver.

Quand au thème de Sieu K c'était cinq personnes fêtant leur anniversaire.
Ça l'a pas super inspiré je crois.

Anniv par Vittaya C

24 avril 2014

Métro et animaux ou l'histoire d'un défi à la con 2

L'ajout d'aujourd'hui pour moi est : Le métro!
Bien, qu'à cela ne tienne, métro il y aura donc.
 


Pour la première partie c'est ici (clic clic)

Quand elle rouvrit enfin les yeux Casey su que le matin était passé depuis longtemps à la teinte rosée qu'avait prit son abri.
Malgré l’impression d'étanchéité rassurante de la nacelle, elle et Henry, son fiancé, en avaient vite eux assez de ne jamais savoir quand la nuit était terminée et quand ils pouvaient ressortir. Après des mois passés à tâtonner à l’ouverture de la porte, l’entrouvrant juste assez pour laisser aux éventuels rayons de soleil l'occasion de leur chatouiller le bout des doigts, ils avaient décidé de s'offrir une ouverture sur l’extérieur. Une sorte de fenêtre. Mais encore fallait-il que ce soit une ouverture qui ne représente pas un danger pour eux. les disparitions avaient déjà commencé et ils avaient bien compris qu'ils devaient par tout les moyens éviter de voir les rôdeurs. Ou même de les laisser les apercevoir eux. Ils avaient donc foré un trou dans le toit de l'abri, avaient glissé une bouteille remplie d'eau dedans, avaient bien fixé le tout et, finalement, avaient punaisé un foulard rose par dessus la bouteille, pour être bien certain de ne pas même voir le ciel à travers l'eau de la bouteille. Et donc les hypothétiques rôdeurs qui seraient montés jusque chez eux.
Ce système leur permettait d'avoir une sorte de lampe dans l'habitat. Les rayons du soleil passant à travers l'eau de la bouteille éclairait l’intérieur de la nacelle, avertissant ainsi les occupants qu'une nuit de plus était passée et qu'ils pouvaient sortir sans danger. Le système aurait du leur permettre d'avoir un peu de lumière la nuit aussi, grâce à la lune, mais l'air étant à ce point vicié et pollué qu'à part en de rares occasions la nuit était toujours aussi noire qu'avant dans la nacelle.

Casey s'étendit, commençant à allonger ses bras au dessus de sa tête, mais son corps protesta violemment, l’élançant de partout à la fois. Elle grogna et s'assit dans ce qu'elle imagina être un craquement d'os général.
Avec mille précautions elle tira sur la poignée de la porte. L'air qui pénétra alors dans la nacelle était chaud, comme bien souvent, mais moins que celui qui s'y trouvait déjà. Elle inspira plusieurs goulées de cet air un rien plus frais et jeta un œil à l’extérieur.
Comme d'habitude l'endroit était calme, à part quelques animaux sauvages, ou redevenus sauvages, tel que chien, chat, renard ou même parfois une biche ou deux, il n'y avait jamais personne aux alentours. Et c'était en partie grâce à Henry, qui avait abattu deux-trois murs et creusés de larges trous dans le flan de la plupart des bâtiments qui les entouraient grâce à la grue. Ce faisant il les avaient rendus instables et pas très rassurant, poussant les survivants à se chercher d'autres abris. Casey n'avait donc plus de voisins humains depuis des années. Et si elle devait être parfaitement honnête elle avouerait préférer cet état des choses. D'ailleurs, à sa connaissance personne ne savait où elle habitait et ça lui convenait totalement.
Casey savait qu'une petite colonie s'était formée à quelques rues de là, il lui arrivait de faire affaires avec eux et elle savait qu'elle serait plus que probablement la bienvenue si elle choisissait de les rejoindre. Deux bras armés de plus ne pouvaient qu'être les bienvenus. Mais pour l'heure elle se sentait bien mieux toute seule dans son chantier.

La faim commença sérieusement à la tirailler vers midi au vu de la position du soleil dans le ciel. Elle aurait aimé passer la journée à panser ses blessures dans son nid, sans avoir à sortir, mais elle se connaissait suffisamment pour savoir qu'elle aurait beaucoup de mal à s'endormir le ventre totalement vide, encore plus si elle n'avait fait que paresser tout le jour.

Elle enfila donc des sous vêtements et un pantalon, banda ses pieds dans les lambeaux d'un ancien t-shirt pour palier au manque de chaussures, récupéra le double de la clef de son container sous le matelas et sortit de son abri après s'être assurée que personne ne la surveillait.
La première chose qu'elle pensait faire était de se rendre à son container pour y récupérer de la nourriture et des chaussures, mais ses plans changèrent alors qu'elle était à peine sortie de sous l’immeuble en construction.

Un ours. Un putain d'ours brun se trouvait au bout de la rue, à une trentaine de mètres d'elle à peine.
La surprise fut telle que pendant un instant elle en oublia de respirer. Et ce fut peut-être pour cette raison que l'ours ne la remarqua pas. Il tourna au coin de la rue et disparut en direction de l’entrepôt où se trouvait le container.

Même en comptant sur l'intégralité de ce qu'elle possédait, Casey n'était pas équipée pour combattre un ours, elle le savait. Ou plutôt le devinait, n'ayant jamais du faire face à un tel animal. Elle choisit donc de ne pas prendre de risque inutile et s'en alla du coté opposé à celui emprunté par le plantigrade. Aujourd'hui elle serait donc en mission de chapardage, c'est ainsi qu'elle appelait le fait de fouiller les immeubles à la recherche de choses utiles.
Elle doutait pourtant de revenir avec quoi que ce soit, les bâtiments ayant déjà été fouillés nombres de fois aussi bien par elle que par les autres habitants. Mais bon, il suffisait d'un coup de chance, d'être au bon endroit au bon moment, et peut-être, si elle avait de la chance, tomberait-elle sur quelque chose qui en vaille la peine.

Tout en s'éloignant, cherchant des yeux le premier bâtiment qu'elle visiterait, elle se demandait d'où avait bien pu venir un ours aussi gros. Avait-il pu descendre des collines qui entouraient la ville? Mais s'il avait choisis de s'aventurer hors de son territoire il devait y avoir une bonne raison. La faim semblait être la plus raisonnable mais au vu de l'épaisseur de la bête elle n'y croyait pas un seul instant. Avait-il pu être chassé par un ours plus fort? Ou avait-il décidé de son propre chef de migrer? Se passait-il quelque chose qu'elle ignora sur les collines? Les ours se déplaçaient-ils seuls en en groupe? Y avait-il un risque pour que la ville soit envahie par la famille de Yogi et qu'il faille s'habituer à en croiser régulièrement désormais? Au vu de toutes ces questions qui se bousculaient dans son esprit Casey estima qu'il serait préférable de faire un crochet par la bibliothèque au plus tôt. Si elle n'y apprendrait rien sur une éventuelle activité nouvelle sur les collines, elle pourrait au moins se renseigner sur son  nouveau voisin poilu. Mais elle n'habitait pas dans le quartier culturel et passer à la bibliothèque lui demanderait au moins une heure de trajet, peut-être même deux dans son état. Elle ne pouvait commencer un tel voyage alors que le soleil avait déjà entamé sa descente. Le lendemain peut-être. A moins qu'elle n'ait de la chance dans sa rapine et qu’elle ne trouve la documentation adéquate dans un appartement?

Elle décida que c'était possible. Après tout, qui se serait intéressée à un livre sur les ours avant aujourd’hui dans cette ville? Elle jeta donc son dévolu sur un batiment qu’elle savait inoccupé et commença sa recherche. Dans le premier appartement elle se dégota d'abord un nouveau couteau, moins pratique que l'ancien mais de toutes façons mieux que pas de couteau du tout. Elle visita rapidement les différentes pièces, réservant ce qui fut une chambre d'enfant pour la fin. Elle évitait généralement les chambres d'enfants, il était plutôt rare qu'elles contiennent quoi que ce soit d’intéressant pour un survivant, cependant elle fouilla consciencieusement celle là à la recherche d'un livre sur les animaux voir, mieux, sur les ours. Hélas, l'enfant qui l'avait habitée semblait n'avoir eu cure des beautés de la faune ou de la flore. Elle passa donc un second appartement au crible. Puis un autre, et encore un autre. En tout elle passa pas loin de deux heures dans le bâtiment délabré mais elle n'y trouva ni nourriture, ni chaussures, ni documentation. Elle ne s'y attendait pas plus que ça en réalité, elle s'estimait même chanceuse d'avoir pu trouver un couteau oublié de tous dans la première cuisine. Et peut-être était-ce cette découverte fortuite qui l'avait incitée à continuer la fouille? En tout cas il n'était plus temps de flâner, si elle voulait avoir le temps de faire encore deux ou trois appartement ailleurs avant de devoir rentrer elle devait s'en aller au plus vite. Ce qu'elle fit, par l’escalier de secours menant dans une étroite ruelle plutôt que sur l'avenue. Au cas où, comme elle le faisait depuis des années.
Le dernier tronçon de l'escalier avait été arraché, ce qui l'obligea à sauter de prés de deux mètres au sol. Ce n'était pas vraiment un problème mais elle préféra se réceptionner par une roulade pour éviter de s'abimer les chevilles d'avantage. A peine s'était-elle relevée, que quelque chose bougea à la périphérie de son champ de vision. Elle se retourna, rapide comme quelqu'un qui survit depuis 8 ans dans une ville post apocalyptique, et se plaqua contre le mur, dans l'ombre, quand elle remarqua ce qui avait ainsi éveillé ces sens. Yogi. Enfin, l'ours. Il était passé sous une clôture défoncée et s’avançait maintenant dans l'étroite ruelle. Si seulement elle l'avait vu avant elle n'aurait pas sauté, mais là il était trop tard pour regretter ses décisions. N'ayant toujours aucune informations supplémentaire sur son nouvel ami elle décida qu'il était, en tout bon prédateur, attisé par les pire intentions à son égard et qu'elle avait tout intérêt à prendre ses jambes à son cou. Serait-il plus rapide qu'elle au sprint? Il fallait le tenter, c'était ça ou se laisser dévorer.
Casey sortit donc de l'ombre, ce qui provoqua chez l'ours une sorte de sursaut, suivit d'un râle rauque qui sonna comme une menace aux oreilles de l'humaine devant peser un cinquième de son poids et déjà lancée à pleine vitesse en direction de l'autre bout de la ruelle.
La jeune femme couru aussi vite qu'elle le pu, dérapa quand elle négocia son tournant au sortir de la ruelle et pilla net environs 5 mètres plus loin quand elle remarqua les nombreuses masses brunes qui s'étaient mises en mouvements.

Des ours. Partout des ours. Au moins quinze, peut-être le double. Elle allait se faire dévorer si elle ne bougeait pas.
Et probablement se faire prendre en chasse si elle décampait.
Le souffle court et la lame froide du couteau contre sa cuisse Casey réfléchissait plus vite qu'elle ne l'avait encore jamais fait. A sa gauche l'avenue, gigantesque, avec, de son autre coté une myriade de bâtiments dans lesquels elle pourrait se cacher. Mais entre eux et elle toute une famille de foutus ours se prélassait au soleil. Devant elle l'ancien théâtre, avec son immense porte défoncée. Elle pourrait y entrer mais les prédateurs aussi, ce qui était donc inutile. Derrière elle, la ruelle avec son premier ours qui en sortait déjà. Et à sa droite une rue, pleine de bâtiments aux portes et fenêtres condamnées. Et l'entrée du métro. Elle n'avait pas envie de pénétrer dans le métro, plus personne n'y était entré depuis des années. On prétendait qu'il s'y passait des choses terrifiantes. Certains prétendaient même que c'était là que se cachaient les rôdeurs durant la journée. De nombreuses personnes avaient déjà tenté d'y mettre le feux mais à sa connaissance il n'avait jamais prit efficacement.
Pourtant elle n'avait pas vraiment d'autre choix de fuite, soit elle affrontait une meute d'ours armée d'un seul couteau de cuisine, soit elle tentait sa chance dans le métro.
Et ce fut le métro qui l'emporta. Elle se précipita dans les escaliers, immédiatement suivie par une dizaine de mastodontes aux dents pointues. Par  chance l'entrée était entravée par plusieurs carcasses de voitures, elles les escalada et se glissa par l'ouverture laissée au sommet. Une ouverture trop petite pour laisser passer des animaux de 300kilos. Par mesure de précaution elle tira quand même la grille, vestige d'une époque où le métro était fermé une fois la nuit tombée, à son maximum puis elle s'éloigna au petit trot, sauta par dessus les guichets et s’éloigna dans le dédale de couloirs qu'elle avait jadis arpenté, comme tout citadin qui se respecte, en se plaignant de la foule. Aujourd'hui portant elle aurait été ravie d'y retrouver cette foule absorbée par ses problèmes, ses factures à payer et son boulot de merde. Mais au lieu de ça elle ne perçu que l'écho de ses propres pas dans les sombres galeries où persistait par elle ne savait quel miracle la lueur de quelques ampoules zélées.


Le thème de Sieu K pour hier (parce qu'en fait j'ai un jour de décalage dans mes articles) était 5 personnes à la piscine. Et ce coup ci les cinq y sont! Même s'il a un peu grave triché pour l'un d'eux...

Pool by Vittaya C

 

 

 

22 avril 2014

Grue et culotte ou l'histoire d'un défi à la con.

Comme vous commencez à le savoir, nous sommes deux grosses feignasses. Et si on ne trouve pas des astuces pour se motiver de temps à autre on reporte sans cesse à plus tard à peut prés tout.
Ce qui n'est pas vraiment génial pour évoluer.
Donc on a décidé de se forcer à réaliser des petits défis, peut-être pas tout les jours non plus hein, mais au moins plusieurs fois par semaine.

A chaque nouveau défi chacun de nous donne un thème à l'autre et nous avons 1h30/2h pour le réaliser.
Pour ce premier défi on a un peu dépassé, et il n'est pas complet, mais on espère s'améliorer avec le temps. (C'est un peu le but aussi...)

Alors, mon thème à moi était : Une histoire en m'inspirant des deux derniers dessins réalisés par Sieu K. C'est à dire une grue et une fille sans culotte. Il a hésité à ajouter une touche d'érotisme aussi mais comme je n'avais pas le droit d’intégrer un troisième personnage ça promettait de devenir vraiment particulier... Donc, dans un premier temps au moins, l'érotisme est écarté. Je vois votre air déçu mais rassurez vous, ça pourrait être ajouté dans l'avenir, on ne sait jamais.
Bon, comme vous allez le voir aussi, je me suis un peu laissée emporter, beaucoup de questions sont posées dans ce prolonge (et, je vous rassure, j'ai absolument toutes les réponses!) ce qui fait que plutôt que de changer de thème chaque jour comme prévu, je vais continuer cette histoire au moins durant une semaine avec simplement un élément obligatoire en plus par jour. Ce qui me permettra d'aller au bout de mon idée plutôt que de l'abandonner là alors qu'elle est tout juste entamée.


 

Un vent chargé de poussières et de pollen remuait la crasse sous les restes de l'immeuble jadis en construction. Des cendres voletaient dans l'air. Un feu couvait toujours quelque part depuis l'attentat. Cette fois il se trouvait à quelques rues de là, du coté de la grande roue probablement. Nombreux étaient ceux qui avaient déjà essayé de mettre le feu à la construction, de la faire tomber aussi. Mais elle était toujours debout. Véritable pied de nez de 100m de haut, se moquant des immeubles alentour, pillés, détruits ou tombés par la faute des hommes.

Émergeant d'une ruelle jonchée de détritus, un petit groupe de renards traversa l'avenue en quelques bonds. Museaux au vent, moustaches fébriles, ils auscultèrent rapidement un tas de métaux divers déposés là par quelque survivant ayant finalement décidés qu'ils ne lui étaient d'aucune utilité. L’amoncellement ne cachant nulle nourriture, ils s'en repartirent alors, aussi furtifs qu'a leur venue, ne prêtant même aucune espèce d'attention à la forme vaguement humaine étendue à quelques pas du monticule.

Pourtant la forme ne se contentait pas seulement d'être vaguement humaine, non, au contraire, elle commençait même à bouger.
Elle se retourna d'un coté, puis de l'autre. Allongée en position fœtale elle semblait avoir le sommeil agité, quand soudain elle se redressa dans un cri.
Les corbeaux fouillant un sac poubelle abandonné à quelques mètres de là, sous le squelette de l'immeuble, s’envolèrent , alarmés par le cri pourtant rapidement interrompu par des gémissements et des plaintes.

- Hng. Les fils de putes, ils m'ont bousillé le dos.

Le visage grimaçant, les cheveux noirs et sales ramenés en une queue basse d'où s'échappaient nombres de mèches, la peau sale, du sang séchés sur les joues et le nez et un bel œil au beurre noir, Casey avait déjà été plus à son avantage, même dans ce monde en ruine.

Elle se toucha la nuque, fit doucement pivoter sa tête en tout sens, se massa l'épaule gauche d'où émanait une douleur lancinante due aux coups qu'elle avait pris peu avant.
Finalement elle regarda ses orteils bouger. Ils étaient toujours tous là, c'était toujours ça de pris. Pourtant son front se plissa quand elle laissa remonter ses yeux sur ses mollets, puis sur ses cuisses. Nues. Ses jambes étaient nues. Elle ferma les yeux un bref instant, inspira puis souffla. Si elle avait été observée à cet instant elle aurait pu donner l’impression de se calmer. Tout son corps, à l’exception de ses ongles plantés dans ses cuisses au point d'y laisser des marques qui resteraient plusieurs heures, donnait l'impression de quelqu'un se relaxant pour éviter d'exploser.

- Les fils de batards! hurla t-elle en plantant ses mains dans le sol cendreux  pour se relever.

Les larmes au bord des yeux, mais de rage, pas de tristesse, elle se redressa, appuyant toujours sa main droite contre son épaule gauche qui la faisait de plus en plus souffrir à mesure qu'elle se réveillait complétement. Les hommes qu'elle avait rencontré plus tôt, avec qui elle avait eu une altercation pour le moins violente, ils l'avaient passée à tabac jusqu'à l'évanouissement. Après ils lui avaient volé son sac bien sur, remplit de ses trouvailles de la journée, un peu de nourriture, un vieux poste de radio et même un livre, trouvé par miracle au milieu d'un appartement dévasté. Mais aussi le matériel qu'elle avait toujours sur elle, un couteau, quelques outils, la clef du container où elle cachait généralement son butin, sa veste et jusqu'à son pantalon.

Elle n'avait pas l'impression qu'ils aient fait plus que cela, elle ne ressentait aucune douleur qui pourrait être imputée à un viol et ne se sentait pas particulièrement poisseuse.
La vie était devenu tellement étrange qu'on ne violait même plus les femmes après les avoir déshabillées. Le sexe, même dans ces conditions, était devenu une chose tellement heureuse que plus personne n'estimait y avoir droit.

Elle passa une main dans ses cheveux, libérant quelques mèches supplémentaires au passage, pour les repousser.
Elle aurait eu l'air bien petite pour un observateur extérieur à cet instant, fine silhouette voutée, seulement vêtue d'un débardeur trop court, au milieu de ces bâtiments en ruine, dans l'air sale et pollué de ce souvenir de ville.

Elle aurait pu craindre une agression, une seconde agression, car si ces voyous là, tout comme les citoyens de base, étaient trop obsédé par leur survie, et rien que par leur survie, pour penser à la toucher il en existe toujours qui se réjouissent de tout les malheurs, qui trouvent un moyen de faire le mal même quand on pense avoir enfin touché le fond. Mais à cette heure avancée de l’après midi elle savait qu'elle ne risquait rien de tel, s'il restait encore quelqu'un dehors il ne pouvait être que suicidaire. Hors, les survivants avec de tels penchants étaient tous morts depuis longtemps et elle le savait mieux que quiconque.

Néanmoins si elle ne devait plus craindre les résidents humains ça ne signifiait pas pour autant qu'elle ne risquait plus rien. Au vu de la couleur du ciel elle se donnait 30 minutes maximum avant de tomber nez à nez avec des rôdeurs, et là, Dieu seul savait ce qu'il adviendrait d'elle.
Personne n'avait jamais vu les rôdeurs, même si tout les monde les avait entendu grogner et se déplacer la nuit. Ou plutôt, tout ceux qui les avaient vu avaient disparu. Ils n'étaient pas juste morts, non, ils avaient vraiment disparu de la surface du monde physique. Aucun cadavre, aucun squelette n'avait été retrouvés. Soit les rôdeurs les avaient emmenés avec eux, soit ils les avaient gobés d'un coup, ne laissant d'eux qu'un souvenir vague dans les mémoires des gens qu'ils avaient fréquenté.

Sachant qu'il ne lui restait pas beaucoup de temps Casey évita d'en perdre d'avantage et se mis en route aussi vite qu'elle le pu, claudiquant et se tenant l'épaule d'une main.
Heureusement elle n'habitait pas très loin, si elle se pressait un peu elle devrait être rentrée à temps.
Elle traversa l'immeuble en construction aussi vite qu'elle le pu, mais grandement ralentie par les contusions qui meurtrissaient son corps. Elle connaissait le terrain mais il était accidenté, elle ne l'avait traversé qu'une fois en courant et elle gardait le long du bras gauche une cicatrice de 30 centimètres qui lui rappelait sa chute.
Leur chute.

Elle aurait pu déblayer l’accès après ce jour là, et même avant, mais elle aimait le fait que "sa maison" ne soit pas trop facilement accessible. Même si ça n’arrêterait pas les rôdeurs ça maintenait tout de même les diurnes loin de chez elle. Et elle préférait ça.

Dans son état elle perdit pas loin de 15 minutes à traverser l'immeuble et 10 de plus à contourner le lac qui s'était formé dans le chantier juste derrière, si bien que quand elle atteignit enfin l’échelle qui la mènerait à son repaire elle entendait déjà du bruits venir des rues alentour.
Elle inspira profondément et se mit à monter, tirant de toutes ses forces sur ses bras meurtris et poussant sur ses jambes endolories, se propulsant aussi vite qu'elle le pouvait jusqu'à son abris, à 72m du sol.
Elle sprinta tant sur la fin que ce fut d'une main tremblante qu'elle écarta la porte de la nacelle aménagée où elle habitait depuis bientôt 8 ans. Elle s'écroula sur le matelas qui occupait tout l'espace et referma la porte d'un coup de pied. Aussitôt le noir se fit, profond, complet, rassurant et angoissant à la fois.
Pendant de longues minutes elle n'écouta que sa respiration revenir à un rythme normal, puis elle se concentra sur les bruits qui lui parvenait de dehors. Par chance l'altitude couvrait la majorité des bruits et à part le vent elle entendait rarement quoi que ce soit.
Ainsi, de moins en moins attentive aux bruits de l’extérieur, elle se laissa bercer par le ballotement de la nacelle jusqu'à tomber endormie.

 


Je me permets de poster aussi les défis de Sieu K vu qu'il ne le fera pas de lui même.
Son thème à lui était : 5 personnes dans un supermarché (sans qu'ils n'aient besoin d'être liés par quoi que ce soit).
Ils en a fait trois (et demi). Je dis que c'est pas mal quand on sait qu'il lui faut généralement plusieurs jours pour en faire un seul.

At the supermarket by Vittaya C

 

 

 

 

13 avril 2014

Le comptoir de nul part. [Rêve]

Cette nuit j'ai fais un rêve assez spécial.
Bon, ça arrive fort souvent en fait.
C'est pour ça que j'aime dormir.
Mais ce coup ci j'avais envie de vous le raconter. Parce que ça fait longtemps. Je déterre donc la section "Ce n'était qu'un rêve".

Certains passages sont assez flous dans mon esprit donc j'ai choisis de les interpréter (mais vraiment juste un peu) pour garder une certaines continuité. Ce qui ne veut pas non plus dire qu'à la fin ça aura un sens très profond hein.


Et je décide aussi qu'il convient pour le thème 11 : LSD du P52.
Voilà.



De la musique. Forte. Très forte.
Je suis secoué. Un bras passe dans mon cou et j'entends quelqu'un hurler plus que murmurer quelques mots dans mon oreille.
J'ouvre les yeux. Une lumière artificielle m’éblouis. Je les referme.
Quelqu'un me secoue. On me parle, me charrie. J'ouvre encore les yeux et me force à trouver un point ou les ancrer.
Des cheveux bleus. Le bout rougeoyant d'une cigarette. La fumée. La fumée. La fumée.
Une main s'approche de mon visage et glisse la clope entre mes lèvres. J'aspire, plus par réflexe que par envie.
La musique a changé, les basses envahissent mon esprit. Je n'entends plus que ça, je sens mon corps se balancer d'avant en arrière et mes yeux se refermer. La cigarette m'échappe, récupérée illico par une autre main.

A ma gauche le garçon hurle encore des choses à mon oreille. Je tourne la tête vers lui, il doit être si jeune sous ses traits de défoncé. Un diamant dans son œil. Un bruit languissant. Je vacille.
Non. Nous vacillons tous, projetés vers l'avant. L'espace d'un instant je suffoque, les cheveux bleus me chatouille le nez, me rentrent dans les yeux. Ils sont sales et sentent les herbes.
J’étouffe! J'ouvre la bouche et ils s'y engouffrent par poignées. Mes mains sont comme attachées, j'ignore où elles sont. Je ne peux pas m'aider.
Soudain je suis projeté en arrière et malgré une douleur cuisante à la poitrine je respire de nouveau librement.
Je ferme les yeux. Encore. Je suis fatigué.
Au contact des lèvres gercées je les rouvre. Des yeux bleus me sondent, les mèches à peine plus foncées me chatouillent la joue. J'ouvre la bouche et la fumée empli une nouvelle fois mes poumons.
Je ferme les yeux et cette fois me laisse tomber sur l'épaule à ma gauche.
Tout est tellement sombre au dehors, seuls les phares du mini van lancé à toute allure dans cet espace désertique viennent narguer la lune quasi absente.

 

Le soleil était déjà haut quand l'homme au sombrero dépassa le mini van emboutit dans le grillage, là ou s’arrête la route. Il le contourna sans un regard, ni pour lui ni pour le sac en toile épaisse déposé négligemment à coté du véhicule.
Il ne le vit donc pas quand ce dernier ce mis à bouger. Légèrement d'abord, de plus en plus énergiquement par la suite.
Il ne vit pas non plus la silhouette qui en sortit à quatre pattes, qui vacilla et qui s'affala sous le soleil meurtrier.

 

Mouillé. C'est mouillé! Ah, c'est de l'eau. J'ai soif, encore!
Pourquoi ça s'arrête? J'ai soif! J'ai soif! Humpf!

Un coup de botte dans les cotes me réveille et c'est le visage dans la terre humide que j'ouvre les yeux. La musique s'est arrêtée, ainsi que le ballotement. Où suis-je? Difficilement je m'assieds et, en me retenant à mes genoux pour ne pas retomber, je regarde autour de moi.
Le désert. Partout rien d'autre que cette étendue dégueulasse et stérile de sable, de terre et de racines desséchées. Le van est recouvert d'une couche de saleté si épaisse qu'on en distingue même plus la couleur. Je me traine jusqu'à son flan et y frotte la main. Je dois insister un peu mais, bleu! Le van est bleu. Bleu... Autre chose était bleu. Quoi?
"Debout. Il nous reste du chemin."
L'homme qui a parlé jette un sac sur son épaule et me tend une main que j'attrape mollement. En un rien de temps  il m'a remit sur mes pieds et s'éloigne déjà, me laissant avec mon esprit vacillant et mes pensées désordonnées.
Il se retourne et m’appelle. Mécaniquement je me met en marche et tel un zombie, trainant des pieds, je le suis le long de ce grillage qui semble ne jamais vouloir s’arrêter.
Derrière nous le van et ses potentiels occupants se font de plus en plus petits. Qui aurait cru qu'un simple grillage arrêterait ainsi sa folle course de... la nuit passée?

Tout l'après midi nous marchons, souvent je m’arrête ou je tombe, à chaque fois l'homme crie sur moi ou fait demi tour et me donne à boire. Quelques goutes à peine. Sa gourde est presque vide et j'ignore si nous sommes encore loin de quoique ce soit. Lui, marche toujours avec la même volonté, son dos est comme un mirage inaccessible après lequel je cours en vain.

Quand enfin un bâtiment se dessine au loin je n'y crois d'abord pas. Comment un bâtiment si grand peut-il se trouver au milieu de nul part?
Mais plus qu'au milieu c'est sur les contours du nul part que nous nous sommes égarés.
Nous dépassons des pick-up garés n'importe comment, des chevaux attachés tout droit sortit d'un western spaghetti et attendant nonchalamment des cowboys venant de quelques dimensions parallèles. Quand enfin nous passons la porte nous nous retrouvons dans un hall chic et très impersonnel. De la moquette noire, des fauteuils en cuir, un grand escalier bordeaux et cette impression qu'il vaut mieux chuchoter si on tient à ne pas être mis à la porte sur le champ. Un instant je vacille, l'insolation m'ayant guetté toute la journée, mais l'air frais du bâtiment me secoue assez pour m’éviter l'évanouissement et une fontaine placée contre un mur me permet de me servir un verre d'eau que j'avale goulument avant de m'en servir un second, puis un troisième. L'eau coule des coins de ma bouche et trace des sillons plus clairs sur mon menton et mon cou recouverts de poussière. Je sens ma peau s'assouplir et mes organes reprendre vie à mesure que j'absorbe le liquide frais.

Quand enfin je pense à offrir un verre à l'homme qui m'a sauvé je me retourne un gobelet propre à la main et le cherche du regard dans l'immense hall d'entrée.
Est-il partit? Suis-je resté si longtemps à me désaltérer qu'il a préféré partir seul que m'attendre? N'était-il finalement qu'un mirage inventé par mon esprit désorienté?
Quoi qu'il en soit je ne le vois nul part, je n'ai plus que moi et si je veux passer la nuit dans cet endroit je vais devoir ruser.
Dans mes poches rien d'autre que de la poussière et je ne porte rien de valeur sur moi, je dois trouver un moyen de me faire héberger à l’œil.

Autour de moi plusieurs groupes de 4 à 6 personnes se sont formés, pour la plupart ils ne semblent même pas m'avoir remarqué. Je les observe, espérant trouver une faille, une solution. La nuit d'hier me semble vieille de plusieurs années. Mais d'ailleurs était-ce bien hier?
Soudain un visage me semble familier, puis un second, et un troisième même. Ce petit groupe prêt à franchir une porte au fond du hall je le connais! Je m'élance vers eux, ils vont pouvoir m'aider, au moins jusqu'à demain.
Je me retrouve enfin face à eux et veut les saluer, "Hey..." commence-je avant de me rendre compte que si moi je les connais la réciproque est plus qu'improbable. J'ai en face de moi un des groupes de rock les plus célèbres du moment et aucun d'eux n'a l'air particulièrement intéressé par ma personne.
Un gorille s'interpose entre eux et moi, les autres personnes ont disparu, si je ne tente rien je dormirais très certainement à la belle étoile cette nuit et je me ferais dévorer par le désert lui même. A moins que la soif ne me tue avant lui.
N'ayant donc rien à perdre je leur raconte mon histoire, rapidement, en quelques mots, ce que je sais me concernant en tout cas, donc finalement pas grand chose, ignorant jusqu'à mon nom et ce que je fais ici je ne sais finalement leur conter que les 12 dernières heures de ma vie. Et pas dans leur intégralité.
Ils n'ont pas l'air très intéressés, je les ennuie surement. Je ne peux pas vraiment les en blâmer. Je leur demande un pass pour la nuit, un accès aux coulisses pour voir le concert. Ils sont bien ici pour un concert? Ils tournent les talons, je m'affole, leur promets diverses choses. Ils vont s'en aller. Quand sur un coup de tête le bassiste  me propose un deal, je les impressionne et j'obtiens ce que je demande.
Je n'ai qu'à les impressionner.
Qu'à les impressionner.
Impressionner.

Merde! Comment je peux les impressionner à froid, dans cet endroit, sans rien sur moi?
Il ne me reste finalement qu'une seule chose à tenter...
La magie!
Je me frotte les mains un instant, j’espère que ça va fonctionner malgré la fatigue et la déshydratation, puis je les écarte devant moi, paumes vers le haut et je récite mentalement une incantation de niveau inférieur. Aussitôt quelques points lumineux se matérialisent au dessus de mes mains. Bien vite d'autres les rejoignent, quelques couleurs, du bleu, du rouge, elles se mélangent en un violet foncé et les étoiles viennent s'y incruster. Le tout se forme petit à petit, la vie nait entre mes doigts, des soleils, des planètes, quelques nébuleuses, une petite galaxie se forme au centre du cercle que nous formons désormais. Les membres du groupes semblent impressionnés, l'un d'eux tente d'intercepter une étoile filante mais elle lui brule la main en la percutant.
Je maintiens le micro univers quelques minutes encore puis le fait disparaitre d'un claquement de mains. L’exercice n'est pas très demandeur en énergie mais dans mon état je sens que je ne tiendrais pas beaucoup plus longtemps.

En tout cas ça a fonctionné, ils sont tout les cinq très enthousiasmés par ma démonstration et je gagne ainsi mon laisser passé pour le concert, l'after, toute la nourriture et la boisson que je peux vouloir.
La boisson.
L'alcool.
Le reste aussi.

 

Le volume est démentiel, je bouge avec la foule, le chanteur hurle les paroles et je ferme les yeux en me laissant bercer par la masse.
Le bruit, les vibrations, l'excitation. La sueur perle sur mon front, dans mon dos. La chaleur est intense.
Je suis dans la fosse, au balcon, au premier rang, au dernier, je danse au son des notes, me déhanchant, hurlant, me balançant. Je suis sur scène, dansant avec lui. Je suis dans la foule, hué et griffé par les groupies. Je bouge. Je change de place. Je me déplace plus vite que je ne le devrais. Je me souviens. Mais pas de tout. La sueur, les larmes, le sang. Tout est flou. Je rejette ma tête en arrière. Je hurle. Je me fais mordre, griffer. Le sang bat dans mes tempes. Mes mains sont poisseuses. Il chante et je crie. L'univers tourne au dessus de nos têtes. La mienne va exploser.

 

Soudain, le calme.
Est-ce-que je dors?
Non. J'ouvre les yeux. Tout est sombre. Une odeur de cigarette froide embaume la pièce. Mes yeux sont collés, je les frotte. Mes cheveux sont gras, mon corps emplis des excès de la veille. Je me lève du sofa que j'occupais et enjambe une fille à la jupe trop courte qui dort à même le sol. Je vacille, vidé de toute force, jusqu'à la fenêtre que j'ouvre en grand. La chaleur étouffante du désert me percute aussitôt de plein fouet et je referme la fenêtre aussi vite que mes membres empattés me le permettent.
De l'après concert je ne me souvient de rien et la vision d'apocalypse que j'ai en me retournant vers la pièce ne m'aide en rien. Des filles et des garçons étendus un peu partout, des bouteilles vides sur les tables, le sol et même sur l'unique armoire de la pièce. Des détritus partout, des meubles renversés. Je ne me souviens d'aucun d'eux, le groupe a disparu, ils ont du dormir dans de vrais lit, eux.
Envie de prendre une bonne douche, de me débarrasser de ces odeurs d'abus en tout genre. Je me frotte les yeux encore une fois et remarque que mes doigts sont tachés de rouge. Ça, la batterie qui résonne dans ma tête et mes muscles endoloris me font supposer que je n'ai pas abuser que de l’alcool la nuit dernière. Dans un soupir je me dirige en titubant vers la porte, je dois laver tout ça, je dois me reposer.
Dans le couloir encore des corps endormis, certains dans des positions compromettantes, d'autres simplement dans leur vomis. Je me traine jusqu'à une nouvelle fenêtre et regarde une fois encore dehors, toujours cette étendue vide et morne qui donne envie de se pendre. Je ferme les yeux en m'adossant au mur. J'ignore où se trouve la salle de bain. J'ignore même comment sortir d'ici. Alors que je me sens glisser contre le mur, prêt à me rendormir, je suis secoué par quelqu'un qui agrippe mon t-shirt au col. J'ouvre les yeux un tout petit peu plus réveillé et tente d'esquisser un mouvement pour repousser l’indésirable. Le mouvement n'ayant même pas atteint mon coude seule ma main griffe l'air d'un air mou et indécis.
Il me faut quelques secondes pour fixer mon regard sur l'individu qui se trouve face à moi mais finalement je reconnais l'homme qui m'a amené ici la veille. Que peut-il me vouloir? Un simple merci ne serait sans doute pas de trop mais dans mon état je ne sais même plus me servir de ma bouche et encore moins de mes cordes vocales, mises à rude épreuve la nuit dernière.

Mes yeux étant en train de se refermer il me secoue une nouvelle fois, plus fort et prend enfin la parole.
"On dégage. Maintenant."
Les informations trop vagues mettent plusieurs longues secondes avant d'être traitées et je ne réagis qu'alors qu'il me traine déjà dans les couloirs à grande vitesse.
"Attends. Pou-pourquoi on-on doit... par-tir?" Je trébuche et me retrouve à quatre pattes à moitié assommé par son poing qui, la seconde avant, me tenait encore par le t-shirt et que je viens de projeter contre mon nez. "Awh" râle-je en essuyant du dos de la main la morve teintée de sang qui s'écoule de mes narines. Ne s'attardant pas à me plaindre il me remet debout en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et me secoue une nouvelle fois. Ce coup ci je réagis en le repoussant aussi violemment que j'en suis capable.
J'ouvre la bouche, probablement pour l'insulter, mais il me coupe avant que j'ai pu prononcer un mot. Sa révélation me fait l'effet d'une gifle.
"Le batteur est mort. Toutes les preuves sont contre toi. Tu me suis maintenant sans faire d'histoires ou tu les laisses te lapider quand ils s'en rendront compte."
Je veux protester mais cette fois il me gifle pour de bon. Si fort que je vacille et dois me rattraper au mur à ma droite. "Tu n'as pas écouté ce que j'ai dis? Si tu veux vivre fais ce que je te dis!"
Bien sur que j'ai écouté mais je n'ai tué personne. Sauf que mes doigts sont bel et bien teintés de rouge. Et si c'était du sang? Et si ce n'était pas le mien? Ai-je pu le tuer sans m'en rendre compte?
L'homme, une fois encore, me sort de mes sombres pensées et m'entraine dehors, me trainant à sa suite comme un enfant en m'écrasant fermement le poignet de sa main puissante.

Voler deux chevaux et partir en galopant le long de la palissade qui s'étend toujours à l'infini est-ce bien raisonnable? Mais que pouvons nous faire d'autre? Que puis-je faire d'autre? Ma tête résonne de tout cela et je sens le peu d'équilibre que j'ai amassé me quitter, je m'affale alors à moitié sur l'encolure de ma monture, les doigts fermement emmêlés dans sa crinière, et la laisse suivre l'homme comme je le fit moi même le jour précédant.

Van bleu - Crédit : 33 Stewart Avenue
Crédit : 33 Stewart Avenue


 

Sean Finocchio
Sean Finocchio
Sean Finocchio

Vous devez vous dire que le titre de cet article n'a strictement rien à voir avec son contenu. C'est normal.
Il n'en a effectivement aucun.
C'est juste à cause d'une faute d'orthographe qui m'a fait rire quand je me suis relue.
En attendant, si je me retrouve un jour gérante d'un café ou d'un bar (ce qui est a peut prés aussi probable que jockey ou tailleuse de pierres tombales)  je pense que je l’appellerais comme ça. Ça a un petit coté Dernier bar avant la fin du monde. Sauf que c'est pas ça.

Aussi, je ne sais pas si c'est utile de le préciser mais je n'étais pas moi dans ce rêve, par contre j'ignore si j'étais un garçon ou une fille. J'ai écris au masculin parce que c'est ce qui me semblait le plus juste mais mon personnage était assez asexué en fait.

 

29 août 2013

Nous avons un projet... Et besoin de VOUS! (tous, oui oui!)

Ceux qui suivent la page du blog sur Facebook le savent déjà mais pour le autres, et pour ceux qui seraient passés à coté de l'info, je repasse l'annonce.

Dernièrement Sieu K et moi avons eu envie de nous faire un petit travail collaboratif (bon ça ça fait longtemps en fait) et il y a quelques semaines nous avons discuté de la possibilité de commercialiser des histoires écrites par moi, dessinées par lui et personnalisées par vous.
Bon c'est vrai on aurait pu commencer simplement, créer une histoire, la dessiner et la proposer à une maison d'édition, mais on voulait un truc un peu différent et c'est pourquoi nous avons pensé à des histoires personnalisées. Vous savez, le genre d'histoire où, à la commande, vous indiquez le prénom de votre enfant, d'un ou deux de ses copains et où éventuellement vous télécharger sa photo pour qu'elle soit collée par dessus les dessins tout au long de l'histoire.
Sauf que nous on a toujours trouvé ça fort moche (bon pas dans tout les cas heureusement, mais souvent faut bien avouer que l’intégration laisse franchement à désirer) et on s'est dit que ce serait plus sympa si c'était le dessin qui changeait en fonction de l'enfant pour s'adapter à sa coiffure, la couleur de ses yeux, etc.

Bon bien sur comme vous pouvez vous en douter (ou pas au vu de certaines réponses déjà reçues) le boulot sera colossal, déjà il faudra écrire, dessiner et mettre en page l'histoire de base mais aussi retravailler chaque dessin à chaque commande. Donc il est évident qu'on ne peut pas se lancer là dedans sans être à peu prés sur de notre coup. Et c'est pourquoi nous avons créé deux questionnaires (un pour les parents et un pour les enfants) histoire de connaitre au mieux les envies de notre potentielle future clientèle.

Donc si vous êtes parent, oncle, tante, grand mère, grand frère, prof ou même voisin d'un ou plusieurs enfants et que vous avec envie de nous aider à concrétiser notre projet vous pouvez répondre à ce questionnaire, ça ne devrait vous prendre que deux ou trois minutes.
En fait même si vous avez des enfants mais que le projet en lui même ne vous intéresse pas nous serions ravis d'avoir vos réponses aux premières questions ainsi que la raison pour laquelle ce projet ne vous intéresse pas.

Aussi, si vous avez des enfants sous la main vous pouvez leur demander de répondre à ce questionnaire ci qui a été créé spécialement pour eux.

Bien sur si notre projet voit le jour il y aura des concours et toutes sortes de jeux pour vous permettre de gagner un des premiers exemplaires donc c'est aussi dans votre intérêt de répondre et de partager au maximum ;)

Petit détail qui pourrait en intéresser certains, si notre projet de livre personnalisé pour enfants rencontre le succès qu'on espère il se pourrait que l'on décide d'en faire aussi un ou deux spécial adultes aussi, avec des histoires coquines par exemple (j'ai pas dis porno hein! Quoique s'il y a du public pour ça...)

g3038Alors d'avance merci!

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